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Antoine Jockey (Traducteur)
EAN : 9782362293764
144 pages
Editions Bruno Doucey (02/09/2021)
3.85/5   13 notes
Résumé :
"Du haut des montagnes les hirondelles
Se sont jetées sur notre balcon
Elles ont construit leur nid avec la paille du silence
Et lorsque la famille fut au complet, elles s’envolèrent.

Voilà leur histoire."
Que lire après Les hirondelles se sont envolées avant nousVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Qu'on ne s'y fie pas, derrière ce très beau titre qui évoque ce petit oiseau migrateur, s'élève un chant d'exil et d'absence. Dès le premier poème, le lecteur est confronté à la guerre qui pousse à l'éloignement et à l'abandon des maisons.
En temps de guerre, il faut donc partir, quitter son pays, la Syrie, pour un autre, inconnu
« Nous étions sur le chemin, les oiseaux aussi »
Tous ont pris le chemin de l'exil et s'efface le passé et s'émousse le courage.
« La terre a été désertée par ses fils »
On devient étranger au milieu d'autres étrangers et on tend le doigt vers l'Orient.
L'histoire est un tyran qui jette les gens sur les chemins. Il faut se confronter à l'absence dans le souvenir de l'arbre penché sur la rue …et espérer
« Tout ce que je souhaite à mon retour
C'est retrouver le chemin, le trottoir, la vieille maison
Et que l'arbre se souvienne de moi »
Malgré l'absence et l'exil perdurent les rêves « aussi nombreux que les oiseaux, aussi simples qu'une tasse de café » alors que « des chansons sans chemin de retour » restent prisonnières de la mer.
Désormais, Damas et Alep sont les villes d'une patrie perdue que la poétesse se refuse à pleurer.
Il arrive que l'amour traverse le chemin, il le déserte aussi, il trébuche car, dit-elle, « après la perte, nous ne sommes plus les mêmes »
Et toujours les oiseaux qui accompagnent l'exilé, les oiseaux et les arbres : caroubier, pistachier, olivier…qui rappellent le pays.
Ce chant d'exil se termine sur une note d'espoir et d'amour au pays et à sa langue
« Que peut faire la poésie
Pour tirer l'humanité hors de son refuge
Pour que jamais ne s'assèche la chanson
Si ce n'est rendre hommage à la vie
Aux ombres de la vie…dans la langue. »

Dans ce recueil, les textes sont en miroir, à gauche le poème en arabe, à droite en français et passer d'une langue à l'autre, c'est comme passer d'un pays à l'autre. Ainsi, en lisant on voit l'exil mais aussi l'espoir et l'amour qui, malgré la souffrance, sont toujours là comme la lune.
La poésie d'Hala Mohammad suit l'ascension de l'oiseau, elle en possède la grâce et la beauté, l'émotion est là.
« Et cet oiseau qui passe…un vers de poésie »



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Dans ce recueil, Hala Mohammad nous conte l'exil, sa perte de repères et de sens donné à l'existence, ses douleurs, ses regrets, pour elle a qui dû fuir la Syrie il y a maintenant une décennie.

Exil raconté par les souvenirs, dans toute leur essence, les sons, les images, les odeurs… qui insiste sur la nostalgie d'une contrée perdue brutalement, rendant la perte, forcément, encore plus douloureuse et difficile.

Avec Les hirondelles se sont envolées avant nous, le poème se fait d'abord récit de la perte et de l'absence, mais aussi, et plus encore, parce qu'il est remémoration du paradis perdu, recréation poétique de souvenirs qui lui redonne vie et corps, ressuscitant ainsi pleinement, et magnifiquement, tout ce qui a été perdu.

Une belle découverte que ce recueil en somme, mon seul regret, étant, encore une fois, d'être incapable de lire les poèmes en version originale.
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Dans le deuxième Vleel consacré à la rentrée littéraire sur Instagram, j'avais beaucoup aimé entendre Bruno Doucey parler entre autres de ce recueil paru chez les éditions éponymes et en lire un court extrait.
L'autrice syrienne, poétesse et réalisatrice a trouvé refuge en France et travaille au sein d'une association à rapprocher les deux cultures, française et syrienne.

