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Critiques de Gérard Bardy (8)
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Les moines-soldats du Général

Amateur de biographies, de saints et de héros, j'ai été conquis par l'ouvrage que Gérard BARDY a consacré aux quinze religieux (séculiers ou réguliers) qui furent décorés de l'Ordre de la Libération par le Général de Gaulle.



Débutant par l'Amiral d'Argenlieu et finissant par Monseigneur Saliège, évêque de Toulouse, les chapitres décrivent, en suivant l'ordre alphabétique, le sacrifice de ces catholiques (Pierre Finet dont un frère fut l'aumônier de Marthe Robin) et protestants (pasteur Stahl) qui rejoignirent les forces de la France Libre et souvent y laissèrent leur peau.



Célèbres comme l'abbé de Naurois qui débarqua avec les bérets verts le 6 juin ou inconnus, ces hommes se sont sacrifiés pour la France en incarnant le message évangélique.



Il était temps qu'un livre conserve leur mémoire et Gérard Bardy a eu le privilège de rencontrer les derniers témoins de cette époque.
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La Légionnaire

À en juger par les titres dans ma bibliothèque, je dois avoir un faible pour les héroïnes de guerre. Peut-être parce je n'en ai jamais rencontré personnellement, car né un tout petit peu trop tard. Susan Travers en est une, que j'ai découverte grâce à mon amie, oran/Michèle de Babelio. Peut-être parce que je me pose, lisant des ouvrages de guerre, la même question qu'une autre amie sur ce site, Melpomene125 ou l'auteure Laure Barachin : qu'est-ce que j'aurais fait moi-même à la place ? Une question à laquelle personne ne peut répondre avec certitude. Ce qui est par contre certain, c'est que peu de personnes ont eu le courage de Susan Travers, la seule femme à devenir membre et officier de la Légion étrangère.



Née en 1909, dans une famille dont la devise était "Ni téméraire ni timide" (Nec Temere nec Timide), un père amiral de la flotte britannique et elle- même un garçon manqué. Des signes avant-coureurs d'une destinée peu commune ? Peut-être ! Mais nous sommes encore très loin de la Bataille de Bir Hakeim, dans le désert libyen, du printemps 1942, où notre Susan comme unique femme, combattait sous les ordres du général Koenig, les troupes du "Renard du Désert", le maréchal allemand Erwin Rommel.



Elle avait 12 ans lorsque ses parents déménagèrent à Cannes. Cinq ans plus tard, son père l'envoya dans une 'finishing school' à Florence. Mais la vraie vie commença en 1939, lorsque le courageux Staline envahit la petite Finlande, qu'elle prenait des cours d'infirmières à Poitiers et se porta, en France, volontaire pour prêter secours aux Finlandais réfugiés. Son voyage à Stockholm et Narvik en Norvège signifiait une cassure nette avec sa vie d'avant, faite de loisirs, sorties, tennis (sport dans lequel elle excellait comme semi-professionnelle à côté d'une autre Suzanne...Lenglen), déplacements d'agrément et amourettes sans lendemain. de passage à Londres, elle joint la France Libre du général De Gaulle. En septembre 1940, elle se trouve à bord du même navire que le général, cap sur Dakar, d'où il veut rallier à la France Libre les colonies françaises restées sous contrôle de Vichy. Ensuite, ce sont les grandes pérégrinations : le Cameroun, Brazzaville (devenue capitale de la France Libre), l'Érythrée, le Sinaï, la Palestine, Damas, Beyrouth etc. Entretemps, Susan est devenue le chauffeur du médecin-chef de la Légion étrangère, est tombée follement amoureuse du prince géorgien Dimitri Amilakvari, le beau mais volage capitaine à la Légion, a été blessée lors d'une attaque aérienne et s'est retrouvée à l'hôpital pour une rechute de dysenterie et une hépatite.



En 1941, Susan Travers a décidé de continuer la guerre avec la Légion, qu'elle considère comme sa vraie famille et c'est Amilakvari qui la baptise de son surnom de la Légion : "La Miss". Son coeur est irréversiblement gagné pour la Légion, lorsqu''en plus, elle devient le chauffeur du nouveau chef d'état-major, le colonel Pierre Koenig qui s'éprend d'elle. Et c'est réciproque. Ou comme l'a cité Gérard Bardy : "J'avais rarement été aussi heureuse" et "Où vous irez, j'irai..." Koenig sera le dernier à rejoindre le quartet des maréchaux de France d'après-guerre (sous Mitterrand, à titre posthume en 1984, et après de Lattre de Tassigny, Juin et Leclerc de Hauteclocque).



