“Le Fou divin” Kunga Legpa'i Zangpo
Au temple de Ramoche, il trouva des moines engagés dans une discussion métaphysique. Jugeant qu'il ne fallait pas laisser passer cette occasion de leur apprendre à rire, il demanda : « Que faites-vous, ô moines ?
— Nous purifions notre esprit des doutes et de ce qui en perturbe l'harmonie.
— Je connais moi-même un peu la métaphysique », répliqua-t-il.
Ayant dit, il les gratifia d'un énorme pet en plein dans les narines. « Qu'est-ce qui est premier, l'air ou l'odeur ? »
Les moines se mirent en colère et voulurent le chasser. « Nous n'apprécions pas ta forme d'humour ! »
Et ils l'injurièrent.
« Ne soyez pas si fiers, détendez-vous un peu ! Mes manières et les vôtres diffèrent, c'est tout. Les miennes sont pleines d'urbanité, les vôtres pleines d'orgueil et de convoitise ! Et maintenant, ajouta-t-il, veuillez, je vous prie, m'annoncer au Bodhisattva de l'Intelligence, Tsongkhapa.
— Qu'apportes-tu en offrande ?
— Je ne savais qu'il fallait faire une offrande. J'en apporterai une la prochaine fois, mais je dois le voir aujourd'hui.
— Il en apportera une la prochaine fois, raillèrent les moines. On n'avait jamais entendu cela !
— Si c'est absolument nécessaire, reprit Kunley, j'ai ici une belle paire de testicules léguée par mes parents. Cela fera-t-il l'affaire ? »
De nouveau, les moines se mirent en colère et, sans autre forme de procès, le mirent à la porte.
« Dès que j'aurai trouvé une offrande, se dit-il en reprenant le chemin de Lhassa, je reviendrai tourmenter ces moines. »
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