AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.28/5 (sur 228 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Béziers , le 09/10/1969
Biographie :

Héléna Marienské est une romancière française et agrégée de lettres.

Son premier roman, Rhésus a été publié chez P.O.L. en 2006. Il a été accueilli comme un OVNI par la critique. Il a reçu le Prix du 15 minutes Plus Tard, la Mention Spéciale du Prix Wepler Fondation la Poste et le Prix Madame Figaro/Le Grand Véfour. Il a été élu par Lire (revue) meilleur premier roman de l'année 2006, et nommé par la même revue dans les 20 meilleurs livres de 2006.

Le Degré suprême de la tendresse est la seconde œuvre de Héléna Marienské, publié en 2008 aux éditions Héloïse d'Ormesson. Il a reçu le Prix Jean-Claude Brialy de la Ville de Saumur "Esprit Bacchus" en 2008.

Source : Wikipédia
Ajouter des informations
Bibliographie de Héléna Marienské   (5)Voir plus


Entretien avec Héléna Marienské à propos de son ouvrage Les ennemis de la vie ordinaire :


Les ennemis de la vie ordinaire aborde la question de l’addiction. Pourquoi avoir choisi d’aborder cette question ? Est-ce un thème qui vous intrigue ou qui vous fait particulièrement peur ?


Tout simplement parce que j’ai eu une addiction… qui est à l’origine du livre. J’ai traversé une période de grande panne littéraire : impossible d’écrire une ligne, j’entends une ligne publiable. Je m’étais mise en disponibilité pour écrire un roman, j’avais une année devant moi, pas plus. Et tous les matins, j’étais devant mon ordinateur, au travail. J’y passais la journée. Le soir, je lisais le fruit de mon travail : il était consternant. J’y retournais le lendemain, même résultat. Une semaine, deux, un mois, deux, trois ont passé ainsi. Je ne voulais pas renoncer, je ne quittais pas ce fichu ordinateur dont je me disais quelque chose de pas trop mauvais allait sortir, et j’étais confrontée à mon éternelle nullité. Un jour, en milieu de matinée, prête à me taper la tête contre les murs, je me suis dit que je devais peut-être m’accorder une petite récréation. Pour être prête à écrire au cas où une idée surviendrait, j’ai décidé que cette récréation aurait lieu sur mon ordinateur. Je suis joueuse. Pourquoi pas une petite partie de poker en ligne ?
Je m’inscris sur Winamax, je joue, je gagne. Je joue encore, je gagne toujours. Une nouvelle fois, je perds : ce n’était pas grave, cela faisait une bonne moyenne.
Le lendemain, même récréation. Il n’y a pas eu trois parties, mais dix. Les jours suivants, j’ai passé l’essentiel de mon temps à jouer. D’abord gratuitement, pour me faire la main. Puis avec de l’argent, c’était tout de même plus drôle.
Je jouais, je perdais. Normal : c’était sur Internet ! C’était truqué. Tout le monde sait que c’est truqué, sur Internet. Une seule solution : jouer « en live » comme on dit. Sur des parties privées, ou au casino.
J’ai donc écumé les casinos et joué sur des parties privées la nuit. J’adorais jouer. J’étais increvable.
Vint un jour où mon mari me demanda, au petit déjeuner : peux-tu m’expliquer pourquoi il y a un trou de 5000 euros sur le compte commun ?
C’est tout à fait normal, mon chéri, m’entendis-je répondre. J’apprends à jouer au poker. Je suis débutante. J’apprends. Dans quelques mois, je vais gagner, gagner beaucoup.
Il a eu beaucoup de mal à me démontrer que j’étais devenue addict au poker. J’étais dans un déni total. J’ai compris ce qui se passait, pourtant. C’était parfait : j’avais le sujet du livre que je voulais écrire. Ainsi sont nés les Ennemis de la vie ordinaire.
Et c’est comme ça que je suis revenue à mon addiction incurable : l’écriture.



D’ailleurs, vos personnages principaux représentent chacun une addiction particulière : le jeu, la boisson, la drogue, le shopping, l’alcool, le sexe, le sport… Pourquoi pas la nourriture par exemple ? Ces choix ont-ils un rapport avec la vision que vous avez de la société actuelle ?


