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EAN : 9782413077923
240 pages
La Croisée (26/04/2023)
4.15/5   10 notes
Résumé :
USA, 1941. Après un mariage arrangé, la jeune Elle Rainier débarque sur l’île de Lyra avec son époux Simon. Cette île sauvage est connue pour ces eaux scintillantes renfermant de mystérieuses pierres bleutées, gages de fortune pour qui sait les attraper. Mais Elle ne se soucie que de son véritable amour, Gabriel, qu’elle retrouve en cachette sur l’île. Pour elle comme pour Simon, qui connaît d’autres amours, une vie de non-dits et de faux-semblants s’installe. Cinqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Empreint d'une poésie évanescente, d'une nostalgie subtile et bleutée, ce roman est aussi insaisissable que les pensées d'Elle, la narratrice dont la mémoire vacille. La plume est d'une rare puissance d'évocation, tissant un décor nimbé de nappes de brume enveloppantes tandis que Hannah Lillith Assadi joue avec le rêve américain et ses multiples facettes, entre étoiles et désespoir, rêve de fortune et dépendance amère (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/04/28/les-etoiles-de-lyra-hannah-lillith-assadi/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Elle, 20 ans, qui a fait un mariage arrangé à la demande de son père pour qu'elle soit à l'abri du besoin, s'installe avec son mari sur l'île de Lyra, au large de l'état de Géorgie, en 1941; ils sont accompagnés par Gabriel, qu'Elle fait passer pour son cousin mais qui est le grand amour auquel elle aurait dû renoncer en se mariant. Nous sommes en 1997, Elle est atteinte de ce qui s'apparente à la maladie d'Alzheimer, son mari, qui était persuadé faire fortune en découvrant de précieuses pierres bleues au fond de l'océan, est ruiné, Gabriel s'est noyé il y a fort longtemps.
Le roman est bâti sur une alternance entre le présent dont Elle s'absente de plus en plus souvent et le passé qui ramène à sa mémoire des souvenirs qui se mélangent au présent, qui apparaissent par bribes, sans chronologie. L'auteure rend très bien la confusion mentale dans laquelle se perd Elle à cause de la maladie. Elle nous transmet et nous fait ressentir cette confusion comme si nous étions Elle; il faut d'ailleurs, en permanence, au lecteur/trice un peu de temps pour savoir si on est dans le présent ou le passé, on découvre les personnes qui l'entourent au fur et à mesure qu'Elle les reconnaît. En me lisant, on pourrait penser qu'on est perdu dans le labyrinthe des souvenirs du personnage mais pas du tout; Hannah Lilith Assadi a réussi le tour de force de nous faire rentrer dans la tête d'une vieille femme atteinte de la maladie d'Alzheimer sans jamais être totalement désorientés comme l'est Elle.
Ce personnage féminin, qui n'a aimé, dans sa vie, qu'un homme qui n'était pas son mari, auquel elle pense et elle s'adresse des dizaines d'années après sa mort, qui se laisse envahir par le passé face à un présent qui lui échappe est très touchant et émouvant. le roman est empreint de la nostalgie, de la mélancolie du temps et d'une époque passés, des proches disparus mais qui ne nous quittent jamais.
Les descriptions de l'île, qui existe mais sous le nom d'île de Cumberland, sont grandioses, en accord avec la couverture du roman que je trouve magnifique, où ciel et terre se confondent, parsemés de lucioles qui rendent le tableau féérique. L'océan est un personnage à part entière qui a marqué la vie de Elle : il lui a pris son seul amour, il a ruiné son mari, elle rêve de s'y perdre, il a fait fantasmer tous les habitants de l'île, persuadés qu'il cachait en son sein des pierres précieuses bleues qui les rendraient riches. Il reste un insondable mystère qui fascine, attire, fait peur et nous survivra.
#LesÉtoilesdeLyra #NetGalleyFrance
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"Je comprends que mon cerveau se décompose, que mes souvenirs disparaissent sous la couverture du temps, comme ces coquillages qui s'arrachent au rivage pour être retournés au roulis de l'océan." déclare l'héroïne Ellie, atteinte de troubles de la mémoire, au crépuscule de sa vie...

