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Citation de Pecosa


En 1610, le roi Philippe III d'Espagne -écrivant l'ultime chapitre dans la reconquête de l'Espagne des mains des infidèles- expulsa du pays un million de Maures, qui, pourtant, vivaient là depuis des générations et qui, pour beaucoup, avait du sang espagnol dans les veines.
Parmi ces émigrés figuraient les Hornacheros, ainsi nommés d'après leur village d'origine, en Andalousie. Farouchement indépendants, n'hésitant pas à recourir à la violence, ils pillaient sans scrupule (...).
Chassés de leur place forte au coeur des montagnes espagnoles, ces quatre mille hommes et femmes choisirent de s'installer dans la cité en ruine de Rabat. Ils restaurèrent la casbah, ou forteresse, et s'adaptèrent avec une aisance remarquable à leur nouvelle patrie, qu'ils rebaptisèrent Salé-le-Neuf.
Cependant, ils continuaient à nourrir un profond ressentiment envers l'Espagne. Prêts à tout pour se venger, ils forgèrent bientôt des liens avec les pirates d'Alger et de Tunis qui s'attaquaient aux navires chrétiens dans la Méditerranée depuis plus d'un siècle. En l'espace de quelques années, des centaines de hors-la-loi et d'assassins -y compris des Européens- convergèrent vers Salé-le-Neuf dans le but d'initier les Hornacheros à l'art de la piraterie.
Les Hornacheros et leur cohorte de renégats constituaient une force redoutable et hautement disciplinée qu'on appela en Angleterre les "bandits de Salé". Cependant, pour leurs frères musulmans, ils étaient des al-ghuzat"- titre autrefois réservé aux soldats qui s'étaient battus aux côtés du prophète Mahomet-, des hommes dignes de respect et d'admiration car ils menaient une guerre sainte contre les chrétiens infidèles. "Ils vécurent à Salé, et leur djihad maritime est désormais célèbre, écrit le chroniqueur arabe al-Magribi. Ils fortifièrent Salé et construisirent ses palais, ses maisons et ses thermes."
Les corsaires de Salé apprirent rapidement à maîtriser le maniement des voiles carrées, ce qui leur permit de pousser leurs raids plus loin dans l'Atlantique Nord, et ne tardèrent pas à disposer d'une flotte de quarante vaisseaux. Ils pillèrent allègrement, attaquant villages et ports le long des côtes d'Espagne, du Portugal, de France et d'Angleterre. L'un d'eux, Amurates Rayobi, à la tête de plus de dix mille guerriers, écuma sans pitié les côtes espagnoles. Enhardis par ce succès, les al-ghuzat d'Alger s'en prirent aux navires de commerce qui traversaient le détroit de Gibraltar. Avec le développement des échanges commerciaux, les mers regorgeaient de richesses à saisir. Entre 1609 et 1616, le nombre de navires marchands anglais tombés aux mains des corsaires atteignit le total stupéfiant de quatre cent soixante-six.
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