C'est une bien belle balancelle dans laquelle nous avons embarqué pour traverser la Méditerranée de Collioure à Oran. Comme elle était capable, en temps ordinaire, d’accueillir un patron pêcheur, trois matelots et deux mousses, nous pouvions nous y mouvoir à l'aise, mon père, certes costaud et trapu mais d'une corpulence raisonnable, ma mère, pas plus épaisse qu'un mousse, ma sœur cadette, d'une constitution un peu plus forte, mes deux jeunes frères, de solides gaillards mais qui prenaient moins de place que les matelots de la pêche aux anchois et moi-même qui fait un petit mètre soixante comme la plupart des jeunes femmes de chez nous. Nous aurions, à cinq, assez d'espace lors de cette traversée dont la durée ne devait pas excéder celle d'une bonne campagne de pêche.