Je n'arrive pas à croire qu'il me reste encore des larmes, pourtant elles continuent à rouler sur mes joues quand je me ressers à nouveau. La bouteille est presque vide et je renverse quelques gouttes sur mes draps blancs. Elles ressemblent à du sang. Un brouillard familier m'enveloppe, comme l'étreinte d'un vieil ami. J'ai l'impression de me fondre dans mon matelas. Peut-être que c'est ça que ma mère ressentait pendant ses journées difficiles, ses "petites vacances". Je regrette de ne pas avoir mieux compris, à l'époque. J'avais le sentiment qu'elle m'abandonnait mais, à présent, je sais qu'il y a des douleurs trop intenses pour être combattues. On ne peut que se mettre à l'abri et espérer que la tempête passera vite. Il est trop tard pour le lui dire, maintenant. Elle aussi est morte, comme papa.