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Critiques de Guy Bordin (27)
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L'amant fantasmatique

Quel livre étrange, beau et intrigant ! J’ai commencé sa lecture hier soir et l’ai lu d’une traite, d’un côté parce qu’il n’est pas très volumineux, de l’autre – et surtout – parce que je me suis retrouvé complètement happé par le texte, entre conte onirique, découverte de soi, enquête criminelle et récit sensuel. En revanche, je sens que vais avoir beaucoup de mal à résumer l’intrigue sans trop dévoiler… Mais essayons.



Années 80, été. Le narrateur, qui raconte l’histoire à la première personne et n’est jamais nommé, se retrouve dans une petite cabane isolée quelque part en Bretagne, près d’une forêt et entourée de landes. Jeune étudiant en histoire, il est censé travailler sur un projet quelque peu flou avec son cousin Jean, qui est historien. Pour conjurer le trouble provoqué par la contigüité des lieux et donc de la proximité permanente de ce bel homme séduisant, le narrateur fixe ses pensées, ses émotions, ses aventures, ses rêves dans un journal intime. En effet, il se sent tout de suite attiré par Jean, qui semble ne pas remarquer dans quelles affres de désir il plonge son jeune parent et se comporte de façon très désinvolte (on lui devine un petit côté naturiste, voire exhibitionniste). Les deux passent leurs journées entre travail intellectuel acharné, promenades, discussions et jeux de cartes. Souvent, le narrateur s’éclipse dans la forêt toute proche pour faire retomber la tension interne par une séance de masturbation.



Lors d’une virée dans la ville la plus proche, il rencontre un jeune et séduisant serveur, qu’il semble ne pas laisser indifférent. Les deux se retrouveront par ailleurs à plusieurs reprises dans cette forêt devenue si chère au narrateur. D’autres rencontres érotiques – avec un jeune homme faisant son service militaire auprès de la gendarmerie locale, avec un prêtre sans scrupule – parsèment ce séjour. Mais surtout, le narrateur vit de plus en plus d’épisodes où il semble entrer dans une espèce de monde parallèle, un univers onirique peuplé d’incarnations de son désiré Jean. Déjà que le cousin prend une place importante dans les rêves que le narrateur relate au fil des pages, la question se pose (alors que lui ne se la pose pas trop) : rêves éveillés, signes d’un trouble psychiatrique (disons les choses comme elles sont), manifestations d’un monde fantasmatique dont on ne soupçonne pas l’existence ? (Je le dis tout de suite : pendant que je lisais, je me demandais de plus en plus souvent si une réponse quelconque y serait donnée dans le livre…) À cette trame principale s’ajoute aussi une petite intrigue criminelle : un chef scout disparaît et est retrouvé assassiné au bout d’une semaine dans un lac tout proche.



Apparemment, ceci est le premier livre de fiction écrit par l’auteur. Très étonnant tellement l’intrigue est bien construite, les chapitres bien découpés, les scènes semblant couler d’elles-mêmes. Aucun signe de ce balbutiement, de cette petite maladresse, de ce tâtonnement que l’on trouve souvent dans un premier livre. L’auteur, c’est évident, sait écrire, il prend plaisir, et du coup, le lecteur prend plaisir aussi. L’écriture est soignée et très belle, le vocabulaire riche, même les scènes « charnelles » se trouvent dépourvues de toute vulgarité. Les descriptions de l’environnement – la Bretagne profonde, loin des plages et ports les plus touristiques – m’a vraiment saisi. Techniquement aussi, le mélange de rêves relatés en tant que tels et de scènes de la vie quotidienne du narrateur dans cet isolement breton s’avère fort efficace. Toute l’intrigue n’est vue que par le prisme de ce personnage principal, qui peut paraître parfois froid, passif, sans trop de curiosité sur ce qui se cache derrière ce qu’il voit et vit. Mais ça contribue au côté féerique de l’histoire. Comme le narrateur ne porte pas de nom, on se demande même à un moment si lui est tout à fait réel.



Bon, d’accord, je n’ai pas vraiment aimé la fin. Mais les auteurs ne sont pas obligés de me faire plaisir avec une fin attendue et facile, et celle-ci a le mérite d’être surprenante. Enfin, «« surprenante« »… j’avoue que je pressentais où la force, le flux, l’inéluctable dynamisme du récit allaient m’emporter contre mon gré (inutile de se rebeller – dans un livre, la fin est vraiment déjà écrite, pas comme dans la vraie vie). Donc pas si surprenante que ça, la fin, mais elle n’est pas celle à laquelle on penserait au cours de la lecture. Au risque de me répéter, livre étrange, en effet. Mais l’écriture fluide est tellement belle qu’à un moment, je ne me suis plus posé de questions ; je me suis juste laissé entraîner – avec grand plaisir – sans chercher à démêler le vrai du faux. C’est un livre sur la force du désir et de l’imagination… J’espère que l’auteur n’en restera pas là et nous régalera bientôt d’un nouvel ouvrage – s’il devait s’avérer de la même trempe, je serai preneur.
Lien : http://livresgay.fr/lamant-f..
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Vers le monde bleu

« Il y a un moment entre deux genres d’humanités où l’on en arrive à se débattre dans le vide. »

Céline, Voyage au bout de la nuit.

