Gilles Farcet

Grâce au “Diable”, vous aurez du mal à trouver dans les diverses traditions religieuses et spirituelles, infestées d'idéal, un rapport simple et sain à la sexualité. La névrose chrétienne comme le puritanisme hindou — pour ne citer que deux grands classiques du genre — vous fourniront, y compris dans la bouche de sages ou de saints incontestables mais dont les dires sur ce point restent prisonniers d'une culture, toutes les justifications nécessaires : domptage de la chair, exaltation de la chasteté, idéal des époux vivant “comme frère et sœur”, dénonciation de la “déperdition d'énergie”, perte du sperme envisagée comme pire que la perte de sang et autres douteux développements. Tout comme il vous est possible de parer le ratatinement propre à votre vie de vieille fille ou de vieux garçon des atours de la “Solitude”, n'hésitez pas à maquiller la misère intime de votre Kouple en “détachement” ou “maturité”.
Magnifié par le mysticisme ou tout simplement tu, le désert sexuel a ceci de très utile qu'il vous amènera à toujours plus d'idéal débité au kilomètre, de vertueuses causes à défendre sur fond de violence latente. Il est aussi très probable qu'il vous conduise tout droit, le temps de la réaction venu, à l'infidélité conjugale, vieille mais toujours excellente recette pour éviter tout risque d'approfondissement de la relation, de découverte du désir, de passage du Kouple au couple.
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