Pour protéger le canal de Suez, les Britanniques veulent couper la route à Rommel et sont, face à la supériorité des Allemands en nombre et matériels, en position délicate et ce sera la contribution de la Légion et les plans du stratège Koenig qui feront la différence. Place du rendez-vous : un des endroits les plus inhospitaliers du monde, Bir Hakeim (ou puits du sage), situé dans la province orientale de la Libye, la Cyrénaïque. Pour notre Susan a sonné l'heure de la vérité : combien de temps pourra-t-elle tenir dans ce coin sinistre, sans goutte d'eau, seule femme au milieu de ces milliers de légionnaires, se demande l'auteur ? Je ne vais pas répondre à cette interrogation. À vous, lecteurs, de découvrir ces belles pages.



Susan Travers appartient à cette minorité de personnes, qui en dépit des rudes épreuves, a réussi à atteindre le grand âge de 94 ans, ou est-ce justement grâce à ces épreuves ? Elle est morte en décembre 2003, 33 ans après son maréchal préféré. Après la guerre, elle est devenue adjudant-chef dans la Légion et a épousé l'adjudant-chef Nicolas Schlegelmilch. Elle a dû avoir une grosse armoire pour ranger toutes ses médailles et distinctions.



C'est un autre légionnaire et ancien Premier ministre, Pierre Messmer, qui a mis l'auteur sur la piste de Susan Travers. Pour cela il s'est basé sur son autobiographie "Tant que dure le jour" de 2000. Comme son héroïne, Gérard Bardy s'est merveilleusement acquitté de sa mission en écrivant un ouvrage clair et agréable à lire. Je laisse, toutefois, le dernier mot à Pierre Messmer, qui en incitant l'auteur à publier ce livre, ajouta l'oeil malicieux en se remémorant 'La Miss' : "Une femme qui en avait !"





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La Légionnaire

Sous forme romancée, Gérard Bardy, journaliste et écrivain, spécialiste de la période de la France Libre, retrace la vie étonnante d'un personnage méconnu de la Seconde Guerre mondiale : Susan Travers, et, à travers elle, l'histoire de la Légion étrangère. Car Susan Travers reste à ce jour la seule femme à avoir été admise au sein de ce corps d'armée.



Pourtant rien ne prédestinait cette jeune aristocrate anglaise plutôt frivole à se lancer dans la carrière militaire. Née en 1909 à Londres dans une famille de la petite aristocratie anglaise, Susan grandit au sein d'une famille qui ne s'occupe guère d'elle, d'où naîtront un sentiment d'abandon et un manque d'affection qu'elle essaiera de combler tout au long de sa vie. Son père, officier de la marine britannique, est un homme taciturne et rigide ; sa mère est d'un tempérament mélancolique ; quant à son frère aîné, Laurence, il l'ignore totalement. Heureusement, elle peut compter sur sa charmante grand-mère Hilda pour l'égayer !

Après un passage en pension ne lui laissera qu'un mauvais souvenir, elle part s'installer à Cannes avec ses parents, où elle s'entraîne pour devenir joueuse de tennis. Elle parvient à convaincre son père de lui payer des leçons de conduite – à cette époque, seuls les hommes conduisent –, ce qui aura une incidence dans sa vie future… Durant les années 1930, elle parcourt l'Europe pour participer à des compétitions de tennis et mène une vie trépidante, multipliant les liaisons amoureuses sans lendemain, participant à des fêtes à n'en plus finir…

Sa vie bascule au cours de l'automne 1939, alors qu'elle se trouve dans le château d'une amie américaine près de Chatellerault : la Grande-Bretagne et la France viennent de déclarer la guerre à l'Allemagne. Après avoir reçu une formation d'infirmière, elle rêve de devenir chauffeur d'ambulance, mais la Croix-Rouge française l'envoie sur le front en Finlande comme infirmière en 1940. Certes, elle est d'une grande utilité auprès des soldats blessés, mais sa vocation n'est pas là, elle désire toujours devenir chauffeur d'ambulance !