Guy Bordin est ethnologue et réalisateur (huit films avec Renaud de Putter), riche d’un premier roman, prometteur « L’amant fantasmatique), « Vers le monde bleu » est matière ardente, un monde olympien qui tient en haleine. La clé de voûte d’une littérature intrinsèque, comme une maison du monde flottant sur le bleu. L’azur à peine voilé par cette fiction qui navigue entre réalité, songe et quête.

On a l’impression (pour avoir lu le précédent ouvrage) d’un récit écrit face à l’horizon. Crépusculaire, surdoué, on aime de suite la douceur du ton et la maturité d’un style qui hypnotise.

La lenteur est une gageure. Un arrêt sur image, sur ce qui fût réellement du narrateur (double de l’auteur) sa vie et ses périples, ses désirs et ses renaissances.

Guy Bordin délivre un journal à peine romancé. Il y a dans le cœur de ce livre sensible et confident, la fusionnelle impression d’une rencontre rimbaldienne.

Des myriades de saveurs ethnologiques, tremblantes. L’importance de l’autre, l’étrange (er) et les relations amoureuses qui adviennent dans une orée entre les latitudes et les solitudes, les destinées Terre de Feu et les corps sublimés.

Les terres spéculatives, les errances de par le monde. Ce livre est à l’instar d’un parchemin, d’un périple salvateur, une urgence du dire appliquée.

L’initiation d’un homme qui désire résolument voyager. S’approprier le cosmopolite, les fusions des quatre éléments et les mystères des sciences-humaines. Le Je du livre est une invitation.

« Mes pensées ont toujours été dirigées vers le sud, je veux dire vers le Grand Sud, comme d’autres ne jurent que par le Grand Nord. »

La trame est une conférence à ciel ouvert, documentée, altière et apprenante. On est en transmutation. On écoute cette voix douce contée sa vie. Son départ pour saint-Pierre-de-Miquelon, jeune professeur qui profite de l’opportunité d’enseigner au plus près du Sud qu’il vénère. Il va se lier avec Jacques, connivence et attirance. Découvrir l’île, de Mirande jusqu’à la presqu’île du Cap et Grande Miquelon et plus encore.

Ils ont le même désir d’approfondir leurs savoirs, les fondements mêmes des habitus des peuples ancestraux. Ils ressentent le même désir, l’appel de l’autre, l’union charnelle dans cette beauté assumée. C’est en cela aussi que ce livre, ce monde bleu est un voyage des grandes importances. « Les dévastés du vaste monde. »

Retrouver la Tasmanienne et la Béothuk. Entre le triptyque sensuel, pur, trois hommes reliés, siamois et cette trame grandiose, spéculative. L’aurore-boréale d’un renom. Le narrateur (l’auteur) décide de partir, quitter son poste, s’envoler dans l’altérité de ses vérités vers le monde bleu.

C’est un livre stupéfiant, charnel, viril, magnétique, et grandiose. L’immensité d’un homme qui délivre une multitude d’univers. Il y a toute la bienveillance pour l’humain. L’essentialisme dans sa sincérité la plus radicale. La sensualité : marée-basse, volcan et libre si libre.

« Vers le monde bleu » est une myriade d’oiseaux migrateurs en plein vol. Une histoire fusionnelle, comme du linge frais claquant au vent. Un homme, et sa vie, et dans cette justesse d’une parole qui chante le monde et l’amour pour son prochain. Publié par les majeures éditions De La Trémie. Prix du roman Gay 2022.

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L'amant fantasmatique

En ouvrant L𠆚mant fantasmatique de Guy Bordin, j𠆚i commis une erreur : celle de penser qu’il s𠆚gissait d’un ouvrage exclusivement érotique. Ayant tout juste achevé la lecture du livre, je me repentis : c’était bien plus que cela !



Si les premières pages du roman m’ont effectivement conforté dans l’idée que le récit serait érotique – et de fait, il l𠆞st ! –, je n𠆚i pas tardé à réaliser qu’il n’était pas question que de ça. L𠆚mant fantasmatique prend la forme d’un journal, ce qui nous donne accès aux pensées les plus intimes du narrateur. Il y couche ses fantasmes, ses rêves, et relate ses pratiques sexuelles, usant de descriptions crues, sans tabou. Malgré cette frivolité apparente, le lecteur dégourdi percevra à travers les lignes un malaise grandissant : quelque chose ne tourne pas rond chez ce narrateur.



Très vite, sa passion secrète pour son cousin s�roit, si bien que ses fantasmes le submergent. Ses désirs prennent le dessus, ses besoins insatiables hantent ses journées autant que ses nuits. À longueur de temps, il rêve d’une sexualité débridée, et ces rêves envahissent tant son quotidien qu’une question se pose : quelle est la part de réel et la part d’imaginaire dans son récit ?



C𠆞st dans cette question que réside, selon moi, l’intérêt du roman. Cette frontière de plus en plus poreuse entre le rêve et la réalité m𠆚 angoissé, dans une certaine mesure. Ce narrateur nourri de fantasmes prend, au fil du récit, des allures inquiétantes qui ont provoqué en moi un malaise. C’était le but de l𠆚uteur, sans aucun doute ! Et c𠆞st réussi.



Le final m𠆚 surpris et laissé songeur. Bien que l’on puisse être frustré de ne pas avoir de conclusion claire et de ne pas tout saisir, c𠆞st souvent ainsi que se terminent les bons livres. Alors, acceptons de ne pas avoir tout compris – le narrateur lui-même comprend-il ce qui lui arrive ? Pas sûr ! – et laissons-nous porter.



