Le grand opéra puise à deux sources différentes. Nourri par la philosophie des Lumières, il ne cesse de mettre en garde contre l'intolérance et les dérives du pouvoir. Habité par l'illusionnisme romantique, il invite justement à réfléchir à la production des illusions, à la manipulation des consciences, à l'emprise du symbolique sur les individues et les foules. Fort de ces deux héritages, le grand opéra délivre une vision sceptique du monde, qui résonne fortement avec le désenchantement contemporain.
Après avoir quasiment dispauru des théâtres pendant le siècle dernier, le grand opéra français renaît aujourd'hui de ses cendres. A Paris, Londres, Berlin, Karlsruhe, Stuttgart, Francfort, New York, on rejoue ces oeuvres majeures créées sur la scène de la rue Le Peletier, au temps où Paris était la "capitale du XIXe siècle"...
Il y a un avant/après Les Huguenots : dans l'histoire de l'opéra, dans celle de l'interprétation vocale comme dans celle de l'Opéra de Paris. Durant un siècle, chacune des représentations de l'ouvrage se fit au risque de la comparaison avec sa création entrée dans la légende.