Un jour il y aura perfection du cercle
Et nous nous réjouirons ensemble sur cette terre.
L'étranger reviendra de son long voyage
Jusqu'à l'endroit où il est né
Dans les métaphores, dans l'imaginaire
Au seuil de l'absence
Il retournera à la poésie.
Nous étions seuls, si seuls face aux tyrans
Nus, nos cœurs nus
Tels des cailloux qu'on jette à la rivière
Pour qu'ils puissent jouer loin de la peur.
A présent, les habitants de la terre jettent leurs cœurs
Sur les berges des rivières
Pendant que leurs corps restent à la maison à attendre.
Que peut faire la poésie
Pour tirer l'humanité hors de son refuge
Pour que jamais ne s'assèche la chanson
Si ce n'est rendre hommage à la vie
Aux ombres de la vie…
Dans la langue.
Extrait de la lettre à Saint-John Perse (p.129-135)