De retour à Londres – la Croix-Rouge française n'a plus de mission à lui confier l'armistice ayant été signé –, Susan s'engage dans les Forces Françaises Libres auprès du général de Gaulle. Rapidement, elle rejoint l'Afrique sur le SS Westernland avec la Légion étrangère placée sous les ordres du général, en tant qu'infirmière. C'est là qu'elle y fait la connaissance d'un jeune lieutenant de vaisseau, Tony, avec lequel elle entretient une courte liaison amoureuse. Destination : Dakar, d'où de Gaulle veut rallier à la France livre les colonies françaises d'Afrique de l'Ouest encore fidèles au gouvernement de Vichy.

À partir de ce moment, les missions et les théâtres d'opération vont s'enchaîner pour Susan : Dakar, Brazzaville, Port-Soudan, Érythrée, Suez, Gaza, Syrie, Palestine, Liban, Libye… Chacun de ces lieux sont le symbole d'événements marquants pour Susan : c'est sur le Neuralia en partance pour Port-Soudan qu'elle tombe follement amoureuse du légionnaire Dimitri Amilakvari ; ce sera le premier vrai amour de sa vie. Ce prince géorgien est marié et père de famille, mais peu importe en ces temps de guerre, ils deviennent amants. Et c'est enfin en tant que conductrice – du commandant André Lotte, médecin de l'armée, en l'occurrence – qu'elle gagne l'Érythrée. Elle ne lâchera plus le volant : Susan devient la conductrice du général Koenig, son deuxième grand amour, lui aussi est marié. Elle le suit partout, en Syrie, à Beyrouth, en Palestine, en Libye jusqu'à Bir Hakeim, où elle s'illustre en sauvant la vie du général Koenig : alors que le site est assiégé par les troupes de Rommel, le général Koenig décide de franchir les lignes ennemies dans sa voiture conduite par Susan. Koenig à l'arrière, la guidant en lui donnant des coups de pied sur les épaules, Dimitri Amilakvari, à côté d'elle pour la guider à la boussole, elle avance à toute vitesse, évitant les balles, les mines et les obus… Ils s'en sortent sains et saufs ! Mais la joie est de courte durée : Dimitri Amilakvari meurt au combat quelques semaines plus tard à la bataille d'El Alamein. Et lorsque le général Koenig apprend qu'une radio italienne a révélé leur liaison – madame Koenig rejoint d'ailleurs immédiatement son mari en Égypte –, il met tout en œuvre pour éloigner Susan de lui : appelé par le général de Gaulle en Tunisie, il prétexte que les Britanniques lui demandent de ne plus avoir de femme comme conducteur ! Susan est effondrée et pense même à se suicider. Mais elle reprend le dessus, malgré la fatigue et la solitude ressentie : après la campagne de Tunisie, elle enchaîne avec la campagne d'Italie, puis rejoint la France et remonte jusque dans les Vosges, participant à la libération du pays. Toujours active, partout à la fois, elle ramasse les blessés sur le front ou aide les équipes médicales débordées sans jamais rechigner à la tâche.

Revenir à la vie civile ? Impossible pour Susan : après avoir obtenu son inscription dans les registres de la Légion étrangère en tant qu'adjudant-chef – ce qui ne fut pas une mince affaire –, Susan repart en mission en Tunisie où elle fait la connaissance d'un jeune légionnaire, l'adjudant Nicholas Schlegelmilch, avec lequel elle se marie quelques années plus tard en Indochine, où ils sont appelés pour y restaurer l'ordre. Peu après, elle décide de quitter la Légion étrangère pour se consacrer à sa famille, elle qui a maintenant deux fils, d'abord à Saigon puis au Maroc et enfin en région parisienne.

Malgré ses nombreuses distinctions – croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil et palme, médaille commémorative de la guerre 1939-1945 avec agrafes "Afrique", "Italie" et "Libération", médaille coloniale avec agrafes "Érythrée", "Libye", "Bir Hakeim", "Tunisie" et "Extrême-Orient", croix de la Liberté finlandaise, croix d'honneur du Mérite syrien, médaille d'officier du Nicham Iftikhar tunisien, médaille militaire, chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur –, Susan est toujours restée modeste, discrète, en retrait. Ce n'est qu'à la mort des principaux protagonistes de son histoire qu'elle s'autorisa à écrire son autobiographie. Susan est décédée en 2003 à l'âge de 93 ans.