L𠆚mant fantasmatique brosse donc un beau portrait psychologique d’un personnage pour le moins particulier. En outre, la langue est belle et tout est bien documenté. Pas de surprise ici, sachant que l𠆚uteur est ethnologue.



Une bonne lecture que je recommande !
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Islande : Le guide de l'île aux volcans

Une véritable Bible. Si vous arrivez à le lire complétement, il est certain que vous en saurez bien plus sur l'île que n'importe quel quidam croisé dans les rues de Reykjavik et même surement plus que le randonneur croisé sur le bord du cratère du volcan d'öndverdarnes.

tout y est: histoire, société, géologie, flore, faune.

Le genre d'ouvrage à étudier avant le départ car, en cours de route, sa lecture est tellement intense que vous risquer de ne plus voir le paysage et ce serait vraiment dommage !

Vraiment plus un ouvrage de référence qu'un véritable guide de voyage.
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Vers le monde bleu

Il y a des livres auxquels nous souhaitons donner une chance même si cela semble assez délicat de parier sur eux tant ils sont loins de nos habitudes de lecture. Tous les récits n'aboutissent pas à un coup de cœur mais nombreux sont ceux qui réservent de belles surprises. "Vers le monde bleu" de Guy Bordin, édité par les éditions de la trémie, pourrait ainsi vous ravir notamment si vous partagez avec son auteur un intérêt certain pour l'ethnologie.



Guy Bordin nous fait faire la connaissance d'un jeune français métropolitain amoureux des terres australes. Après des études d'histoire-géographie, le CAPES en poche, il devra attendre de nombreuses années avant de voir son employeur lui proposer un poste sur une des terres lointaines de notre pays. C'est à St Pierre et Miquelon qu'un poste se libère et lui offre les opportunités d'une nouvelle vie. Ce n'est certes pas la destination de ses rêves mais c'est une première étape dans son périple initiatique. Il y fera de belles rencontres et plus particulièrement celle d'un professeur de sport avec lequel il partagera de nombreuses passions...



Mon intérêt grandissant sur la première moitié du livre s'est malheureusement étiolé après l'événement tragique qui mettra à mal l'équilibre précaire mais chaleureux qui s'était mis en place tant entre les différents personnages qu'entre le récit et moi. J'ai poursuivi ma lecture sans réussir à lui redonner le goût de l'envie pourtant partagé par notre héros et ses rencontres. Mes efforts furent vains et j'ai arrêté ma lecture aux deux tiers alors que j'ai horreur de ça. Que s'était-il donc passé ?



Ce livre est un savant cocktail d'ethnologie tant sur des civilisations anciennes que sur une communauté très actuelle finalement. Je n'ai malheureusement pas apprécié le dosage qui m'a obligé à arrêter avant la page de trop. Je suis pourtant certain que ce breuvage littéraire pourra en ravir plus d'un. Je vous invite donc à lire les autres avis.
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L'amant fantasmatique

Livre rencontré avec son auteur à l'occasion du salon du livre LGBT à Metz fin mai 2021.

Très bonne surprise pour un livre que je n'aurais probablement pas abordé dans d'autres circonstances.

J'ai aimé le style d'écriture, l'univers mi-réel mi-fantastique que l'auteur a su créer, ainsi que le microcosme dans lequel se développe la succession d'évènements.

J'ai moins aimé le caractère un peu systématique et répétitif des scènes de sexe.
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Vers le monde bleu

Guy Bordin est océanographe, ethnologue, réalisateur, diplômé en langue et culture inuits. Il est aussi écrivain et publie son deuxième roman après L'amant fantasmatique. Vers le monde bleu est un roman assez court, très riche. J'ai personnellement beaucoup appris sur Saint-Pierre et Miquelon et sur Terre-Neuve et ses premiers habitants, les Béothuks. Si j'ai pu me sentir un peu dépassé par les toutes premières pages dans lesquelles l'auteur parle de l'intérêt de son héros pour les terres australes en y citant les différents peuples qui les ont habitées, très vite je suis entré dans le rythme de Guy Bordin et j'y ai puisé une foultitude d'informations et surtout trouvé un réel plaisir de lecture. Instructif sans être pédant, très bien écrit, ce court récit duquel le superflu a été gommé, va au plus court, au plus direct sans omettre de nous décrire les paysages, les lieux visités et les personnes rencontrées. De fait, j'ai eu très envie d'aller partager les périples des deux hommes en ces lieux encore point trop touristiques. Et de me prendre à espérer qu'ils trouvent les objets de leur quête



C'est aussi un roman d'initiation amoureuse. Le jeune enseignant se sait homosexuel mais n'a pas encore osé vivre une histoire avec un autre homme. Les années 1990 sont assez anxiogènes : les homos ne sont pas vraiment acceptés et le Sida fauche de nombreuses personnes dont certaines personnalités : Hervé Guibert, Cyril Collard... A Saint-Pierre, petite ville sur une île, lorsqu'on est enseignant, il vaut mieux ne pas montrer son orientation sexuelle si celle-ci n'est pas la norme acceptée. Il faudra trouver des moments et des endroits pour que deux hommes se rencontrent librement. Ce sont également de belles pages, explicites et sobres. Ils mettent à profit leurs temps de recherche sur les Béothuks pour partager de beaux moments.



