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Citation de Tempsdelecture


Avant que je ne puisse trouver une manière intelligente d'en savoir plus, la ville est déjà derrière nous et nous nous engageons sur un pont que je ne reconnais pas. Je m'agrippe au siège de la voiture. Pour rejoindre le continent, il a toujours fallu emprunter un ferry, que les dauphins coursaient ; et puis ce moment ou, passé le coude, Lyra disparaissait dans notre dos. J'avais toujours peur de ce moment, de ce rappel - les corps que j'aimais le plus dans cette vie se laissaient trop facilement engloutir par l'eau.

J'aurai beau ne plus me rappeler mon propre nom, je garderai toujours dans ma mémoire le tracé des taches de rousseur qui ornaient le torse de Gabriel, la façon dont ses mains étaient sculptées et dont elles enveloppaient les miennes, leur côté duveteux et hésitant. J'adorais appuyer sur la peau de son ventre pour faire ressortir la jolie mais discrète formation de ses muscles, juste en dessous. Certains jours il était irlandais, d'autres il était français ; il était fils de gitan, ou peut-être d'un roi espagnol. Gabriel lui-même l'ignorait. La seule certitude, c'est que plus jamais je ne retrouverai son corps - ce corps que j'aimais tant voir se déplacer à la surface de la terre, ce corps né dans la rue sous la constellation du Cygne, comme il disait toujours. Où les morts font leur sortie et les nouveau-nés leur entrée...

"Elle ! crie Simon. Que voulais-tu savoir ?

- Ou allons-nous ? dis-je.

- Chez le médecin, répond-il en se tournant vers moi. On vient juste d'en parler. On va chez le médecin, aujourd'hui."
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