À la lecture de ce récit, on ne peut que s'interroger sur le passionnant destin de Susan Travers, qui semble n'avoir duré que quelques années tant la période de guerre, si forte et si riche, l'emporte sur sa jeunesse frivole et sa période de mère au foyer. Un parcours étonnant que celui de cette jeune fille frivole et insouciante qui se retrouve du jour au lendemain sur les champs de bataille puis tout à coup retombe dans l'anonymat le plus complet… et qui l'accepte. Pourtant le choc a dû être brutal, comme le jour où le général Koenig l'a abandonnée. Peut-être avait-elle acquis ce qui était le plus précieux pour elle, ce à quoi elle aspirait depuis toute petite : avec son mari elle avait enfin trouvé l'amour et la stabilité. À l'aune de son histoire, l'on comprend mieux le nombre de ses conquêtes amoureuses, c'était peut-être une manière de pallier sa peur d'être abandonnée, son besoin d'être protégée et aimée. Certains pourraient être tentés de lui reprocher son côté libertin en temps de guerre – ce fut mon premier réflexe, je l'avoue –, mais ce besoin de séduire était peut-être un moyen de se dire que la vie ne s'était pas arrêtée, c'était une manière de lutter contre l'horreur et de se sentir tout simplement humain alors que rien ne conduisait à le penser. On pourrait continuer longtemps à chercher des explications, mais il suffit juste de reconnaître que Susan Travers est un personnage complexe, comme nous le sommes tous !



Mieux qu'un livre d'histoire, cette biographie romancée nous faire entrer de plain-pied sur les théâtres d'opération en Afrique et au Proche-Orient, et nous restitue avec réalisme la dure réalité de la guerre et de la vie des armées françaises.



Merci aux Éditions Pygmalion.
Lien : http://romans-historiques.bl..
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La Légionnaire

Ce récit entend faire revivre cette femme d'exception à partir de documents historiques.

Cependant, malgré les nombreuses décorations militaires reçues, Susan, restera dans l'ombre pour ne pas gêner la carrière et le renom de Koening (marié) .

A la disparition de Susan, tout ce qui touchait de près ou de loin à son parcours a été expurgé des archives officielles afin que rien ne puisse entacher le prestige et la réputation de Koening, élevé à la dignité de maréchal de France.

Seule la Légion étrangère a conservé dans ses archives le dossier de Susan, mais sans qu'un seul document puisse établir un quelconque lien personnel entre Pierre et Susan, son chauffeur.

Plus tard Susan épousera un autre légionnaire Nicholas et aura deux fils.

C'est Pierre Messmer qui a donné à Bardy l'idée de ce roman biographique confortée par le discours de réception à l'Académie française prononcé le 18 mars 2010 par Madame Simone Veil après son élection au fauteuil laissé vacant par le décès de Pierre Messmer, ancien premier ministre, figure légendaire de la Légion et ami de Susan. C' est lui qui était intervenu en 1996 auprès de Jacques Chirac pour qu'elle soit élevée au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur.

Elle fut aussi décorée de la Croix de guerre 39/45, avec étoile de vermeil et palme , de la Médaille commémorative 39/45 avec agrafes « Afrique », « Italie », « Libération », de la médaille coloniale avec agrafes « Erythrée », « Libye », « Bir Hakeim », « Tunisie », du mérite syrien, de la Croix de libération finlandaise, elle est aussi Officier de l'ordre du Nichan al Iftikahr (ordre de la fierté -Tunisie-) . Beau palmarès !

« Il arrive que des institutions soient crées et vivent longtemps composées exclusivement d'hommes.

Un jour, une femme survient et le visage de cette institution s'en trouve subitement modifié.

C'est ce qui est arrivé à la Légion avec Susan Travers » , phrase du discours de Mme Veil reprise en incipit dans cet ouvrage.

