UN PRINTEMPS DIFFICILE
VISION
Ni l'oiseau tenace
ne sait. Au verger
sous le pêcher sans fruit
l'abri d'un bleu de véronique –
mais tout l'or
de mes yeux que ce jour le reprenne.
Ni le gouffre, le clair, où la pie
bleue, à sa guise
choir encore et défier : en face étaient les prés
de jade. Ni torrent
ni nuit, ni jour.
Sur la montagne
trois chevaux blancs
le poulain dans l'herbe
a basculé – et longtemps son bonheur
le regard ne peut sans détourner.
Mais à présent s'éteint
le ciel de jonquilles fanées, et la lisière
la connaît en aveugle
sous le platane chargé d'or
la vision aux yeux caves, aux gestes doux.
Creusant encore, disloque
doucement et gît –
en solitude se raidissant un peu.
p.30-31