Classé par le New Yorker parmi les meilleurs romans en 2022, cette histoire d'amour romantique à la mélancolie fitzgeraldienne est aussi envoutante que bouleversante grâce à sa prose poétique.

"Les Étoiles de Lyra" est le premier roman traduit en France de l'autrice Hannah Lillith Assadi qui a été publié le 26 avril dernier aux éditions @lacroisee que je remercie vivement ainsi que @NetGalleyFrance pour ce merveilleux moment d'évasion.

A New-York en 1941, la jeune Ellie (alias "Elle") épouse à vingt ans le fils du patron de son père, Simon Ranier. Il s'agit d'un mariage arrangé qui la met à l'abri du besoin car Simon est issu d'une famille riche. Ils débarquent ensuite sur l'ile de Lyra en Géorgie méridionale connue pour ses eaux scintillantes renfermant de mystérieuses pierres bleutées qui sont un gage de fortune...

Mais, le premier amour d'Elle s'appelle Gabriel qu'elle a connu à l'âge de 17 ans. Elle le fait passer pour son cousin auprès de son mari qui l'embauche. Ils se retrouvent en cachette sur l'île tandis que Simon enchainent les aventures avec des "associés"...

Cinquante ans plus tard, Elle est atteinte d'une maladie qui trouble sa mémoire de manière irrémédiable. Au crépuscule de sa vie, Elle essaye de démêler le fil de ses souvenirs dans son esprit embrouillé et, peu à peu, les secrets enfouis remontent à la surface entre amours perdues et disparitions tragiques...

Ce que j'ai le plus aimé, c'est la maitrise de la structure narrative qui révèle parfaitement, comme par un effet de miroir, l'état d'esprit embrumé de la protagoniste souffrant d'une sorte de démence. Elle se réfugie dans son monde intérieur et délaisse le présent au profit de ces moments de bonheur suspendus à jamais perdus.

Cette technique du courant de pensée nous entraine de souvenir en souvenir dans une structure cyclique organisée en quatre saisons, comme le cycle perpétuel de la vie qui est un éternel recommencement. le dénouement tragique est très émouvant et la psychologie tourmentée du personnage d'Elle la rend très attachante. Un très bon moment de lecture !

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Pour ce nouveau titre des Éditions La Croisée, nous retournons aux Etats-Unis, sur une île qui existe réellement, mais qui apparaît ici sous un nom créé par l'auteure nord-américaine, Hannah Lillith Assadi, dont c'est le premier roman. Elle nous emmène au sud de la Géorgie, sur l'île de Lyra, un double fictif de l'île de Cumberland, avec sa zone naturelle protégée, sa petite ville, ses quelques habitations privées, son océan caeruléum, ses constellations ancrées dans un ciel azur. Une île dominée et exploitée par une famille d'exploitants miniers, les premiers colons de l'île, la famille Clarke qui l'occupe toujours ici et là. Le récit se passe à travers la maîtresse de l'un des domaines, Elle Rainier, épouse de Simon, atteinte probablement d'une forme de démence qui lui fait perdre pied ainsi que la mémoire : le passé se confond allègrement avec le présent dans la tête de la femme septuagénaire.

Elle est la femme de Simon, mais c'est avant tout Gabriel qui compte pour elle, c'est son nom qui vient avant tout chose, au réveil comme au début de ce printemps, d'une année que l'auteure a découpée en saisons. Tout débute le 13 mai 1997, sur l'île, avec laquelle elle cohabite depuis plus de cinquante ans, dans une immense demeure qui la surplombe. Une arrivée à trois, Simon, Gabrielle et Elle, un trio intrigant, qui ne manque de soulever des interrogations. À travers le voile de sa mémoire défaillante, mêlant avec confusion un passé qui ne devient plus si lointain, un présent qui s'éloigne de plus en plus, Elle va raconter l'histoire de sa vie, les événements qui l'ont amenée dans ce coin de nature isolé, aux richesses naturelles aussi indénombrables qu'inaccessibles, comme cette année présente. 