Lorsque j’ai décidé de constituer un groupe d’addicts, j’avais le choix entre une foule d’addictions (nous sommes dans une société qui me semble en secréter tous les jours de nouvelles). J’aurais pu parler de l’addiction à la nourriture (j’en connais un rayon sur l’addiction au chocolat), au travail, à Facebook, au téléphone portable, aux séries télés, aux jeux vidéo. Mais il était impossible de faire exister autant de personnages : caractériser suffisamment les sept addicts que j’ai retenus et les faire exister, les rendre identifiables au cours du récit par le lecteur était déjà une gageure. J’ai dû faire des choix. J’avais beaucoup réfléchi à un adolescent accro aux jeux vidéo qui aurait « décroché » comme on dit, du système scolaire. Il aurait pu beaucoup apporter au roman, car il aurait vécu dans un monde parallèle : il aurait eu beaucoup d’imagination dans la troisième étape du récit, celle où mes loosers magnifiques se constituent en association de malfaiteurs. Mais c’était trop complexe : écrire, c’est parfois renoncer à un personnage pour mieux réussir un roman.



Les pulsions de chacun sont extrêmement bien transcrites dans votre roman. Vous parvenez à exprimer le manque comme si vous l’aviez vous-même expérimenté. Comment avez-vous fait pour vous glisser dans la peau de chacun des malades ? A quoi pensiez-vous lorsque vous écriviez les scènes de manque ?


Comme vous le dites, je me mets dans la peau de mes personnages. Je suis tous mes personnages, je suis Protée, c’est là le côté jubilatoire de l’écriture. J’entre tellement en empathie avec mes personnages que je deviens eux. J’ai fait beaucoup de théâtre à une époque de ma vie, et j’ai travaillé l’improvisation. Lorsque j’écris, je mets des personnages dans une situation, et je les fais improviser : allez-y, étonnez-moi ! Je ne sais pas où cela va me conduire : je suis chacun d’eux, et je suis imprévisible. Et donc, je suis Pablo qui court, heureux et libre, à l’aube, dans les chemins d’Auvergne, et incapable de s’arrêter de courir lorsqu’il se fait une entorse et je suis Pablo qui, sous l’emprise de la boisson et de diverses substances illicites viole sauvagement la femme qui le castre depuis des mois (j’ai adoré écrire cette scène, je le confesse). Je suis Mariette qui crève sans son héroïne et qui a peur d’être chassée du squat miteux où elle s’est réfugiée et qui se retrouve à la rue. Comme elle je connais les humiliations de la misère. Comme elle, j’aime m’amuser à essayer un déguisement différent chaque fois qu’elle (que je) fait/s l’amour avec Damien. Comme Damien, je suis passionnée par le théâtre du XVIIème siècle, comme lui je cherche Dieu (lui le trouve, moi pas). Comme Elisabeth, j’ai vécu lorsque j’étais jeune avec un homme qui m’exhibait comme un signe extérieur de richesse. Si je ne l’avais pas quitté, je serais peut-être devenue l’épave alcoolique qu’on découvre au début du livre. Mais comme pour Elisabeth, il y a une énergie en moi qui me fait toujours rebondir lorsque je suis au plus bas. Elle qui était la plus abimée au début du roman, atone, visage déformé par des années d’alcoolisme, mutique, va, au milieu du livre, prendre sa vie, et tout le groupe en main. Mais comme il s’agit de conduire le groupe au succès, Elisabeth va tout de même les conduire d’une main de fer… l’air de rien. Eh bien, c’est tout moi, ça !



Sans dévoiler la fin de l’ouvrage, l’addiction apparaît comme quasi insurmontable tout au long du roman. Pensez-vous qu’elle le soit ? Avez-vous fait des recherches sur le sujet avant de décider de l’évolution de vos personnages ?


