Même vos jardins
sont en cendres
par manque de rêve
ou à force de les voir sombrer.
Tout est de trop :
visages, objets, regards,
paroles, mouvements, bruits,
chiffres, lettres, corps et
bêtes, soumissions
et allégeances, références
et préférences, sexes et divinités...
Chercher un lieu
où le deuil des souvenirs
est la seule raison
de vivre,
dans la géographie intime
du silence.
Chercher un coran concret
dans l'argile de tout désir
sans cruauté,
ni celle des hommes
ni celle des dieux,
seul le visible y
dévoilera ses secrets,
ou ses évidences.
Par le feu et le mouvement
la danse la met
tout entière
en elle-même
théâtre de sa propre chair
don visuel
qui corrompt toute présence
et tout autre mouvement
n'a de sens ;
elle met la main sur son sexe
montrant la matérialité de l'illusion;
luxuriance d'un instant
et son corps favorable
s'ouvre comme une porte ivre,
prise
dans le filet de mains invisibles.
Et le regard accède
lentement à sa verticalité,
à sa cérémonie de lumière,
à sa proximité inaccessible.
Tes traits
sont mes fragments
de vérité
qui arrivent
dans un corps insoupçonné.
D’un désir l’autre
rien n’est achevé
l’abîme est là
au sein du souffle.
On admet donc que l'aimance soit induite d'une parole sincère, d'un pacte de sincérité du scribe ou du littérateur (ici Abdelkébir Khatibi), même s'il s'agit encore du jeu et de la dialectique des livres.