AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Géraldine Kosiak (6)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Contes de grenouilles

Aujourd'hui c'est mercredi et mercredi c'est… les histoires à Berni !

Les élèves sont entrés dans la classe, tel un troupeau d'éléphants dans un magasin de porcelaine.

Pirli, le perroquet perché sur les épaules de la petite Francine accompagnait cette entrée magistrale en sifflant l'air du Gendarme de St Tropez.

C'était l'occasion d'accueillir dans notre charmante école de province un nouvel élève venu de la capitale, - ben oui nul n'est parfait hein ! mais quel que soit l'endroit d'où il venait, il avait l'air quand même très gentil et pas prétentieux du tout. Alors on l'a accueilli à bras ouvert.

La maîtresse d'école, Sandrine, qui nous a invité à rejoindre ce nouvel élève pas du tout intimidé pour deux sous. « Les enfants, je vous invite à souhaiter la bienvenue à votre nouveau camarade qui nous rejoint aujourd'hui dans notre classe de CE2, il s'appelle Titimeccano.

- Bonjour Titimeccano ! ont crié d'une seule et même voix les enfants.

- Salut les poteaux, on n'arrête pas de parler de vous à Paname.

- Titimeccano, c'est ton vrai nom ? a demandé la petite Isa intriguée.

- Bien sûr, a répondu le petit Titimeccano imperturbable. Quelle drôle de question ?

- Parce que tu as un nom à savoir réparer notre jukebox lorsque qu'il tombe en panne, s'est écriée d'un air jovial la petite Domi.

Alors le petit Pat s'est approché de son nouvel ami et lui a offert une clé de douze. On a tous été émus par ce geste très généreux. J'ai même vu Sandrine la maîtresse d'école essuyer discrètement une larme.

Le petit Titimeccano a remercié son nouvel ami et a dit en effet qu'il s'y connaissait un peu en jukebox, puis il a demandé : « Il a quel problème, votre jukebox ? »

- Il dynamite, il disperse, il ventile, a répondu le petit Pat.

- C'est un problème avec l'hélice, a fait le petit Titimeccano.

- L'hélice ? Mais il n'a pas d'hélice notre jukebox, a rétorqué la petite Domi qui commençait à s'y connaître en mécanique quantique.

- Pas d'hélice ? Hélas ! C'est là qu'est l'os ! » a répondu le petit Titimeccano en triturant dans sa moustache. Décidément il ne faisait pas son âge.

Sur ces belles considérations, j'ai invité tous les élèves à venir autour de moi pour former un cercle. J'ai fait un immense geste balayant et décrivant l'espace, tous les élèves avaient le regard scotché sur ma main plutôt que sur le paysage que je décrivais, cela m'a fait penser à un proverbe chinois, hihi... J'ai dit « Imaginons un instant que tout ceci ne soit pas une banale classe de CE2 mais un grand marais et que vous ne soyez pas des élèves ordinaires mais des grenouilles fabuleuses ».

J'ai alors vu le visage de Sandrine la maîtresse d'école devenir livide. « Oh ! Mon Dieu, a-t-elle murmuré, non pas ça... » En effet elle a craint le pire, imaginant sa jolie classe transformée brusquement en marais saumâtre peuplé d'étranges batraciens sautant et coassant dans tous les sens.

Tout d'abord, les élèves n'ont pas bougé, ne brochant pas, se contentant de s'observer un peu en embuscade. Cela ne présageait rien de bon.

Ceci dit, seul le petit Pat s'est prêté au jeu, s'accroupissant devant la petite Chrystèle imperturbable, lui lançant des « coaaaa ! coaaaa ! » et faisant des gestes de plus en plus amples comme s'il cherchait à simuler l'image d'une grenouille se faisant plus grosse que l'âne, ou quelque chose comme ça. La petite Chrystèle ne se laissant pas départir a regardé le petit Pat de toute sa hauteur et lui a dit d'un ton légèrement grinçant : « Patounet, sincèrement tu es bien plus drôle et convaincant avec ta clé de douze et ton jukebox.

- La bave de la grenouille n'atteint point la blanche colombe », a alors murmuré le petit Pat déconfit et se dirigeant vers le jukebox avec son nouvel ami Titimeccano. La petite Domi courait derrière eux pour ne pas être en reste...

