Gustave Moreau

"Noli me tangere"
Quelle scène! Quel discours! Quel langage!
Conversation muette entre Dieu et cette repentie [Marie-Madeleine].
Quel silence mystérieux entoure ces deux êtres isolés du Monde. Le Christ, fantôme vivant, enveloppé d'une draperie formant linceul, reste inerte, immobile, mais son sourire est tout de charité, de tendresse et de miséricorde. Son geste d'autorité est attendri.
Noli me tangere. Ne me touche pas, car tu ne peux toucher l'infini, l'éternité, l'immuable. Ne me touche pas des doigts, car ce mystère de la mort nous sépare. Ne me touche pas, car toi, matière, tu ne peux toucher l'immatériel. Mais regarde, implore,prosterne-toi, adore, prie. Que l'encens que tu apportes pieusement vienne baigner mes pieds, les parfume. Je t'entends sans que ta bouche laisse percevoir un son. Je t'écoute sans que ta voix parle. Je te vois, je suis en toi, je t'accueille et je te visite; ton âme parle. Elle est bénie par moi.