Adel est resté là, frémissant de rage, avec au cœur l'impression qu'on avait accordé ce procès à sa famille, cette famille d'immigrés et anciens habitants de Clichy-sous-Bois, que pour mieux la punir d'avoir porté plainte.
"En fait, le lendemain, il (Muhittin) a dit à ses parents qu'il avait besoin de prendre l'air. Il est sorti, mais il est pas resté au quartier. Il a marché, marché, marché, et au bout d'un moment, tout seul, il est allé juste devant le commissariat de Livry. Et là il s'est mis à crier qu'il était revenu, qu'ils pouvaient venir, qu'il voulait mourir. Il a pleuré, les policiers savaient pas quoi faire. Pour finir, il a fait prévenir les grands de la cité. C'est eux qui sont venus le chercher pour le ramener chez lui" (propos recueillis par l'auteure)
Le jour a fini par se lever. L'aube répand sur Clichy une lumière aussi grise que les carcasses tordues des voitures brûlées.
"La nuit a été tumultueuse, bruyante. Certains se sont relevés pour vérifier par la fenêtre que la voiture ne flambait pas."