La petite Manue a demandé s'il existait des grenouilles zombies, on s'est forcément tous regardés, la question était loin d'être sotte, mais surtout on a bien senti qu'elle était importante pour la petite Manue, qui en faisait quasiment même un principe pour la suite. Je voyais son visage décomposé suspendu à ce que j'allais dire. J'ai regardé Sandrine, la maîtresse d'école qui m'a fait un clin d'oeil approbateur, elle est formidable pour cela, on s'entend tellement bien qu'on n'a même plus besoin de se parler, « eh bien oui Manue, ai-je répondu, forcément il y a des grenouilles zombies, pourquoi seraient-elles exclues de ce monde si merveilleux ? » À cette sage parole, j'ai vu le visage de la petite Manue se réjouir comme un soleil breton, l'histoire du mercredi pouvait enfin commencer.

J'ai montré à mon jeune auditoire la couverture du livre Contes de grenouilles en indiquant le thème : un recueil de contes de diverses cultures pour découvrir toutes les facettes de la grenouille. Bien sûr je savais que cela allait susciter des réactions. Cela n'a pas tardé.

« Coaaa ?! Toutes les facettes de la grenouille ? Rhooo ! a murmuré la petite Hélène avec des soleils facétieux dans des yeux qui transformaient cette classe de CE2 en véritable mare au diable...

Puis la petite Anna s'est approché de moi, en prenant à témoin le reste du groupe.

« Dis-nous, Berni-Chou, on t'a bien vu venir avec le titre de ton livre, mais ne compte pas sur nous pour tomber dans les différents pièges que tu ne cesses de nous tendre depuis le début de la matinée. On ne veut surtout pas redoubler une seconde fois !

- Oui, a renchéri la petite Nico, pas question que cette histoire parte en quenouille !

- Même que ! a rajouté la petite Sylvie se tenant les poings sur les hanches, on en a marre des carabistouilles !

- Ugh ! a fait la petite Manue,

- Loc », a conclu la petite Sonia.

Parfait ! Puisqu'ils étaient sur de bonnes intentions, j'ai commencé à introduire peu à peu le cheminement de mon récit. Les conditions étaient réunies pour écouter une belle histoire, mais je voulais que cela se fasse de manière interactive.

« Savez-vous que la grenouille est un personnage presque mythique qu'on retrouve dans beaucoup de contes et légendes du monde entier ?

Grand silence dans l'assistance. Zut ! Ça démarrait bien timidement. J'ai tenté autre chose...

« Connaissez-vous des histoires avec comme personnages des grenouilles ? »

Là j'ai senti un frémissement s'accomplir dans le paysage. Des visages se sont illuminés. Des mains se sont levées.

« Confessions d'un gang de grenouilles ! se sont écriées d'une seule et même voix la petite Dori et la petite Nico.

- À l'ombre des grenouilles en fleurs, a suggéré la petite Anna.

- Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les grenouilles sans jamais oser le demander ! a répliqué la petite Domi.

- Une grenouille sur un toit brûlant, a tenté la petite Isa.

- La Horde de la contre-grenouille ! a rajouté la petite Chrystèle.

- Des grenouilles et des hommes, a proposé la petite Anne-So.

- Moi je connais une fable De La Fontaine, s'est exclamé la petite Sonia fière d'elle, la grenouille ayant chanté tout l'été se trouva fort dépourvue...

- Oui moi aussi, a renchéri la petite Marie, une grenouille sur un arbre perché tenait en son bec un fromage... »

Voilà ! On s'est regardés Sandrine et moi d'un air dépité, faisant le constat du désastre qui nous laissait coi. Une chance que le ministre de l'Éducation Nationale avait en ce moment d'autres grenouilles à fouetter, côté niveau en maths des élèves en France, ça nous a un peu rassuré.

J'ai choisi au hasard une des multiples histoires parmi le recueil des vingt contes que propose Muriel Bloch.

« Tiens ! Choisissons celle-ci, ai-je fait. Savez-vous depuis combien de temps les grenouilles coassent ?

- Euh ! Depuis qu'on a redoublé ? a fait la petite Francine.

- Non, c'est depuis la nuit des temps ! ai-je répondu.

- Ben justement c'est à peu près ça, a répondu du tac au tac la petite Nico.

- Et savez-vous pourquoi un jour elles se sont mises à coasser subitement ?

- Ben, parce qu'on venait de redoubler », a dit la petite Marie-Caro en gloussant de satisfaction..

Tous les élèves se sont mis à rire.

Alors j'ai raconté cette première histoire qui était un conte coréen. Il y avait aussi ce conte du Honduras qui raconte comment la grenouille perdit ses fesses. Et aussi ce conte du Laos qui raconte comment les grenouilles réclamèrent un roi à leur dépend. Sans oublier ce conte de Pologne où une grenouille tombée dans un pot de crème invente le beurre en battant des pieds pour en sortir...

