Gilbert Py

En mettant l'accent sur le développement économique, l'ouverture sur le monde, les foyers de génese et de diffusion de la connaissance, la remise en cause des connaissance et de la religion, l'auteur fournit une quantité impressionnante de données sur le siècle. Cependant, l'ouvrage eût mieux porté son nom sous le titre "Evolution des pensées en France au siècle des Lumières". Bien sûr ce siècle est celui de la France, mais s'il faut parler d'Europe, il aurait convenu d'insérer plus d'informations sur la pensée dans les autres pays et sur les échanges intellectuels internationaux (ou de leur régler leur compte une fois pour toute en assénant avec autorité qu'il n'y a rien à en dire). Au lieu de cela, la lecture nous amène a passer la frontière, souvent certes, mais jamais bien loin, juste pour jeter un coup d'oeil. De plus, les "idées d'Europe" s'attachent habituellement à décrire le sens que l'on a rangé sous ce terme. A part la célèbre citation de Voltaire sur la "grande république partagée en plusieurs états", aucun chapitre, aucune information n'entre dans le cadre de ce sujet, le travail d'imagination et de synthèse sur une éventuelle conscience d'une unité supra-nationale que l'on aurait, à l'époque, nommée "Europe" est laissé à la charge du lecteur. Enfin, la persistance de l'auteur à détailler la pensée de Rousseau (allant jusqu'à consacrer 40 pages et une partie entière à la confrontation Kant-Rousseau) trahit un goût particulier qui le fait dévier de son sujet. Une somme impressionnante de travail pour parler du siècle des Lumières, en France donc, et que l'on aura mal titrée.