L'ensemble est un beau roman, équilibré, sobre et instructif qui fait la part belle aux paysages, aux premiers habitants des endroits décrits. Excellent pour se dépayser en lisant de très belles lignes.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Vers le monde bleu

Pour son deuxième roman, Guy Bordin, ethnologue de profession, nous invite à suivre un jeune Français fraîchement muté à Saint-Pierre-et-Miquelon pour y exercer son métier de professeur. Un point de chute bien loin des contrées qu’il rêve de découvrir puisque ce qu’il l’attire, le passionne, lui, ce sont des terres du Sud comme la Terre de Feu ou la Tasmanie.

De ce point de départ, Guy Bordin construit le roman d’une double quête guidée par la soif de découverte : une quête tout ce qu’il y a de plus ethnologique d’abord, puisque le narrateur se retrouve lié à Jacques, un collègue prof de sport, passionné par la culture des peuples disparus de cette région du globe, qui veut se lancer à la recherche de trois petites statuettes censées avoir été sculptées par Shanawithit, femme qui fut dans les années 1820 le dernier membre vivant connu du peuple Béothuk, à Terre-Neuve (Canada) ; et une quête personnelle, intime, puisque notre héros va découvrir, en parallèle de l’histoire des peuples disparus de ces terres boréales, l’amour, tout épris qu’il est de Jacques avec qui il vit une relation secrète et passionnée.

« Vers le monde bleu » est un roman documenté qui n’est pas pour autant un cours d’ethnologie. Certes, il y a une mine d’informations sur les peuples auxquels s’intéressent Jacques et, par intérêt personnel autant que par amour et mimétisme, le narrateur, mais cela n’empiète pas sur la soif du lecteur de découvrir si oui ou non le narrateur aura bel et bien déniché et les poupées et l’amour et si porté par ses rencontres, son rêve d’un jour voyager en terres australes se réalisera. Et l’on tourne les pages avec une curiosité portée par l’écriture fluide de l’auteur, sans les fioritures savantes ou sexuelles auxquelles on pourrait s’attendre à l’énoncé des deux quêtes susmentionnées. Oui, il y a de l’histoire, oui, il y a du sexe, mais ni l’un ni l’autre ne sont dans l’excès, à mon goût. J’étais par exemple davantage perdu par les détails de la géographie des lieux que par la culture des peuples autochtones ou les aventures sexuelles du héros. Le thème du souvenir, du devoir de mémoire à l’égard de ce qui a disparu, que ce soit un peuple, un être cher ou même un rêve, marque l’intégralité d’un récit qui marie avec justesse réalité et monde onirique. Alliance qui semble chère à l’auteur car on la retrouvait déjà dans « L’amant fantasmatique », son premier roman. Bref, même si la narration de certains événements qui marquent des tournants dans l’histoire se fait avec un tel détachement que c’en est, de prime abord, déconcertant, l’ensemble se lit avec un réel plaisir.
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L'amant fantasmatique

« Écrits du soir, tard » L'incipit donne la gamme d'un récit épistolaire mais pas que. On entend les vagues se heurter contre les rochers. Kerbihan se dévoile dans l'orée d'une histoire très belle, intime et troublante. Jean est brillant. Ethnologue, chercheur, il se trouve avec le narrateur plus jeune, dans un antre isolé, de faible espace, en promiscuité, éloigné d'un conventionnel placé au plus juste du raisonnable. C'est ici la beauté de ce récit. Ils vont travailler ensemble, rassembler les recherches de Jean. Fusionner dans ce temps hautement intellectuel, discuter apprendre de l'autre. Jean est calme, aérien, posé. le narrateur glisse dans ses désirs les plus profonds, inavouables. Il écrit en rythme pavlovien les jours qui passent, ses ressentis, lames de fond, bruit du vent, ce qui s'élève dans ces jours où l'attirance pour son lointain cousin le rend fébrile, maladroit et frustré. Jean lui explique que les Esquimaux savent l'existence d'amants fantasmatiques. Jusque-là tout va bien. Sauf que ces derniers répondent aux champs des paraboles, aux fantasmes, aux désirs qui peuvent par les images seules s'avérer plausibles. Dans cet habitacle autorisé le narrateur va jouer sa carte salvatrice. Chercher l'issue et s'autoriser aux extrêmes pulsions. On ressent à contrario une douceur de ton, mais une lourde ambiance oppressante pour le narrateur, empreinte de psychologie, de sexualité éclatée, verre qui va se briser au sol en mille morceaux. Jean est mystérieux, pragmatique, beau comme un dieu, gracile et attirant. le narrateur l'admire, et pourtant chacun de ses gestes est fantasmé, il n'ose pas. Si les Esquimaux savent et comprennent l'enjeu fantasmatique pourquoi pas notre narrateur ? Ce dernier plonge dans ses torpeurs, le journal devient un exutoire. Il cherche dans le labyrinthe de ses attirances, la somme du fantasme. Il va faire un pas de côté entre l'Arctique démystifié et le Finistère. Rencontrer des hommes jusqu'à plus soif dans un Kerbihan étrange, entre ombres et chimères. A l'instar d'un assouvissement sexuel, avide et passionnel. le mystique, le criant affirment le fantasme réalisé. Tout change soudain dans ce récit entrecroisé, bleu-nuit puissamment viril. Chevelures masculines s'agrippant à la Lande austère, observatrice et de délivrance vêtue. On ressent l'écriture de Guy Bordin comme un souffle dans un enjeu d'une narration qui bouscule tout diktat, toute retenue mentale. L'histoire est mousse, gestuelle, vivifiante, malgré ce crissant des frustrations pour le narrateur. On est dans ce sombre qui interpelle, on boit un café noir très serré. On pressent ce quelque chose qui va remonter à la surface après la bataille du filigrane sur le journal du narrateur. La trame est digne, capable et masculine. On aime plus que tout cette maturité, symbiose d'un livre superbement volontaire. Les garçons prennent vie dans les lignes. La puissance des désirs, les idéologies qui se torturent parce qu'elles n'osent pas. C'est aussi cela la formidable teneur de ce récit, la liberté d'être soi-même. Renouer avec ses fantasmes et croire en cette capacité sexuelle et assouvie. Les Esquimaux sont les guides ici. Dans cet épistolaire qui devient comme une Lande sauvage et rebelle. Une farandole d'hommes encerclés entre rêves et insoumissions. La folie serait de ne pas bouger, de feindre. Où le narrateur va-t-il emmener le lecteur ? « L'amant fantasmatique Journal de Kerbihan » est dans cette littérature affirmée, capable et résistante. La rencontre est surprenante et osée. Elle bouscule tout et frappe de plein fouet tel le vent les persiennes des impossibilités. On pénètre le coeur de l'homme, chacune des perles de sueur, chacun des fantasmes dans cette magnificence d'un lâcher-prise hors pair. Le risque prend la fuite dans cette Lande sauvage, aux abois. Le narrateur pénètre subrepticement, irrévocablement son propre huis-clos. Ne rien dire de plus ! « L'Amant fantasmatique » est dans cet entre monde mené d'une main de maître. Captivante, superbement masculine cette histoire encercle les fantasmes à l'instar des aurores boréales. « Quantum Scandola » Publié par les Éditions Maïa.
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L'amant fantasmatique