Si, avec Simon, issu d'une famille richissime, le mariage était arrangé avant même que Elle ne fasse sa connaissance, c'est vers l'exact opposé de Simon que la préférence de Elle se tourne, un amour de jeunesse, qu'elle a entretenu, en cachette, parce que, sans métier, sans activité fixe, sans foyer, sans famille, Gabriel est l'un de ces saltimbanques qui ne savent ou ne peuvent pas se fixer. C'est un amour illicite, illégal, qu'elle amène avec elle sur l'île avec un Simon, qui possède également son lot de mystères. Et L'île de Lyra possède les siens, à commencer par ses trésors enfouis dans les sous-sols marins, des diamants de bleu céruléen, aux étoiles qui ponctuent ses cieux, à l'image de la constellation Lyre dont elle porte le nom.

Le récit, par sa forme, est très surprenant du fait qu'il fond présent et passé en une seule temporalité, rendant aux souvenirs qui affluent ponctuellement à la surface de la conscience de Elle une intensité vivace, comme si le poids des années ne pesait en rien. Réciproquement, le présent est ponctué de ces trous de mémoire, qui détache Elle de la réalité, creusant ce décalage dans lequel elle semble évoluer constamment entre vivants et morts, dans son propre monde. Son monde dont l'onirisme naît du décor merveilleux de l'île, enveloppée dans cette brume de mélancolie voluptueuse, et qui accompagne ce passé spectral.

L'esprit même du roman possède des effluves d'encaustique, qui n'est pas sans rappeler ces romans de la guerre de sécession - la Seconde Guerre mondiale rode ici en arrière-plan et hante les esprits de tous - habité par une famille Rainier, une famille Clarke ancien propriétaires, colonialistes ayant chassé les indigènes insulaires. Il détient aussi une sorte de poésie qui se révèle dans les descriptions sur le mystère insaisissable de l'île, celui du caeruleum, de la beauté de ses éléments, et de cette douce mélancolie qui perdure jusqu'aux derniers jours de l'an 1997 grâce au disque rayé de cette mémoire cyanosée.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Elle a aimé Gabriel passionnément, toute sa vie. Nous sommes dans les années 1930, et son père a arrangé son mariage avec Simon qui habite sur l'île de Lyra. Gabriel va les suivre sans que personne ne sache le lien qui les unis. Elle et Gabriel vivront leur amour secret dans les forêts de Lyra, cette île où les étoiles brillent si fort.
C'est un livre tout en poésie.
Elle, est en fin de vie, son esprit décroche du présent et part dans le passé, vers son grand amour Gabriel. Sa mémoire la ramène sans cesse vers lui, il hante ses souvenirs.
J'ai été émue par ces personnages à vifs. Simon, le mari de Elle, ne lui a pas toujours été fidèle, d'ailleurs ce n'est pas un mariage d'amour. Et pourtant, on sent qu'il l'aime profondément, avec tendresse. Il lui prodigue tous les soins nécessaires pour accompagner sa fin de vie.
On suit tout du long, les déambulations de la fin de vie de Elle. On voit également la peine de ses proches, comme sa fille Zelda, qui assiste à son agonie.
Elle ne songe qu'à rejoindre Gabriel qui est mort des années plus tôt, et malgré cela Simon reste à ses côtés toujours aussi attentionné.
Lyra, l'île est également un personnage a part entière dans ce livre, Elle l'aime et y est attachée de toute son âme.
Bref, c'est un livre sur le grand amour, la tendre affection qui dure une vie. Il nous parle de la fin de vie avec délicatesse et poésie.
Je recommande.
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critiques presse (1)
LeMonde
17 juillet 2023
Un texte qui, telle une île, s’enfoncerait dans les eaux mouvantes de l’âge et de l’oubli.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Avant que je ne puisse trouver une manière intelligente d'en savoir plus, la ville est déjà derrière nous et nous nous engageons sur un pont que je ne reconnais pas. Je m'agrippe au siège de la voiture. Pour rejoindre le continent, il a toujours fallu emprunter un ferry, que les dauphins coursaient ; et puis ce moment ou, passé le coude, Lyra disparaissait dans notre dos. J'avais toujours peur de ce moment, de ce rappel - les corps que j'aimais le plus dans cette vie se laissaient trop facilement engloutir par l'eau.

