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Citation de Charybde2


Il versa des seaux d’eau violente, il souffla des rugissements de vent qui gonflait les bâches du marché et celles-ci se défirent de tous leurs nœuds, arrachèrent toutes leurs cordes et s’élevèrent sur le Quartier pour faire régner la terreur dans un présage de fin du monde. Semblables à des bêtes volantes, elles descendaient en piqué et vous laissaient des marques de fouet et de coup avant de reprendre de l’altitude, voltigeant haut au-dessus des ruelles comme à la recherche de proies, s’abattant soudain dans la méchanceté de leurs anneaux métalliques semblables à des fléaux, et puis encore, insaisissables, recommençaient à s’élever jusqu’au moment où les tissus et les bâches en plastique rencontrèrent un obstacle sur les statues du fronton de l’église. Tout le monde eut l’impression que les saints de pierre détournaient leur tête auréolée de bronze pour se libérer de la gêne des draps qui continuèrent à rouler de statue en statue pour finir par embrasser, à la façon d’un saint suaire, le visage du Christ en croix. Celui-ci avait beau se contorsionner en tentant de se libérer, il ne parvenait pas à arracher ces suaires de son visage, empêché qu’il était par les clous plantés dans ses paumes. Il resta couvert comme pour le vendredi de la Passion, dans la résignation de devoir répéter son Calvaire. En réalité, c’était la tendresse de son Père qui lui voilait les yeux pour l’empêcher de voir la férocité de son irritation.
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