Les avides incarnations des fantasmes, les dédoublements meurtriers du désir, les rêves et leurs diurnes compensations. Derrière une légende inuite, sous le masque de la mandragore, Guy Bordin livre une histoire d'attraction et de magie, de fantasmes crus et d'oniriques passages à l'acte. L'amant fantasmatique où les arrangements du désir malgré une rencontre un peu ratée.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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L'amant fantasmatique

Dès les premières pages, j'ai été accroché. La tension sexuelle qui s'installe entre le personnage principal et son excitant cousin m'a fait tourner les pages (à deux mains, je vous rassure !).



Nous sommes loin d'un livre homo-érotique ou de toutes ces histoires qui envahissent Wattpad. Il y a du sexe, de la frustration, mais nous sommes bien dans un roman de littérature, avant d'être « de genre » (je n'aime pas cette expression, mais c'est ce qui est le plus clair).



J'ai retrouvé la même ambiance estivale que dans les romans « d'été » comme Les Vacances du petit Renard, avec des errances du personnage principal dans les landes bretonnes et ses fantasmes centrés sur un homme. Mais Guy Bordin s'en échappe rapidement pour partir sur quelque chose de complètement barré, difficilement descriptible sans gâcher le plaisir de la lecture.
Lien : https://lgbtheque.fr/livre/r..
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L'amant fantasmatique

La présentation du livre m’a interpellé, je voulais savoir ce qu’était un amant fantasmatique. Je ne suis pas déçu du voyage. La forme du journal peut déstabiliser, personnellement je ne suis pas fan. Mais il faut dire que c’est bien amené, donnant rythme et clarté au récit. Je me suis donc laissé emporter par cette aventure très étrange. Entre rêves, réalité et fantastique, la complexité des événements est rendue particulièrement limpide par l’auteur. Je ne peux pas trop en dire pour que chaque lecteur puisse découvrir ce qu’est un amant fantasmatique.

Les différents personnages sont dépeints très rapidement, mais avec assez d’éléments pour laisser toute latitude à l’imagination du lecteur. Beaucoup de scènes sont très chaudes, indispensables et parfaitement intégrées à l’histoire. Et ces scènes fonctionnent très bien, le cerveau que le lecteur a entre les jambes réagit plutôt efficacement à ces descriptions.

Un livre qui sort des sentiers battus pour une aventure aux frontières de la réalité. Mais un livre qui marque les esprits. Des amants fantasmatiques, nous sommes beaucoup à en avoir eu, sans doute pas avec une telle intensité. Les épisodes plus sombres pourraient sembler dommages, mais ils ont bien leur place dans le récit. Je suis juste un peu étonné par la fin, il y aurait sans doute encore pu y avoir des développements… ou alors c’est au lecteur de continuer à fantasmer.


Lien : https://www.contesdegays.com..
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Vers le monde bleu

Quelle ravissante histoire, qui me transporta dans ces contrées froides et balayées par les vents que sont les îles constituant la collectivité d’outre-mer française Saint-Pierre-et-Miquelon, située au sud de Terre-Neuve. Ce fut aussi une introduction ethno-historique plus que fascinante aux peuples qui vivaient sur ces terres jadis et, en partie, y vivent encore, notamment les Indiens Beothuk et Mi’kmaq.