Dans ce recueil, elle parle des oiseaux, des arbres, de l'art et des petites choses du quotidien entre autres, elle ne nomme jamais frontalement les horreurs de la guerre, la tyrannie de l'oppression. La douleur de l'exil suinte pourtant de ses poèmes sans pour autant qu'ils soient tristes, ils portent l'espoir en eux malgré la nostalgie du pays perdu et d'une vie différente.
Un très beau recueil avec le poème en langue arabe sur la page de gauche et en miroir à droite, la traduction. Pour qui ne lit ni ne comprend l'arabe, une plongée en terre étrangère comme un écho à ce que l'autrice a vécu en s'installant ici. Parler de poésie relève tellement de l'intime que je ne me sens pas capable de le faire. Chaque lecteur aura son propre ressenti...
Merci à Babelio et aux éditions Bruno Doucey pour l'envoi de ce recueil que j'ai lu avec intérêt et plaisir.
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J'ai trouvé ce livre en médiathèque, il semblait parfait pour mon « tour du monde ».
Attirée par le titre « Les hirondelles se sont envolées avant nous », je ne pensais pas le sujet aussi sérieux.
Poèmes en prose, où il est question d'exil, de terre, de chemin et de maison, d'oiseaux.
Hala Mohammad utilise peu de ponctuation, encore moins de points. Ses mots s'écoulent. La lecture n'en est pas toujours aisée.
A cela s'ajoutent la mélancolie, et l'espoir.
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D'abord, merci aux Éditions Bruno Doucey et à Babelio grâce à qui j'ai eu la chance de recevoir ce titre lors de la dernière masse critique.
Pour connaître cet éditeur, je savais à quoi m'attendre : un sublime recueil de poésie.

La beauté de l'ouvrage réside non seulement dans ces poèmes mais aussi dans sa pagination.
A chaque page de gauche se trouve le poème de la page de droite calligraphié en arabe.

Un livre qui m'a fait voyager.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
« Le peuplier derrière l’enceinte de la maison
offre-lui un rire à la fenêtre
offre-lui les cordes à linge, les miroirs
Et les pinces à linge de bois. »
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Chemin VI



Le chemin que nous avons déserté
Revient sous nos pieds, pas à pas
Pour que le monde soit sauvé, nous nous en sommes soustraits
Sous notre vaste mort nous dissimulons
Ce que nous pouvons de nos besoins
La lune, les rendez-vous et des baisers ravagés
Nous dissimulons les jours pour que les jours soient sauvés
Chaque fois que nous empruntons un chemin,
Le chemin revient sous nos pas
L’Histoire se lève tel un tyran, elle nous expose
Comme au marché aux esclaves
Elle nous demande d’esquisser nos sourires blancs
Et nous les montre dans ses miroirs
Nous nous distrayons, nous nous jetons sur sa poitrine, confiants.
Pas à pas le chemin revient
Il nous conduit aux sources du désir dans ce vide immense
La tristesse ne nous est pas étrangère
Ni les oiseaux ni les mers ni les arbres
Et de ciel en ciel, de terre en terre
Nous croulons sous le poids de l’amour

L’amour
Premier alphabet.


/Antoine Jockey (Traducteur)

* Les hirondelles se sont envolées avant nous.
À paraître en librairie le 2 septembre 2021
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Et la terre tourne, tourne et nous fait tourner avec elle
Et nous grandissons

Tout ce que je souhaite à mon retour
C'est retrouver le chemin, le trottoir, la vieille maison
Et que l'arbre se souvienne de moi.
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Où que je passe en ce monde
le vent s'attarde dans les arbres
Et les arbres répandent leurs feuilles sur mon chemin

Pour m'accoutumer au chemin, me dis-je
Pour t'accoutumer à l'absence, me disent les arbres.
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Un jour il y aura perfection du cercle
Et nous nous réjouirons ensemble sur cette terre.
L'étranger reviendra de son long voyage
Jusqu'à l'endroit où il est né
Dans les métaphores, dans l'imaginaire
Au seuil de l'absence
Il retournera à la poésie.
Nous étions seuls, si seuls face aux tyrans
Nus, nos cœurs nus
Tels des cailloux qu'on jette à la rivière
Pour qu'ils puissent jouer loin de la peur.
A présent, les habitants de la terre jettent leurs cœurs
Sur les berges des rivières
Pendant que leurs corps restent à la maison à attendre.
Que peut faire la poésie
Pour tirer l'humanité hors de son refuge
Pour que jamais ne s'assèche la chanson
Si ce n'est rendre hommage à la vie
Aux ombres de la vie…
Dans la langue.

Extrait de la lettre à Saint-John Perse (p.129-135)
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Videos de Hala Mohammad (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hala Mohammad
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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