C'est alors que la petite Dori la bouche pleine d'un énorme carambar qu'elle avait peine à machouiller, était en train de déplier l'emballage où il y a toujours une devinette, justement il y en avait une concernant nos amis batraciens.

« Écoutez un peu les amis ! Pourquoi les grenouilles ont-elles toujours le derrière dans l'eau ?

- Pour garder la raie nette, hihi ! a répondu la petite Isa d'un air espiègle.

- Rhooo ! Tu la connaissais, c'est pas juste... » a fait la petite Dori d'une moue barbouillée de chocolat.

Les élèves ont adoré découvrir toutes les facettes de ces multiples grenouilles visitées à travers des contes du monde entier et qui finalement leur ressemblaient un peu : malicieuses, facétieuses, naïves, colériques, taquines, généreuses, résilientes... C'est quoi la différence entre une mare aux grenouilles et une classe de CE2 ? Dans une mare aux grenouilles, il n'y a pas de jukebox.

J'ai aimé aussi les dessins des récits. Dans un style très personnel proche parfois du pop'art, Géraldine Kosiak nous dessine et restitue ces grenouilles encore plus impertinentes et mutines.

Plus tard, la petite Gaëlle est sortie du rang, s'est dirigée vers moi tandis que je rangeais mes affaires. « Elle est chouette ton histoire, camarade. Je ne regarderai plus pareil les grenouilles de l'étang au fond du jardin de chez ma grand-mère. »

Alors j'ai écarté les roseaux, je me suis éloigné de la berge sur la pointe des pieds, un petit vent primesautier venait caresser l'onde ainsi que le feuillage des saules pleureurs. Je me suis retourné une dernière fois vers le marais d'où d'étranges et facétieux batraciens faisaient entendre quelques borborygmes seuls compris par eux-mêmes. Puis j'ai continué mon chemin jusqu'à la prochaine histoire...

Commenter  J’apprécie          49197
Au travail

Un beau livre dessiné qui parle d’écrivain « au travail » voilà un objet littéraire étonnant. Géraldine Kosiak, illustratrice lyonnaise, s’interroge : comment les écrivains qu’elle aime se mettent-ils au travail ? Formidable manière de lutter contre la page blanche.



Comment les écrivains se mettent-ils au travail ? Géraldine Kosiak tente de répondre à cette question, évoquant leurs dossiers préparatoires et leurs brouillons ; et puis leurs voyages, leurs rêves.



Les écrivains qu’elle a choisis l’accompagnent depuis longtemps. Elle en tire des portraits brefs et éclatants qui finissent par la représenter elle, lectrice devenue narratrice. Et comme en contrepoints, ses dessins restituent avec une ironie affectueuse l’aura de l’écrivain, aussi fragile que sacrée.



Le livre est passionnant car l’auteur a très bon goût en matière de littérature. Nous croisons Zola qui en bon témoin de son temps s’appuie sur une solide documentation, Lévi-Strauss qui en bon anthropologue met en fiche tout ce qu’il croise, Sagan romancière qui aimait la vitesse mais qui écrivait couchée sur son canapé et aussi Kerouac, Proust, Frédéric Dard découvert au détour du passage de l’Argue à Lyon, Victor Hugo face à la perte de Léopoldine, Maupassant s’appuyant sur l’épaule de Flaubert, Cornac McCarthy et sa machine à écrire Olivetti bleue pale modèle 59. Bref tout ce qui rempli la bibliothèque d’une femme de talent. Une énumération à la Pérec qui donne envie de relire tout Simenon.



Dans ce joli recueil intimiste, Géraldine Kosiak illustratrice reconnu chez Seuil jeunesse, en racontant les auteurs qu’elle aime se raconte avec pudeur. Autofiction délicate et dessinée, on referme l’ouvrage avec le sentiment d’avoir passé un beau moment avec une belle personne.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          180
Chez nous

Un récit assez particulier écrit sous forme de petits paragraphes voir de petites phrases avec au commencement, toujours ces deux mots : "Chez nous". L'auteur nous parle du quotidien des habitants d'un endroit en particulier et en même de tous les endroits possibles. Un style très original qui n'est pas pour me déplaire.
Commenter  J’apprécie          20
Chez nous

"Chez nous", phrase rituelle qu'on entend quand on évoque sa famille, son chez soi . "Chez nous", leitmotiv qui scande les 87pages de cet opuscule, illustré par l'auteure, dessins dont les inspirations sont citées en fin d'ouvrage.