L’on suit le narrateur, un jeune prof, gay mais plutôt dans le placard (davantage par discrétion et manque d’opportunités que par honte), qui se passionne depuis toujours pour le grand Sud (plus c’est près de l’Antarctique, plus ça le botte) et pour les peuplades autochtones, surtout celles désormais disparues. Il n’arrive pas trop à se l’expliquer, mais son plus grand rêve est d’aller à la rencontre des derniers survivants, si tant est qu’il y en ait, et de fouler ces rives lointaines. Bon élève, issu d’une famille de classe moyenne sans grande fortune, très terre-à-terre, il voudrait bien faire des études d’ethnologie. Mais son caractère cartésien l’en dissuade – il ne voit pas trop de débouchées à ce plan de carrière. Il se rabat donc sur la géographie et l’histoire. Diplôme en poche, il se fait embaucher sans problème par l’Éducation nationale et occupe son premier poste dans une petite ville de l’Est. Dès qu’il le peut, il dépose sa demande de mutation en sélectionnant des destinations qui le rapprochent le plus possible de son rêve : la Nouvelle-Calédonie et, après de tortueuses ratiocinations, la Guyane.



Ce que l’on lui propose est un poste à l’extrême opposé, bien plus près de l’Arctique que de son antipode tant fantasmé par le jeune homme : justement, Saint-Pierre-et-Miquelon. N’étant plus à une torsion de logique près, il accepte en se disant que, partir pour partir, le saut ultime sera plus facile à faire, psychologiquement parlant, que depuis la métropole. Une fois arrivé sur place, il fait la connaissance de son collègue Jacques, prof de sport, qui en une seule conversation réussit à vaincre le penchant du jeune homme pour la solitude. Il l’attire dans le filet de ses propres lubies, qui tournent autour d’un sujet auquel notre narrateur est bien sensible, à savoir les peuples perdus locaux, surtout les Indiens Beothuk et l’histoire de sa dernière survivante, morte au XIXe siècle à Terre-Neuve. Surprise encore plus grande pour notre prof d’histoire-géo : Jacques, quoique marié, le séduit, ils deviennent amants, ils tombent même éperdument amoureux l’un de l’autre. Mais c’est là que l’histoire prend une tournure d’abord tragique, puis romantique à souhait…



J’ai été immédiatement happé par ce récit contant la vie d’un « aventurier en mocassins à glands, effrayé par ses propres ombres », comme le narrateur, qui parle à la première personne, s’auto-décrit. C’est le deuxième roman de Guy Bordin que j’ai la chance de découvrir (après L’amant fantasmatique), et je n’ai pas été déçu, une fois de plus. Avec lui, tout ce je sais, c’est que je ne sais jamais ce qui m’attend, je ne devine pas les tournants, pas même les tenants et aboutissants. Tout a l’air neuf, frais, inattendu. Le personnage principal est touchant par son manque d’assurance, ses questionnements, sa soif de rationalité même dans les domaines a priori les plus irrationnels (les émotions, les sentiments, les rêves). On connaît son caractère moins par ce qu’il dit sur lui-même (il reste assez pudique) que par la façon de laquelle il amène ses petites touches personnelles. Il vit, il prend forme, couleur et chair par sa belle prose claire, quelque peu désuète (joliment désuète, je dois dire), mais toujours directe, sans fioritures baroques.



C’est donc par le bout de mon attirance pour les belles phrases que j’ai été tiré dans cette narration, elle aussi claire et directe. Il n’y avait aucune longueur, pas un mot de trop, pas un passage superflu. Je me suis laissé entraîner, ballotter, charmer par une plume de maître, je dois le reconnaître. Que ça fait du bien de voir autant de traitement respectueux, amoureux de cette belle langue qu’est le français ! Tout était en douceur, en discrétion, et paragraphe après paragraphe, la vie de ce narrateur a pris forme. C’était touchant de suivre ce jeune homme qui faisait quand même un peu « vieux garçon » et qui éclot quand il découvre la beauté de l’amour, les délices de la chair, l’intimité de passer du temps avec un être chéri.



Après ces louanges écrites au superlatif, vous ne serez donc pas surpris si je vous exhorte à vous procurer ce petit bijou, que je recommande vivement. C’est différent, et c’est du coup très rafraîchissant.
Lien : http://livresgay.fr/vers-le-..
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Vers le monde bleu

Aujourd’hui je vais évoquer Vers le monde bleu roman initiatique de Guy Bordin.

