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Citation de Charybde2


Chez Nietzsche, jamais le rapport essentiel d’une force avec une autre n’est conçu comme un élément négatif dans l’essence. Dans son rapport avec l’autre, la force qui se fait obéir ne nie pas l’autre ou ce qu’elle n’est pas, elle affirme sa propre différence et jouit de cette différence. Le négatif n’est pas présent dans l’essence comme ce dont la force tire son activité : au contraire, il résulte de cette activité, de l’existence d’une force active et de l’affirmation de sa différence. Le négatif est un produit de l’existence elle-même : l’agressivité nécessairement liée à une existence active, l’agressivité d’une affirmation. Quant au concept négatif (c’est-à-dire la négation comme concept), « ce n’est qu’un pâle contraste, né tardivement en comparaison du concept fondamental, tout imprégné de vie et de passion ». À l’élément spéculatif de la négation, de l’opposition ou de la contradiction, Nietzsche substitue l’élément pratique de la différence : objet d’affirmation et de jouissance. C’est en ce sens qu’il y a un empirisme nietzschéen. La question si fréquente chez Nietzsche : qu’est-ce que veut une volonté, qu’est-ce que veut celui-ci, celui-là ? ne doit pas être comprise comme la recherche d’un but, d’un motif ni d’un objet pour cette volonté. Ce que veut une volonté, c’est affirmer sa différence. Dans son rapport essentiel avec l’autre, une volonté fait de sa différence un objet d’affirmation. « Le plaisir de se savoir différent », la jouissance de la différence : voilà l’élément conceptuel nouveau, agressif et aérien, que l’empirisme substitue aux lourdes notions de la dialectique et surtout, comme dit le dialecticien, au travail du négatif. Que la dialectique soit un travail et l’empirisme une jouissance, c’est les caractériser suffisamment. Et qui nous dit qu’il y a plus de pensée dans un travail que dans une jouissance ? La différence est l’objet d’une affirmation pratique inséparable de l’essence et constitutive de l’existence. Le « oui » de Nietzsche s’oppose au « non » dialectique ; l’affirmation, à la négation dialectique ; la différence, à la contradiction dialectique ; la joie, la jouissance, au travail dialectique ; la légèreté, la danse, à la pesanteur dialectique ; la belle irresponsabilité, aux responsabilités dialectiques. Le sentiment empirique de la différence, bref, la hiérarchie, voilà le moteur essentiel du concept plus efficace et plus profond que toute pensée de la contradiction.
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