Un livre qui marqua mes années lycée, où je m'attachais – entre autres littéraires obsessions – aux traces de toute figure féminine à s'être tenue droite et à avoir su faire entendre sa voix dans les agitations de l'Histoire.
Je ne pouvais manquer de croiser la route d'Hypathie, la femme philosophe grecque à la sinistre fin (qui ne peut manquer de marquer, à l'âge où l'on pique ses crises d'adolescence par grandes postures tragico-romantiques interposées). La penseuse me mena par ricochets et cercles élargis à cette Histoire des femmes philosophes, oeuvre d'un érudit du 17e siècle sous forme de dictionnaire biographique classé par courants de philosophie, et sa petite taille ne saurait masquer l'importance de ce que représente ce livre, la "réparation d'une injustice" comme le dit si justement en préface Claude Tarrène.
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« Longtemps, on nous a dit que le savoir n’avait qu’un sexe.
Longtemps, on nous a fait croire que la philosophie n’avait pas de bassin féminin.
Longtemps, on nous a caché que nos arrière-grands-mères étaient des femmes savantes… »
Histoire des femmes philosophes, Gilles Menage @editionsarlea
Cette œuvre écrite en 1690 présente les femmes philosophes de l’Antiquité, pour la plupart méconnues jusqu’alors, et leur redonne leur juste place, celle à la hauteur de leur savoir et de leur valeur.
« Elle n’était pas seulement savante dans les lettres profanes, elle était remarquable par la distinction de sa beauté, la douceur de sa parole et l’aménité de ses mœurs. Elle était très savante dans les connaissances humaines, et, au cours des conversations, elle parlait volontiers de tout ce qu’elle avait entendu dire ou pu lire. De sorte qu’elle fut comparée par certains érudits à Théano la pythagoricienne, et à Hypatie par d’autres. (Eudocie) »
Elle se présente sous forme d’une courte introduction de ces femmes illustres et remarquables qui nous en donne une brève présentation…
« Il y avait à Alexandrie une femme du nom d’Hypathie, qui, elle, était la fille du philosophe Théon. Elle était parvenue à une telle érudition qu’elle surpassait de très loin tous les philosophes de son temps, et qu’elle fut admise à l’école de Platon pour succéder à Plotin, et exposer aux auditeurs les disciplines de la philosophie. Tous ceux qui étaient épris de philosophie affluaient de toutes parts pour l’entendre. Outre la confiance et l’autorité qu’elle s’était acquises par son érudition, elle comparut quelquefois devant les juges en montrant une grande modestie. »
Sous forme d’un dictionnaire recelant des merveilles, ce recueil met en lumière des femmes inspirantes d’un autre temps 🌟
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