Gilles Farcet

Ne doutez pas que les moyens susceptibles de s'avérer efficace chez des adeptes nés et élevés dans des sociétés toutes différentes de la nôtre se révèlent également opérants pour la moyenne des Occidentaux contemporains s'intéressant à la spiritualité. N'envisagez pas qu'il puisse y avoir une différence entre des disciples mûrs, psychologiquement équilibrés, animés d'une intense aspiration au sein d'une culture centrée sur les valeurs spirituelles et de sincères amateurs, hommes ou femmes affectivement blessés, pour ne pas dire infirmes, en proie à une multitude de désirs contradictoires, engoncés dans une arrogance naïve, produits bon gré mal gré d'une société certes démocratique mais obsédée par le profit et le confort. Affirmez que le zazen à lui seul, les postures de yoga à elles seules, la dévotion au maître à elle seule, la prière à elle seule suffiront à opérer la nécessaire purification du psychisme. Ne tenez pas compte du fait que, si l'être humain n'a en effet pas changé essentiellement, il n'en aborde pas moins les enseignements spirituels dans une tout autre condition intérieure et un tout autre contexte que les chercheurs de jadis. Faites l'impasse sur le fait que des maîtres spirituels aussi éminents que Swami Prajnanpad ou, en Occident, Karlfried Graf Dfirckheim reconnurent dès la première moitié du XXe siècle la nécessité de mettre les outils modernes —psychologie, analyse, thérapie — au service des voies anciennes proposées à l'homme d'aujourd'hui.
p. 159