Dans leur livre, "Chômeurs, vos papiers !", les 5 sociologues sociologues Claire Vivès, Luc Sigalo Santos, Jean-Marie Pillon, Vincent Dubois et Hadrien Clouet dissèquent la montée du régime de contrôle et de sanction à l'oeuvre à l'égard des chômeurs. Pourtant, cette activité dédiée ne produit pas grand chose. La principale cause de radiation reste et demeure le fait de ne pas répondre à une convocation sans qu'on sache pourquoi les chômeurs ne s'y présentent pas. Les rares enquêtes montrent plutôt que les chômeurs sont en recherche active de travail, mais que le marché du travail ne propose pas assez d'emploi pour les satisfaire (et la piètre qualité de ces emplois explique bien plus qu'ils ne soient pas pourvus que la conviction que les gens ne veulent pas travailler).
Enfin, et c’est certainement le plus préoccupant, “la fréquence des sanctions varie selon le public”, au détriment des chômeurs signalés par leurs conseillers, des personnes qui n’ont pas travaillé depuis un an, de ceux qui sont dans des secteurs en tensions, alors que c’est bien moins le cas de ceux qui déclarent créer une entreprise. Comme disait Vincent Dubois dans son livre précédent, "Contrôler les assistés", les contrôles croissent avec la précarité. La règle se vérifie encore et toujours.
Au final, le surcontrôle des plus précaires semble surtout être un outil très efficace pour invisibiliser le sous-contrôle des mieux pourvus. A défaut d’avoir jamais vraiment lutté contre le chômage, nos sociétés désormais luttent contre les chômeurs, comme si la lutte contre les conséquences pouvait agir sur les causes. On ne sera pas étonné en tout cas, d'observer, encore une fois, que le contrôle, malgré ses raffinements, ne produit pas grand chose.
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