Souvent très courts, ces paragraphes commençant rituellement par la même formule, évoquent par petites touches ,une famille où l'on était "nés dans un monde voué à disparaître." Un monde où l'on se réjouit de l'arrivée d'un Cora, où les pensionnaires d'un hôpital psychiatrique vont faire des courses, en reviennent le sourire aux lèvres, ce qui vaut à l’expérience, le nom de "Corathérapie". Un monde encore rural mais qui se verra bientôt grignoté par les zones commerciales uniformisées, "Chez nous, les gens étaient façonnés par les paysages de leur enfance."

C'est aussi l'histoire d'une famille modeste , dont on disait que c'était "une famille de braconniers"," où" le mot solidarité avait du sens " mais où on pouvait aussi se réjouir que le malheur frappe à côté. Portraits contrastés, sans idéalisation, qui parleront à chacun de nous sans pour autant exhaler de nostalgie. C'est toute une époque qui se donne à voir d'une manière impressionniste et très touchante.
Commenter  J’apprécie          20
Catalogue 0,25

Très beau livre.

les dessins y sont d'une splendide simplicité et les notes de l'auteure en bas de pages nous offrent un regard sur une artiste entière, son œuvre, son quotidien et ses sentiments.

Je vous le conseille amplement bien qu'il soit relativement inconnu.
Commenter  J’apprécie          10
Au travail

Ce livre m’a été conseillé par quelqu’un qui avait beaucoup aimé. Avec cet avis, le résumé qu’elle m’en avait fait et celui de la quatrième de couverture, j’avais l’impression qu’il allait me plaire. Finalement, je suis plutôt partagée.



On me l’avait présenté comme un recueil d’anecdotes sur plusieurs écrivains de tous pays et toutes époques confondus. Sur leur manière d’écrire, les lieux qu’ils fréquentaient, les évènements qui les inspiraient, leurs rêves, leur vie quotidienne, etc.

Oui, il y en a. Le livre est constitué de courts chapitres d’une page, deux maximum. A chaque fois, on parle d’un auteur différent. Mais surtout, à chaque fois, on parle d’une écrivaine : Géraldine Kosiak. Arrivée à la fin de l’ouvrage (où il y a beaucoup de « je »), j’ai l’impression d’en savoir plus sur elle que sur les autres. Après, pourquoi pas ? C’est l’idée du livre, je suppose : se dessiner à travers les portraits de différents auteurs. Mais ce n’est pas ce à quoi je m’attendais et j’ai été déçue.

Ce sentiment de déception s’est atténué vers la fin. Et ce n’est pas seulement parce que j’en voyais le bout. Non, j’ai eu l’impression que les petites histoires sur les écrivains prenaient le pas sur sa vie et son travail à elle. J’ai beaucoup aimé les chapitres sur Proust (et la Datura – classée dans les hallucinogènes délirants – présente dans les fumées qui envahissaient sa chambre), sur Pessoa (et la malle en bois contenant 25 426 documents écrits de sa main retrouvée à sa mort), sur Nabokov (et la naissance de Lolita, inspirée par un gorille dessinant les barreaux de sa cage), etc.



Chaque chapitre est accompagné d’un dessin également de la main de Géraldine Kosiak. Certains sont amusants, d’autres intéressants, mais le style ne me plaît guère. De plus certains me sont restés totalement incompréhensibles. Incompréhensible n’est sans doute pas le bon mot, un dessin n’a pas forcément à l’être ; je devrais plutôt dire que j’y suis restée imperméable. Ces dessins-là ne me parlaient ni ne m’évoquaient quoi que ce soit.



En conclusion, je dirai que c’est là un livre guère mémorable à mon goût. Heureusement que certains chapitres de la seconde moitié raniment un vague souffle d’intérêt.
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Géraldine Kosiak (22)Voir plus

Quiz Voir plus

Gérard Depardieu dans les adaptations au cinéma.

En 1971, il joue dans "Un peu de soleil dans l'eau froide" de Jacques Deray. Qui a écrit le livre ?

Marguerite Duras
Françoise Sagan
André Gide
François Mauriac

12 questions
580 lecteurs ont répondu
Thèmes : adapté au cinéma , cinema , adaptation , Cinéma et littérature , films , littérature , Acteurs de cinéma , acteurCréer un quiz sur cet auteur

{* *}