Contrairement à ce que l’on croit souvent aujourd’hui, posséder des esclaves n’était pas un privilège réservé à l’aristocratie blanche. À l’époque dont je parle, on comptait à La Havane trente mille esclaves pour dix mille maîtres. Ce qui signifie qu’un grand nombre de gens modestes, des artisans, des commerçants ou des employés, étaient propriétaires d’esclaves. La plupart de ces maîtres étaient blancs, mais certains d’entre eux appartenaient à la catégorie des libres de couleur. Les membres de cette petite classe moyenne, qu’ils soient blancs ou noirs, n’avaient pas toujours les moyens d’entretenir leurs esclaves. Ils en tiraient un petit revenu complémentaire en les louant comme couturière, domestique, nourrice ou portefaix.