J’ai lu tout toute la littérature médicale consacrée à l’addiction que l’on peut trouver. Même lorsqu’on décide d’écrire une comédie, il faut que le substrat soit irréprochable. Toutes les addictions sont liées à une pathologie du lien : l’addict est souvent quelqu’un qui a eu un des parents « abandonniques » (excusez le jargon) ou à l’inverse intrusifs. De ce fait, ils sont incapables de créer des liens « secure » avec des proches, se retrouvent très seuls, et créent un lien toxique avec une substance ou un comportement.
Cela dit, l’addiction n’est pas présentée comme une fatalité dans le roman. Plusieurs personnages guérissent : Damien, par exemple, sex-addict, incapable de développer un lien amoureux, va connaître une passion folle. Elisabeth, l’alcoolique, va arriver à prendre le leadership du groupe... Ce qui est très important à mes yeux, c’est que tous mes personnages, qui vont au plus mal au début du roman, sont grâce à la fiction, grâce à la comédie, transformés à la fin. Ils étaient solitaires, ils sont devenus solidaires. Ils se sont constitué une famille improbable. Ils ont découvert l’entraide, l’amitié, l’amour. A mes yeux, c’est le plus important : Les ennemis de la vie ordinaire sont une comédie, certes, mais où se jouent des enjeux vitaux. Sortir du mal-être, et retrouver le goût de vivre. Tous mes romans sont des récits de résurrection.
Et je sais pourquoi : je suis une résiliente. Chaque livre est l’occasion de revivre le processus de résilience. Chaque fois, j’y mets toutes mes forces.



Vos descriptions sont fortes, directes, souvent crues, et vous n’hésitez pas à aller bousculer la “morale”. Pensez-vous qu’un roman soit autorisé à tout dire ?


Je ne cherche absolument pas à choquer, mais je n’ai aucun tabou autour de ce qui pourrait heurter les tenants d’une morale puritaine : plaisirs charnels, amours homosexuelles… Mais aussi embrouilles et petits arrangements avec la vérité. Car enfin, mes personnages s’en sortent parce qu’ils forment une sympathique association de malfaiteurs. Mais reproche-t-on à Scapin ses fourberies ? Non, on en rit. J’espère qu’on rira des trouvailles de Jean-Charles et de Mylène…



Sexe, alcool, ces thématiques étaient déjà celles de votre précédant roman “Le degré suprême de la tendresse ». Ces thèmes vous sont-ils particulièrement chers ? Pour quelle raison ?


Fantaisie-sarabande et Le Degré suprême de la tendresse faisaient une large part à l’érotisme. J’ai un rapport joyeux au sexe, j’écris donc facilement, et avec plaisir, des scènes d’amour. Pour une raison qui m’échappe, le sexe hétérosexuel me fait rire. Je trouve ça amusant, un pénis : c’est tout petit, ça ne ressemble à rien, et puis ça se transforme. Bref, c’est un joujou extra, comme le chantait Jacques Dutronc. Parfois, j’aimerais bien en avoir un, rien que pour quelques jours, pour voir ce que ça fait.
Pour les relations homosexuelles, j’en parle avec moins d’humour et plus d’émotion il me semble. Il faudrait sans doute que je fasse une analyse pour comprendre la raison de cette différence de traitement.



Héléna Marienské et ses lectures :


Quel livre vous a donné envie d`écrire ?


L’envie d’écrire a commencé avec l’enfance. Je passais ma vie à lire, je dévorais toutes les collections : Le club des 5, Le clan des 7, Les Alice. c’était formidable ! J’ai commencé à lire la série juste après le CP. Celle qui dirigeait le groupe des gamins enquêteurs, c’était Claude, de son vrai nom Claudine. Un vrai garçon manqué, une rebelle. A l’époque, ma meilleure amie était un garçon manqué, très androgyne et très fonceuse. Qu’elle était belle ! J’étais follement amoureuse d’elle et nous nous sommes mariées (nous avions sept ans). Elle a été mon premier mari et ma première muse. J’inventais des histoires pour l’envoûter, qu’elle écoutait avec un léger sourire.



Quel est l`auteur qui vous aurait pu vous donner envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?


Marcel Proust, évidemment. Comment écrire après un génie pareil ? Certaines phrases de Proust sont des univers. Quelle musique, quelle densité, quelle intelligence, quelle cruauté ! Et Proust est un auteur comique. Très stimulant, donc, mais plus encore inhibant.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?


Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline. J’avais décidé de ne jamais lire une ligne d’un écrivain dont l’antisémitisme était à mes yeux rédhibitoire. J’y ai été obligée : il était au programme de l’agrégation. J’étais d’ailleurs indignée : comment pouvait-on nous obliger à lire une ordure qui avait écrit des pamphlets antisémites ignobles ? Et puis je l’ai lu, et j’en ai été bouleversée. Je connais certains passages par cœur. La fin de la première partie de Voyage, lorsque Bardamu quitte Molly à Detroit… chaque fois que je lis ces lignes, je pleure.
Dans ma vie, il y a un avant et un après Céline.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?


La Chartreuse de Parme : un pur moment de bonheur, d’intelligence, de subtilité. Quel talent ! Vous savez à quoi on reconnait un très grand styliste ? Il est impossible à pasticher (j’ai essayé dans mon recueil de pastiches, Le Degré suprême de la tendresse). Impossible. Il y a dans certains chefs-d’œuvre quelque chose qui résiste. Comme un secret.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?


Moby Dick.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?


Les historiettes de Tallemant des Réaux.Mémoires pour servir... de Gédéon Tallemant des Réaux. Tout le début du XVIIème siècle est là, rapporté par un observateur goguenard, malicieux, brillant. Concision, sens de la pointe, intelligence, rosserie : un grand bonheur de lecture.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?


L`Etranger. J’aime beaucoup Albert Camus, mais franchement, L’étranger, c’est un peu faible, non ?



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?


« Je me hâte de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer ». C’est Figaro qui le confie au comte Almaviva dans Le barbier de Séville. Cette phrase résume ma vie, et définit mon écriture.



Et en ce moment que lisez-vous ?


Je viens de terminer Petit Piment d’Alain Mabanckou, qui a été un vrai bonheur de lecture. Je lis en ce moment Animarex, de Jean-François Kervéan. Mais quel bonheur ! Quel talent ! Les amours du jeune Louis XIV et de Marie Mancini... Evidemment, le sujet m’a attirée : j’adore cette époque où la Jeune Cour n’en fait qu’à sa tête. Mais je suis tout simplement épatée par l’audace de Kervéan, sa poésie, ses fulgurances, son érudition, sa subtilité pour dire le désir, sa crudité pour évoquer le plaisir, sa sincérité pour traduire la tristesse du temps qui passe. Je n’ai qu’un regret : comme il n’écrit qu’un livre tous les dix ans, hélas, il va falloir patienter pour lire le suivant.



Entretien réalisé par Marie-Delphine

Découvrez Les ennemis de la vie ordinaire de Héléna Marienské aux éditions Flammarion :







étiquettes
Videos et interviews (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de
Héléna Marienské vous présente son ouvrage "Presque toutes les femmes" aux éditions Flammarion. Rentrée littéraire automne 2021. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2543848/helena-marienske-presque-toutes-les-femmes Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
Podcasts (1)


Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
J’ai foutu trois fois aujourd’hui. Matin, midi et soir. Ces putes me ruinent. Je ne sais même plus si la gueuse de ce matin était blonde ou brune, grande ou petite. Son cul était charmant, peau douce, satinée… chatte rasée. Celle que j’ai prise cet après-midi était d’une vulgarité réjouissante. Fessue, puissamment jarretée. J’ai exigé qu’elle parle pendant que je la mettais, mais de quoi ? a-t-elle réparti ahurie, de quoi que je vous causerais ? Raconte-moi ton souvenir de pute le plus drôle. Elle a laborieusement fouillé sa mémoire, le front plissé sur ses sourcils redessinés au khôl, attendez voir, peut-être bien que les roubignoles coincées dans mon cul par le gros Marcellin, c’était fendard. Mais que oui, ma grande, très prometteur, raconte, raconte donc, dandine-toi et parle sans t’arrêter. Marcellin coincé raconté avec un accent parigot à la Arletty, c’était à mourir. J’ai giclé sur sa gueule tandis que ses lèvres me livraient cette narration mémorable. J’ai tellement déchargé que j’ai failli souiller mon costume d’écuyer cavalcadour.
Je tairai mes prouesses avec le troisième spécimen, coïtus horribilis. J’ai tellement peiné à juter que depuis j’ai mal au dos. Ça m’arrive de plus en plus souvent (le mal de dos, pas la panne, Dieu soit loué). Même l’autofellation, qui m’amusait, pour la forme, surtout, devient problématique.
Commenter  J’apprécie          312
Quand la cocaïne est en moi, mon corps est tout brûlant d'une chaleur irrésistiblement douce, une chaleur démoniaque : le feu de l'enfer brûle en moi, et je le prends pour le feu de Dieu. C'est terriblement bon, ô si vous saviez ! Terriblement bon et terriblement démoniaque. Car le péché d'intempérance est un péché mortel. Je viens ici pour redevenir tempérant, pour rentrer dans l'abstinence. Pour aller du faux au vrai, du péché à l'état de grâce, du blasphème à la prière, de l'impureté à la sainteté, du diable à Dieu.
Commenter  J’apprécie          270
L’alcool lui donne la puissance d’un dieu. Elisabeth erre dans l’appartement vide, parmi les œuvres que collectionne son connaisseur d’époux, hilare, forte, fière désormais. La fièvre la tient. Elle est passée au whisky, s’ouvrant un Glendronach de quinze ans d’âge, un truc sublime. Une fièvre la tient, réclamant l’action d’éclat, vite un fusil un garrot un merlin un trident, vite qu’on décapite, écartèle, empale, écorche, pulvérise, fende, cabosse le cabot, que je le tale et la mâchure – l’infâme ! que je me le schize, le défigure, l’éclate, l’explose, le décervelle, et le ronge et l’éviscère, il nous faut désormais des égorgements de cinéma gore ou de littérature musclée, des brutalités convenues, du couteau ou de la fourchette.
Commenter  J’apprécie          240
- Je décongèle des pizzas, lance Hélène avec une douceur de mauvais augure. Margarita ou Caprese ?
Pablo se tait toujours. Depuis quand, des pizzas ? Hélène est TOUJOURS au régime, à ce stade ce n’est plus du régime c’est de l’anorexie, elle se nourrit de pommes vertes et de haricots verts aussi, bref ces pizzas sont louches.
- Je mets de l’huile pimentée ?
Le piment. Message codé. Message piégé. Message récurrent. Selon Madame, il conviendrait de pimenter. Pi-men-ter leur vie amoureuse, leur vie sexuelle, plus précisément. Faire dans le coquin, le débridé, le dessalé… et donc dans le très épicé. Elle veut quoi au juste ? Du fouet, du pipi caca, des joujoux, de l’orgie ? Pablo, pour sa part, reste assez prudent et se garde bien de s’informer. Le sexe, ça va un peu. Un sportif de haut niveau ne galvaude pas sa force, sa forme, c’est élémentaire, non ? Il se préserve.
Pablo regarde sans la voir sa femme squelettique enfourner une pizza-je-ne-sais-quoi épicée-pimentée-etc., et glisse dans ses oreilles de son iPhone. Du Bach, vite, les Variations Goldberg par Glenn.
Commenter  J’apprécie          226
En caressant doucement la hampe de sa verge roide, il déclame quelques vers : « Je n’ai pas la force de gouverner, je suis comme le navire qu’emportent les flots rapides. » Le va-et-vient est plus rapide, il va gicler, il enserre de plus en plus fermement dans son poing son gland turgescent, ferme les yeux sous l’effet du plaisir qui monte, en concluant ovidiennement tandis que sur ses cuisses s’écoule en long flux sa semence : « Mon cœur ne s’astreint pas à préférer certaines beautés, il trouve cents raisons de les aimer toutes.
