L'avenir militaire et politique des deux hommes dépendait de leur victoire. Le maintien de Washington à son poste de commandant en chef était pour Lafayette la meilleure chance que son rêve de liberté se concrétisât et qu'il pût rentrer en France la tête haute. Un engagement tacite à se soutenir mutuellement les attachait.
Les paysans étaient appelés à rester des paysans. Les chevaliers des chevaliers. Les seigneurs des seigneurs. Sous cette chape de plomb, les individus étaient broyés. Les classes sociales ayant émergé depuis le Moyen-âge ne parvenaient pas à se faire une place au sein de l'aristocratie dominante.
Lafayette avait doublement offensé la royauté de son pays. En défiant le roi d'Angleterre alors qu'il envisageait de le combattre, il avait insulté un monarque en paix avec la France et, en s'enfuyant en catimini, il avait transgressé l'autorité du sien.
Celle-ci [la famine] fut imputée à la responsabilité de la Ferme générale dont dépendaient ses domaines. Cette entreprise privée était chargée de percevoir les impôts. En échange de son monopole, elle se partageait avec le roi et les autorités régionales les taxes qu'elle prélevait sur le peuple. En fait, les puissants, intéressés aux bénéfices, organisaient des pénuries artificielles pour s'enrichir au détriment des petites gens, réduites à la faillite et à la famine.
Heureusement, je serai dix fois heureux d'embrasser mon cher Général, Mon père, Mon meilleur ami, que je chéris avec une affection et un respect que je sens trop bien pour ne pas savoir qu'il m'est impossible de les exprimer !
Les époux Washington n'étaient pas prêts à affronter cette question délicate et à rendre leur liberté à leurs esclaves. Une telle résolution remettrait trop en cause leurs propres existences.
Leur victoire était celle de la liberté pour laquelle ils s'étaient battus, aussi bien sur le plan individuel que collectif.