Ce que je préférais durant la guerre, c'était dormir à la belle étoile. Dans les Alpes dinariques. Le coucou était notre réveille-matin. Je ne le voyais jamais, mais il nous faisait nous lever avant l'aube, car la terre elle-même nous soutenait. Les Serbes étaient toujours endormis, de l'autre côté de la colline et de la suivante. Putains de feignasses. Ils ne se battaient jamais avant 8 heures. J'imagine qu'on peut les remercier pour ces beaux matins. Des matins silencieux et ensoleillés avec le meilleur petit déj au monde : un café bûcheron et une tranche de povitica. On mangeait en silence, observant les premiers rayons de soleil qui s'attaquaient au beurre encore dur après la froideur de la nuit.