Le récit s'appuie et respecte L Histoire ( l'auteur a puisé dans une large bibliographie, notamment dans les souvenirs de Susan « Tomorrow to be brave » ) . Une carte géographique aurait pu permettre de mieux situer les différentes batailles et le périple guerrier de Susan . Quelques photographies donnent du relief au récit. Intéressant et instructif, avec, cependant, quelques passages « midinette » un peu « intruses » dans le contexte.

De bons moments de lecture



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Charles le Catholique : De Gaulle et l'Eglise

C’est aux Editions Plon, celles des Mémoires du Général de Gaulle, que sort ce « Charles le Catholique, De Gaulle et l’Eglise » de Gérard Bardy, ancien directeur du Pèlerin. On hésite un peu à l’acheter, car chacun sait quels catholiques fervents ont été le Général et Madame de Gaulle. Alors, que peut-on apprendre de neuf ?



Beaucoup plus qu’on ne l’imaginait ; De Gaulle, fils exemplaire de l’Eglise, a sans doute trouvé dans son permanent dialogue avec Dieu un soutien essentiel, notamment quand tout allait mal, après l’échec de Dakar (1940), celui du retour au régime des Partis et de sa démission (1946), ou pendant le terrible règlement de la question algérienne (1958-1962), sans oublier le drame personnel qu’a été le handicap de sa fille.



Dieu a peut être aidé De Gaulle mais l’auteur nous montre combien sa relation avec l’Eglise de France (et le Vatican) a toujours été tendue.



Pas un évêque à Londres et dans la Résistance, bien sûr, et à peine quelques prêtres , tandis que Nosseigneurs les évêques de la France occupée et vichyste tonnent en chaire contre « la dissidence », certains allant même jusqu’à prescrire en 1943 aux jeunes catholiques d’accepter le Service du travail obligatoire (STO).



A la Libération, le Général, soucieux de réconciliation nationale, ne demande pas grand chose en matière d’épuration des évêques collaborationnistes , mais le Pape Pie XII, dont on connaît l’attitude controversée, se montre inflexible dans sa relation avec la France libérée. Il faudra toute l’habileté bonhomme du Nonce Roncalli, futur Jean XXIII, et la hauteur d’esprit de Jacques Maritain, ambassadeur au Saint Siège, pour renouer de bonnes relations.



Dans les années 50, l’Eglise de France, avec le MRP , joue contre De Gaulle et son RPF, qui s’inspire pourtant de la Doctrine sociale de l’Eglise. Dans les années 60, quand le Général est revenu aux affaires, l’Eglise, dans un de ces virages dont elle a le secret, est passée du pétainisme au socialisme, et fustige le Pouvoir gaulliste à longueur de lettres pastorales.



En bon fidèle, il ne se lassera pas de ces attitudes, et c’est sur un thème issu du christianisme social, la participation des salariés, qu’il ira à l’échec en 1969, parce que les Français sont libéraux ou socialistes, ce qui ne laisse pas de place à une troisième voie.



On notera, à propos du drame algérien, le pessimisme profond du Général sur la capacité de la société française à intégrer les populations musulmanes (qui fondait, à l’époque, son refus de « l’Algérie française », et prend aujourd’hui un sens inquiétant).

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Les femmes du Général

Je trouve que ce livre complète bien la lecture du précédent car il permet de découvrir le principal dirigeant qui a vu grandir ma génération et celle de Jean-Pierre Le Goff. On sent la très grande admiration de Gérad Badry pour « le » Général. Derrière l’homme de la résistance, celui qui a sorti la France des erreurs de la quatrième République et qui a permis la décolonisation, il y a donc un homme chrétien et respectueux des femmes. Il n’a rien d’un féministe et pourtant … il voulait depuis longtemps donner le droit de vote aux femmes, il a permis la contraception et a voulu que les femmes puissent travailler et élever leurs enfants. Sa vision de la femme est marquée par le rôle de mère qui lui semble sacré. C’est à ce titre, qu’il a systématiquement exercé son droit de grâce pour les femmes à la libération. Mais plus que ses idées politiques, ce qui m’a intéressée c’est son entière probité, son respect des femmes et ce qui m’a le plus touchée sa grande affection pour sa petite Anne enfant trisomique qu’il a tant aimée. C’est un homme étonnant, d’une autre époque et d’une autre culture, il vient à la fois de la chrétienté et de l’amour de la patrie et son caractère a été forgé par l’armée française. Je ne savais pas qu’il avait fait entrer au gouvernement une femme musulmane d’origine algérienne Nafissa Sid Cara qui a un parcours très intéressant. Le portrait de Geneviève de Gaulle-Anthonioz est passionnant et mériterait à lui seul un livre entier. C’est une plongée dans un autre monde, celui justement qui a vu naître et grandir Jean-Pierre Le Goff mais un monde ne pouvait pas comprendre que les adolescents de mai 1968 n’étaient pas uniquement porteurs de « chienlit ».
Lien : http://luocine.fr/?p=9987
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Charles le Catholique : De Gaulle et l'Eglise

