Le roman d'une fille pauvre
En cette année 1765, elle est mariée depuis un an à Jacques Necker et, passée dans transition de la gêne à l'opulence, elle considère comme un mauvais rêve l'époque à laquelle suivant le mot de Gibbon, «les femmes la regardaient avec envie parce qu'elle était belle, et avec mépris parce qu'elle était pauvre». Débarquée à Paris en 1764, elle avait encore ce teint de blonde et cette fraicheur helvétique qui lui auraient tant d'hommages lorsqu'elle trônait, en musée literature, dans les assemblés de Lausanne où hobereaux du cru et étrangers se disputaient un regard de ses yeux bleus tout en déplorant qu'une si belle personne s'estimât, parce qu'elle était prodigieusement savante, d'une essence supérieure.