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Critiques de Hans Stark (1)
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La politique internationale de l'Allemagne...

Le temps n’est plus où l’on pouvait résumer le rôle international de l’Allemagne à celui d’un « nain politique » doublé d’un « géant économique ». Depuis la chute du mur, l’Allemagne est devenu une « puissance malgré elle », expression que le sous-titre de l’ouvrage de Hans Stark emprunte à Christian Hacke .

Cette transformation ne va pas de soi. Depuis vingt ans, l’Allemagne hésite entre une politique étrangère « normale », assumant sans complexe ses intérêts nationaux au risque d’accréditer l’image d’une République de Berlin ambitieuse et dominatrice, et le refus de tout leadership, décevant les attentes de ses partenaires qui aimeraient lui voir prendre plus de responsabilités. Naviguant entre des objectifs contradictoires, caractérisée par une « culture de la retenue », la diplomatie allemande est ainsi condamnée à faire le grand écart pratiquant la politique du « et …et » (la formule « sowohl als auch » revendiquée et assumée par H.-D. Genscher) : européiste et atlantiste quand il s’agit de défense, fédéraliste et intergouvernementale quand il s’agit d’Europe, pro-russe et centre-européenne quand il s’agit de politique orientale.

L’austère ouvrage de Hans Stark fait l’histoire de cette politique étrangère depuis 1990 sans en négliger aucun aspect. Il bat en brèche le fantasme très français de la renaissance d’une puissance allemande cédant aux sirènes du Sonderweg. Le faux-pas qu’elle a commis en reconnaissant unilatéralement l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie en décembre 1991 lui aura servi de leçon. L’Allemagne s’en tiendra désormais à un respect sourcilleux du consensus multilatéral. Dès que celui-ci se fissure, elle prend le parti de la retenue comme l’illustrera son refus de participer à la guerre en Libye en mars 2011.

Sa politique étrangère dépend de ressorts intérieurs souvent sous-estimés. Les juges de la Cour de Karlsruhre, les députés du Bundestag, les ministres-présidents des Länder, les journalistes des tabloïds, les dissensions internes des coalitions rouge-vert, noir-rouge et rouge-jaune, les Allemands eux-mêmes, vieillissants et pacifistes, sont autant d’obstacles à l’émergence d’une politique étrangère « normalisée ».

Il faut prendre tous ces facteurs en compte avant de juger la politique allemande face à la crise de l’euro. De ce côté-ci du Rhin, on reproche souvent à l’Allemagne son manque de solidarité. Or, si les Allemands ont rechigné à voler au secours de la Grèce c’est moins par égoïsme national que par crainte de créer un précédent qui encourage le laxisme budgétaire et fragilise au bout du compte l’Europe toute entière. Prompt à Paris à critiquer les concessions de Nicolas Sarkozy à Angela Merkel, il faut mesurer combien coûte à la Chancelière à Berlin le compromis trouvé avec la France. Les sommets, toujours plus nombreux, toujours plus longs entre les deux dirigeants débouchent sur des compromis qui ne satisfont pleinement ni l’un ni l’autre : la France doit accepter une rigueur budgétaire renforcée et renoncer à limiter l’indépendance de la banque centrale européenne, l’Allemagne finit par épouser l’idée française d’un « gouvernement économique » et se rallie à la création d’un mécanisme européen de stabilité, embryon d’un Fonds monétaire européen.

Sans doute l’hostilité de l’Allemagne à la guerre en Irak en 2003 signe-t-elle la fin d’une solidarité transatlantique sans faille. Sans doute aussi, le choix revendiqué d’Angela Merkel pour une Europe intergouvernementale sonne-t-il le glas du projet allemand d’une Europe fédérale caressé par J Fischer en mai 2000 dans son célèbre discours à l’université Humboldt. Est-ce à dire pour autant que l’Allemagne serait tentée par le « repli sur soi » ? Ne serait-il pas plus exact d’interpréter sa retenue comme la marque d’une politique étrangère qui, comme l’annonçait A. Merkel dans son discours de politique générale en novembre 2005, est de plus en plus définie en fonction des intérêts de l’Allemagne tout en continuant à reposer sur des valeurs pérennes : multilatéralisme, intégration européenne, responsabilité à l’égard de son passé ?
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