Il faut ressentir ce silence d’avant les mots, lui laisser le temps d’éclore, l’apprivoiser.
Moi, j’ai appris en même temps les mots et le silence.
Quand j’ai fait la connaissance de Jean-Laurent Cochet, je ne parlais pas, je beuglais. Il m’a d’abord fait lire Caligula, de Camus. Un océan de mystère pour l’ignare que j’étais. Puis il m’a dit : « Tu vas travailler Pyrrhus. » Je n’avais aucune idée de ce qu’il me voulait, je ne savais même pas que c’était un prénom, Pyrrhus, je connaissais des Mimile, des Pierre, des Maurice, mais pas de Pyrrhus. Si je ne comprenais rien aux phrases, j’ai quand même ressenti que ce Pyrrhus n’était pas un mec heureux.