Ce roman est écrit à la première personne du singulier, le narrateur est un jeune homme français professeur d’histoire-géographie passionné d’ethnologie qui rêve d’ailleurs et de paysages du sud. L’incipit débute ainsi : « mes pensées ont toujours été dirigées vers le sud, je veux dire vers le Grand Sud, comme d’autres ne jurent que par le Grand Nord. Dès l’enfance, lectures et rêves m’y ont transporté ». Il expose les trois destinations qui représentent les graals qu’il souhaite connaitre dans sa vie. Au début de l’histoire, dans les années 1990, il exerce dans l’est de la France mais espère ardemment une mutation vers l’outre-mer. En Lorraine il n’a pas de relation sentimentale ni de vie sexuelle avérée, il est célibataire et voit régulièrement ses parents lors des vacances. Alors qu’il fantasme les latitudes australes son destin (ou plutôt les postes vacants de l’Éducation Nationale) le conduit vers des contrées boréales. Sa destination est Saint-Pierre-et-Miquelon où il est affecté comme enseignant. Il est ravi de partir là-bas et d’exercer sa profession auprès d’élèves issus d’un environnement socio-culturel différent. Le jour de la rentrée des classes il rencontre un collègue qui va le révéler à lui-même. Il était conscient de son orientation sexuelle mais à trente ans il était encore vierge. Aux côtés de Jacques, le breton professeur d’éducation physique marié à une îlienne, il va vivre une discrète, fougueuse et intense passion. C’est comme s’il devait rattraper le temps perdu et profiter de tous les plaisirs charnels offerts. Vers le monde bleu est à la fois un roman d’amour homosexuel et un parcours ethnographique, une quête dans le milieu des Inuits. Les amants passent des jours tranquilles à Miquelon où ils se promènent et font l’amour à l’abri du regard de la population locale. Quelques scènes charnelles ponctuent la narration, les descriptions sont explicites, la découverte du plaisir et de la jouissance partagés transforme le protagoniste. L’amour entre les deux hommes est incandescent et lumineux, de l’ordre de l’évidence. A partir de Saint-Pierre les deux hommes vont voyager vers Terre-Neuve et les contrées nordiques du Canada. Les descriptions des paysages et des road-trips sont réussies. Ils sont à la recherche de poupées et de statuettes autochtones, dont la légende révèle l’existence, ils cherchent des pièces uniques et visitent d’improbables musées pour trouver ces pièces. Au gré du calendrier scolaire les deux amants apprennent à se connaitre et rêvent d’un futur sentimental partagé, leur amour est réciproque, Françoise la femme de Jacques ne l’a jamais connu aussi heureux. Il meurt subitement d’une crise cardiaque et laisse son amant désemparé et seul. Ce dernier se rapproche alors de Paul un jeune indien (rencontré lors de leur périple, à l’instar de Serge autre personnage de ce récit) avec qui il va s’exiler en Patagonie abandonnant son métier et ses attaches pour vivre enfin son rêve. Quelques années après ils sont heureux ensemble, leur couple résiste au temps qui passe.

Vers le monde bleu est un texte attachant même s’il est parfois trop didactique avec les nombreuses références ethnographiques comme si l’auteur ne choisissait pas pleinement l’écriture romanesque. Les citations littéraires d’auteurs (Chatwin, Coloane et d’autres) sont intéressantes mais parfois un peu en décalage avec le propos narratif.

Voilà, je vous ai donc parlé de Vers le monde bleu de Guy Bordin paru aux éditions de la Trémie.


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L'amant fantasmatique

Juillet 198X : le narrateur, jeune étudiant passionné d'histoire, s'apprête à passer quelques semaines dans une petite maison bretonne avec Jean, qui est à la fois son professeur d'Histoire moderne et son cousin qu'il n'a jamais connu. Problème : Jean est particulièrement attirant aux yeux du narrateur, lequel lutte pour réfréner ses sentiments. Un jour, Jean parle à son cousin d'une croyance propre aux Inuits : quand on désire ardemment une personne, il se peut que l'on rencontre dans nos rêves et au-delà, son double fantasmatique. Avec cette information, et aidé par différentes rencontres, le narrateur passera un été différent de ce qu'il prévoyait.



La charge érotique qui traverse la centaine de pages de ce journal fictif est élevée. Avec une écriture joliment travaillée, l'auteur donne corps aux fantasmes de son personnage. Si j'ai pu regretter l'aspect parfois stéréotypé de ces scènes de sexes - on trouve dans L'amant fantasmatique tout le "bestiaire" habituel de l'homoérotisme avec le goût pour l'interdit incestueux, l'uniforme, l'homme de foi et les corps jeunes et "bien faits" -, elles n'en restent pas moins efficaces et l'éveil charnel dont le narrateur est le sujet est particulièrement bien décrit. Les tensions sexuelle et narrative se fondent quasiment parfaitement l'une à l'autre.



J'aurais sans doute préféré, pour éviter cet aspect un peu cliché, que les amants fantasmatiques prennent plus de place, et que le nombre d'amants réels soit diminué (un seul, le serveur du restaurant, m'aurait semblé suffisant). De cette manière, j'ai l'impression que le caractère fantastique de l'histoire aurait gagné en intensité. Même si elle est une composante quasi obligatoire du texte érotique, la facilité d'accès au sexe me semble enlever du sens aux apparitions fantasmatiques, les rendant forcément moins nécessaires.



L'amant fantasmatique n'est pas qu'une longue initiation à la sexualité entre hommes. Aux désirs du narrateur, s'ajoute une part de mystère qui émane certes des forêts bretonnes, mais qui vient également de la disparition d'un chef scout qui va préoccuper les esprits des gens du coin. Une intrigue presque policière qui est la bienvenue mais qui aurait gagné, une fois de plus, à bénéficier d'une plus grande importance. Même si je dois reconnaître que le jeune gendarme qui séduit le narrateur ne me laisse pas forcément insensible, leur liaison donne en réalité lieu à des épisodes qui déforcent quelque peu la vraisemblance du récit. Si cette double intrigue permet à l'auteur de mettre en lien la sexualité et la mort, les fameux Eros et Thanatos, quasiment toujours présents quand il s'agit de littérature homosexuelle, cela manque légèrement à mon sens de profondeur.



