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Citation de ChouettedeMinerve


Et les semaines passaient. Je menais une curieuse existence. Une écolière sans histoire, une enfant privilégiée. A part le froid, je n'avais guère pâti matériellement de l'Occupation. La fortune de ma grand-mère, le courage de ma mère qui partait tous les matins à l'aube faire le ravitaillement, le recours au marché noir, les colis reçus de la campagne m'avaient assuré le nécessaire alors que nombre d'enfants et d'adultes souffraient cruellement de la faim. A certains moments, la vie semblait continuer comme si de rien n'était. Mon cousin germain s'était marié à Saint-Augustin, en grande cérémonie, le cortège se déplaçant dans une quinzaine de fiacres. Il y avait douze demoiselles d'honneur en broderie anglaise... Six étaient des jeunes filles (ce que je n'étais pas) et six n'avaient pas dix ans. J'étais donc exclue. Comme les deux familles possédaient des fermes, elles avaient mis un point d'honneur à ce que le lunch fût digne de l'avant-guerre. Ce fut un effroyable pugilat dans des salons bourgeois du huitième arrondissement, chez la mariée dont le père était avocat ; les invitées s'arrachaient les sandwiches au jambon. Un couple âgé, tous les deux très respectables, au nom plus que respecté, s'était planté devant le buffet, faisant barrage de leurs corps, et en interdisant presque l'accès à qui n'était de leurs amis. Certaines demoiselles d'honneur eurent leurs robes endommagées dans la bousculade.

P39-40.
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