Le livre est réellement stupéfiant!
Lien : http://rss.cyberpresse.ca/c/..
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Les femmes du Général

Ce livre présente cinq femmes qui ont compté dans la vie du général de Gaulle, démontre que la cause des femmes lui a été chère et qu’il a tenté d’améliorer leur statut. Il a été particulièrement marqué par :







·      Sa mère, Jeanne, issue de la bourgeoisie du Nord, imprégnée de religion et d’amour de la patrie. Charles était son fils préféré. Avec ses cinq enfants, elle prie régulièrement pour le retour de l’Alsace et de la Lorraine dans la France. Ses quatre fils partiront pour la première guerre, ce qu’elle considère comme un devoir. Tous en reviendront.







·      Sa femme, Yvonne, issue de la bourgeoisie Calaisienne. Très jeune elle reçoit une excellente éducation, notamment l’étude de l’Anglais et de l’Allemand. Elle est influencée par la conduite de sa mère, pieuse, charitable sans ostentation. En 1920 elle rencontre Charles et l’épouse alors qu’elle avait toujours dit que la vie auprès d’un militaire ne l’intéressait pas. Elle le suivra tout au long de sa vie faisant preuve d’abnégation et de courage. Elle mit au monde un fils, puis une fille et enfin en 1928 une autre fille atteinte de trisomie 21. Les parents consacreront toute leur énergie à l’entourer jusqu’à sa mort.







·      Sa fille, Anne, à laquelle Charles s’est consacré avec beaucoup de tendresse et dont il dira après ses obsèques à Colombey les Deux Églises « maintenant elle est comme les autres ».







·      Sa nièce, Geneviève, fille de son frère aîné. Charles apprécie son caractère bien trempé. Elle a remplacé sa mère, morte après son quatrième accouchement ; elle avait alors 5 ans. Quelques années plus tard, elle n’accepte pas le remariage de son père et connaît alors la vie de pensionnat religieux. Elle entre en résistance au cours de la seconde guerre mondiale. Déportée à Ravensbrück elle reviendra des camps de la mort et se consacrera jusqu’à la fin de ses jours à l’association ATD Quart Monde qui vient en aide aux déshérités. D’elle, Charles dira « je suis fier que tu sois ma nièce ».







·      Élisabeth de Miribel qui a fait preuve de beaucoup de courage pendant la seconde guerre et qui a surtout été associée à l’image de la secrétaire qui a dactylographié l’appel du 18 juin.







L’esprit marqué par toutes ces femmes, De Gaulle a essayé d’améliorer la condition féminine, notamment :







·      En accordant le droit de vote aux femmes dès 1944 ; il les rend électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.



·      En nomment Nafissa Sid Cara première femme ministre de son gouvernement.







·      En abolissant la peine de mort pour les femmes puisqu’il leur accordait systématiquement la grâce présidentielle.







·      En modifiant le régime matrimonial des femmes dès 1965 : la femme peut désormais ouvrir un compte en banque, gérer ses biens propres seule et prendre un emploi sans l’accord de son mari.







·      En accordant aux mères de famille de plus de deux enfants la possibilité de prendre leur retraite de manière anticipée.







·      En donnant le feu vert à Lucien Neuwirth pour présenter son projet de loi sur la contraception, malgré ses convictions religieuses et le mécontentement du Vatican.







Alors qu’il est surtout connu pour ses faits de résistance et son statut de président de la république, Charles de Gaulle était-il un féministe avant l’heure ? nretrouvez mes chroniques sur mon site annemariequintard.fr ou le blog des amisdelabibliothequeannonay@overblog
Lien : https://annemariequintard.fr
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