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Citation de Cielvariable


J’ai payé mon addition à la nouvelle serveuse, que je ne
connaissais pas. Puis je suis allé prendre un verre à L’Avantage,
un peu plus haut. C’était François qui tenait le bar, ce
soir-là. Il m’a servi ce qu’il me servait du temps où j’habitais
ici, sans s’étonner de cette absence de deux ans, que
j’avais l’impression de porter comme une cravate criarde.
Les types qui reviennent à Val-d’Or après deux ans n’ont
pas nécessairement envie de se le faire remettre sous le nez.
Alors les barmans font comme s’ils ne s’apercevaient de
rien, mais ils voient tout. J’ai bu ma pinte en regardant la
lutte à la télé, je me sentais plutôt bien, serein comme un
fantôme.
En sortant du bar, j’ai eu le goût de rentrer tout de suite
à La Minerve, dans la nuit pluvieuse, mais je me suis ravisé.
Ça me paraissait soudain déshonorant de me sauver
comme un voleur, surtout avec cette Troisième Avenue si
vibrante ce soir, si invitante, presque obsé quieuse avec sa
traînée de néons, comme un tapis de roses en plastique.
Me fouettant, je me suis dit que j’allais me les faire tous,
tous les bars, et même celui de l’hôtel, où trois Indiens
m’examineraient d’un oeil torve, et pour la première fois,
par curiosité, tous ces bars, j’allais les compter. Jusqu’au
dernier, en face de la station d’essence, celui avec les trois
X roses, qui ne m’avait jamais tenté avant ce soir.
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