[...] ... - "A présent, vous voulez la tuer ?
- Je ne vois pas d'autre solution ... Nous avons été heureux tous les trois ... Renée n'était peut-être pas une bonne ménagère ... Je ne veux rien dire de mal sur son compte ... Elle a passé son enfance dans une ferme où on ne se préoccupait guère d'ordre et de propreté ... Dans le marais, là-bas, on appelle ces fermes-là des cabanes et il arrive, l'hiver, que l'eau envahisse les pièces ...
- Je connais ...
- Vous y êtes allé ?
- Oui.
- Il m'arrivait souvent de faire le ménage après journée ... A cette époque-là, elle était folle de cinéma et, l'après-midi, elle confiait Isabelle à la concierge pour pouvoir y aller ..."
Il parlait sans amertume.
- "Je ne me plaignais pas. Je ne dois pas oublier qu'elle est la première femme à m'avoir regardé comme un homme normal ... Vous comprenez ça aussi, n'est-ce pas ?"
Il n'osait plus se tourner vers la salle-à-manger.
- "Et moi qui vous empêche de dîner ! Qu'est-ce que votre femme va penser ? ...
- Continuez ... Pendant combien d'années avez-vous été heureux ?
- Attendez ... Je n'ai jamais compté ... Je ne sais même pas au juste quand tout a commencé ... J'avais une bonne petite affaire ... Je dépensais ce que je gagnais à aménager la maison, à la repeindre, à la moderniser, à installer une jolie cuisine ... Si vous y venez ... Mais vous ne viendrez pas ! ... Ou alors, cela voudra dire ..."
Il étreignait à nouveau ses doigts couverts de poils roussâtres.
- "Vous ne devez pas connaître le métier ... A certaines saisons, on a beaucoup de travail et à d'autres presque pas ... Il est difficile de garder les mêmes ouvriers ... A part le vieux Jules, que nous appelons Pépère et qui travaillait déjà pour mon ancien patron, j'en ai changé presque tous les ans ...
- Jusqu'au jour ...
- Jusqu'au jour où ce Roger Prou est entré dans la maison ... (...) ... [...]