Héléna Marienské

Trois changements d'envergure ont caractérisé les structures familiales depuis lemouvement libertaire de 1968. Le taux de divorce n'a cessé de grimper tandis que le taux denuptialité n'a cessé de chuter et que le taux de fécondité s'est effondré. Il est toutefois notable que certains couples perdurent. Par leur rareté même, ils intéressentéminemment les chercheurs qui ont pu récemment établir, d'après de larges enquêtes menées enFrance (à l'exception notable de la Corse), que la longévité d'un couple s'articulait, comme onpouvait s'en douter, autour de la notion de compatibilité : alchimie sexuelle, bien entendu,compatibilité affective, et par-dessus tout adéquation des niveau sociaux-culturels, ou pourfaire simple : homogamie (peu romantique, mais crucial, on n'y coupe pas). Mais ils ont mis enlumière trois points généralement passés sous silence : en premier lieu, la pratiquequotidienne de la négociation (sexuelle, financière, artistique, culturelle, idéologique,politique, etc.). Ils ont deuxièmement pu établir que la longévité du couple était conditionnéepar la capacité de laisser à l'autre un espace et un temps personnel (le fameux jardin secret).Ils ont enfin établi l'importance du soutien mutuel, garanti autant par la considération del'autre que par la mise à disposition de ses compétences (y compris professionnelles).