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Bibliographie de Georgette Bonnier   (1)Voir plus

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Le long du mur latéral de la maison jaune s’étire un passage, sans barrière solide. Au bout on distingue un escalier en bois qui débouche sur le mystère de « la brodeuse ». Un homme, enfin plutôt une sorte d’épouvantail, descendait et montait. Il ressemblait à un hareng saur, sec, sec, sec, et il faisait peur, peur, peur, peur, surtout aux filles qui s’arrangeaient pour ne pas avoir à passer devant lui lorsqu’il se faisait sécher au soleil, comme si c’était encore nécessaire. Était-il le père, l’un des pères des nombreux enfants de la brodeuse ? Les rumeurs allaient bon train. Un beau jour, il disparut. La brodeuse décida alors de montrer son talent et de broder publiquement. Elle installa sa chaise, sa broderie et ses cuisses écartées en lisière du chemin. Et elle brodait. « Mais quelle chance elle a celle-là, elle ne s’occupe pas de ses gosses, ils ne tombent même pas du balcon, et elle s’arrange toujours pour se pavaner », comméraient toutes les femmes du quartier, en ajoutant « elle se pavane surtout quand les bœufs et les chefs de l’usine sortent ».
La bande sent bien que les autres mères, les leurs, les vraies, les honnêtes, sérieuses et travailleuses, même celle qui fait la sieste tous les après-midi, prennent de plus en plus la broderie en grippe. Si tout le monde dans le quartier suppute où peut bien aller l’autre, la mère Machin de la maison sans enfant, surtout les après-midi quand le mari gomina-gominé est au boulot, tout le monde sait qu’elle, la brodeuse de la maison jaune, depuis qu’elle n’est plus surveillée par un hareng saur, a le chic pour attirer et faire monter les hommes, là-bas au bout du balcon sans barrière. La bande évite d’en faire un sujet de discussion, mais chacun, chacune, s’est demandé longtemps, secrètement, jusqu’au déménagement brutal de la femme à l’aiguille, si leur père, le leur, lui aussi sérieux et travailleur, aimait la broderie au point de monter de temps en temps vérifier in situ quelle différence il pouvait bien y avoir entre un point d’épine et un point de bourdon.
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Tiens, toi qui lis tout, lis ça.
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