J'aurai beau ne plus me rappeler mon propre nom, je garderai toujours dans ma mémoire le tracé des taches de rousseur qui ornaient le torse de Gabriel, la façon dont ses mains étaient sculptées et dont elles enveloppaient les miennes, leur côté duveteux et hésitant. J'adorais appuyer sur la peau de son ventre pour faire ressortir la jolie mais discrète formation de ses muscles, juste en dessous. Certains jours il était irlandais, d'autres il était français ; il était fils de gitan, ou peut-être d'un roi espagnol. Gabriel lui-même l'ignorait. La seule certitude, c'est que plus jamais je ne retrouverai son corps - ce corps que j'aimais tant voir se déplacer à la surface de la terre, ce corps né dans la rue sous la constellation du Cygne, comme il disait toujours. Où les morts font leur sortie et les nouveau-nés leur entrée...

"Elle ! crie Simon. Que voulais-tu savoir ?

- Ou allons-nous ? dis-je.

- Chez le médecin, répond-il en se tournant vers moi. On vient juste d'en parler. On va chez le médecin, aujourd'hui."
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Ce fut notre premier jour sur Lyra, une journée bien plus poétique pour mourir. Mais au lieu de ça, j’ai survécu pour entendre le Pr. Madera me diagnostiquer une maladie qui touche les vieux, détruit leur mémoire – la mienne, à coup sûr, mais aussi la mémoire de ce monde tel qu’il fut jadis. 

Je regarde par la fenêtre et m’imagine tous mes plus beaux souvenirs, se déployant là, aussi vastes et profonds que l’océan, étincelants de bleu tel un mirage perçant la mêlée des chênes. Je perds l’Atlantique, je perds tout ce qui fait de moi Elle : ces faits qui m’appartiennent.
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Je sombre en plein rêve, un rêve de mon jardin empli de roses, le murmure de la fontaine, la douceur d'un ciel à l'éclat printanier. Tout est à nouveau jeune, la terre naïve. Le temps n'a pas encore appris la nouvelle de son passage. J'ouvre dans le tronc d'un chêne une porte qui me révèle un arc-en-ciel de soie. Cachées là, mes robes préférées. Mais en pressant contre mon corps un article couleur perle, je me rends compte que je suis bien plus vieille maintenant que cette précoce saison du monde. Puis la rose brunit et se flétrit. Printemps puis été s'en vont. Cette froide teinte de novembre, avec ses derniers cris de rouge, consume tous les arbres. Le tout avec une telle rapidité, un tel sentiment d'horreur.
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Ses mains rampent sur le piano. Il est deja enfermé dans sa musique, loin. « Tu sais quel jour on est, demain nest-ce pas ? »
Je désire tant connaître la réponse. Je la traque dans chaque recoin douloureux de mon cerveau. Si seulement il voulait bien en finir avec la grandiloquence de cette melodie, je pourrais me concentrer suffisamment pour la trouver. Mais du temps commence à passer. Mon regard se perd à nouveau en direction de la fentre donnant sur le jardin, où le scintillernent continue de hanter les arbres - une nouvelle forme de vie qui englobe toutes les feuilles épuisées, mortelles, de l’univers. C’est pas des lucioles, ça, Elle, c'est des fées.
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C’est la beauté qui fait grandir nos esprits. Et c’est la beauté qui nous défait. Depuis longtemps je me demande si la beauté pourrait exister sans la fin, sans la mort. Si la beauté et la mort ne coïncident pas plutôt, si elles ne dépendent pas l’une de l’autre. Une question que je n’ai pas encore fini de me   poser.
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