C'est donc une lecture très plaisante que celle de L'amant fantasmatique, qui est une belle entrée en littérature pour Guy Bordin, malgré les quelques bémols que j'ai pu évoquer. Un texte sensuel qui se déguste, non sans plaisir.
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L'amant fantasmatique

Connaissez-vous Guy Bordin ethnologue et réalisateur ? Pour ma part, je viens de le découvrir avec son roman "L'amant fantasmatique - Journal de Kerbihan" aux Éditions Maïa.



De nombreux sentiments m'ont parcourus lors de cette lecture. Si cela n'a pas été un coup de cœur, j'ai malgré tout apprécié cette lecture si particulière. Ces quelques pages de journal intime nous plongent dans un environnement où le fantasme côtoie l'authenticité du quotidien.



Il vous faudra faire le tri entre réalité et imagination, en vous méfiant des embûches car la mort rode non loin sur ces terres bretonnes. Vous devrez vous faire votre propre opinion en perçant la trouble vérité de ce qui se passe dans la forêt et découvrir ce que cachent certains personnages. Méfiez-vous des apparences !



Beaucoup de tensions sexuelles s'immiscent entre ces lignes, allant crescendo page après page. Elles sont palpables, parfois oppressantes, parfois attirantes. Elles viennent troubler le personnage principal, le persécuter jusque dans ses rêves, en le détournant progressivement de la raison. Dès lors, où se situe la limite entre le rêve et la réalité ?
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L'amant fantasmatique

Voici un roman original par son sujet et son style. le récit oscille entre érotisme et onirisme, entrainant le lecteur dans une fantasmagorie libidineuse délectable, d'autant que l'auteur sait rester parfois suffisamment vague pour laisser libre cours à l'imagination de son lecteur. le style est agréable, la construction maîtrisée, le vocabulaire riche, l'auteur n'hésitant jamais à être très cru quand cela est opportun. le livre est construit comme un journal intime, "Je" étant le narrateur (on ne saura d'ailleurs jamais son prénom, même s'il y est fait allusion dans un passage du livre). L'absence de dialogue accentue le rythme journalistique du récit écrit seulement du point de vue du narrateur qui finit par perdre, avec lui, le lecteur entre réalité et imaginaire, pour son plus grand plaisir. le décor granitique de basse Bretagne, terre de légendes, ajoute un grand plus à l'atmosphère fantasmagorique de l'histoire (un auteur qui cite Anatole le Braz, pensez !) La fin est assez surprenante, voire déroutante, mais chaque lecteur devrait en tirer sa propre conclusion !
Lien : http://homo.libris.free.fr/i..
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L'amant fantasmatique

J’ai été très troublé, et ce dès le début, par le narrateur et ses fantasmes. C’est quelque chose que j’admets de plus en plus volontiers : les descriptions érotiques, voire carrément sexuelles, en littérature, ça me plaît. Et quand c’est lié dans le récit avec une enquête étrange, des personnages plus bizarres les uns que les autres, ça me plaît encore plus. Même si je ne suis pas toujours un fan des récits en forme de journal (les répétitions et les descriptions peuvent y être un problème), j’ai trouvé ici que ça avait du sens et portait même l’histoire. Parce qu’on est dans la tête du narrateur. Et il s’en passe des choses, dans cette tête ! Je n’en dirais pas plus pour ne gâcher aucune surprise à la lecture, sinon que L’amant fantasmatique est un récit curieux et entraînant, qui m’a beaucoup plu !
Lien : https://ledevorateur.fr/livr..
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L'amant fantasmatique

Je remercie Guy Bordin pour sa confiance.



Le titre et le résumé ont tous les deux été pour moi un mystère jusqu’à ma lecture.

Enfin mystère plus dans le sens où je voulais en savoir plus.



La mise en page est très jolie, les paragraphes sont courts et les chapitres aussi.

En début de chapitre, nous avons les jours et ensuite nous avons les écrits du matin, du midi, du soir, etc.



Cette histoire est très poétique et c’est une lecture qui « change » pour moi malgré que ce soit une histoire érotique, la plume de l’auteur me fait penser à une lecture classique aux paroles « historiennes ».



Dés le début, nous voyageons et malgré les courts paragraphes nous avons les détails suffisants à notre lecture.

J’ai beaucoup aimé les descriptions des maisons et des bâtiments.



Plus nous avançons dans l’histoire plus nous prenons connaissance du désir de notre personnage principal qui est assez troublant, nous le suivons dans plusieurs situations. Mais nous n’avons pas que ça, effectivement nous avons des voyages, du travail, des pensées d’écritures, etc. Nous apprenons aussi beaucoup plus sur « l’amant fantasmatique » car au final c’est quand même un sujet principal du résumé et c’est aussi le titre.



Entre pensée et réalité, fantasmes et désirs, hallucinations et évènements imprévus, nous allons comprendre.



La fin est surprenante et me laisse sur un questionnement inattendu.
Lien : https://mdllejustinelit.word..
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Islande : Le guide de l'île aux volcans

Ce guide n'est pas très sexy. Pas d'images grand format, des illustrations sous forme de dessins ou de photos de faible qualité. Oui mais... Mais un texte très riche, sur l'histoire, sur la mythologie islandaise, sur la géologie (et il y en a, des choses à dire, c'est un pays encore en mutation!), sur le volcanisme, sur la faune, sur la flore, bref, un guide très très précieux qui sort des clichés pour vous en apprendre plus sur cet énigmatique pays de fumées et de landes désolées. Un must, absolument, pour tous ceux qui sortiront des chemins battus !

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