Commenter  J’apprécie          210
Insouciante Hélène, naïve Hélène. A deux bras, Pablo l’empoigne et la fait sauter, crêpe surprise à ses côtés. Elle se retrouve sur le dos, les bras en croix, les jambes écartées, le tailleur chic remonté sur sa culotte gainante.
- Non mais tu es fou, s’interroge en beuglant la crêpe indignée, tu aurais pu me faire mal, qu’est-ce qui te prend ?
Il prend à Pablito qu’il a envie, très envie, de se faire sucer puis, après l’éjaculation faciale qui le tenterait bien, de la sodomiser à sec. Ce qu’il lui explique en des termes qui choqueraient le lecteur, taisons-les donc. Du reste, choquée, Hélène l’est aussi, et tente par divers mouvements ondulatoires d’échapper au fou, qui pue l’alcool, la sueur et le foutre, non mais que se passe-t-il, qu’est-il arrivé à son mari, on le lui a changé, elle se perd en conjonctures, cependant qu’il la coince, bouge pas cocotte, sois sage, elle se débat, il l’empoigne à nouveau, par les cheveux cette fois et avec un rire inquiétant, un ricanement méphistophélique, dans le même élan lui enfile coquette dans le bec, Hélène tremblante de rage va et vient sur le vit turgescent au rythme que lui impriment les mains très autoritaires de Pablo, et quasi asphyxiée, tape les avant-bras sur le lit comme une marionnette folle. Le monstre libère sa bouche et interroge : ça va pas, minou ? Tu es toute pâlotte…
Commenter  J’apprécie          192
Damien Latrude extrait de sous son siège un casque de moto vitré et zébré de jaune, enfile son blouson de cuir et sort sans saluer quiconque. Cette petite Mariette est délicieuse, on en mangerait. Des seins, mais des seins… On imagine les globes fermes, hauts, l’aréole claire des femmes qui n’ont pas enfanté. Dès qu’il enfourche sa moto, sexe long et fin érigé contre le cuir de la selle, il se plait à se représenter longuement la jeune fille, et pas seulement ses seins : son visage doux, ses yeux verts, les boucles qui auréolent sont visage de vierge botticellienne. L’opale blanche de sa peau. Il sait qu’il en exagère déjà la beauté, il accélère, se dit dans un ricanement intime que la gamine doit de toute façon avoir le sida assorti de quelques hépatites, ô fangeuse grandeur ! sublime ignominie, ô désirable petite pute…
Commenter  J’apprécie          170
Être seul, en soi, avec la roulette, avec sa baraka. Garder le cap. Gagner gros. Leur prendre lourd. Ce soir, mardi 21 juin, jour de solstice d'été, Gunter fête ici ses trente ans et il est détermine a attaquer la banque. La combattre, et la défaire. A Enghien, la guerre. Faites vos jeux. Les jeux sont faits. La bille est lancée. Rien ne va plus. Gunter est vêtu d'un costume sombre de coupe italienne qui a connu des jours meilleurs. Les bras, les coudes surtout sont lustrés. Son visage se distingue par une beauté frappante, la beauté d'un dandy las, nez aquilin, grand front, peau glabre, lunettes noires.
Commenter  J’apprécie          150
Il sort de son sac à dos les vidéos polissonnes que lui a offertes Damien. Damien qui a décidé d’être abstinent, et qui offre à qui en veut ses stocks : tu sais, ça fait du bien, parfois. Ça délasse. Mais n’abuse pas de la chose. Pas plus d’un par jour, deux maximum, au-delà, c’est l’engrenage. Ça ne doit pas remplacer la réalité. Juste donner des idées. […]
Bigs tits at school, Kochonne et raZZZée, Le Père Noël est une pointure, Bite et Châtiment, Petits culs et gros nénés, Autant en emporte le gland, XXKouilles, Monster Cock Attacks, Enculons-nous dans les bois, Mes sorcières bien léchées, Carottes mécaniques, L’ouverture de Misty Beethoven, Le Pistolet mitrailleur, et Je suis au fond du trou : tout l’embarrasse, au début.
Le lendemain, il n’est plus si gêné.
Commenter  J’apprécie          130
En séance privée, je vais maintenant le faire travailler sur sa relation à sa mère.Il a déjà évoqué une mère très intrusive: imagine toi que non seulement, elle lisait son journal intime, mais lorsqu'il a été adolescent, elle a à plusieurs reprises, fait état de son contenu à table, pendant les réunions de famille.Inutile de te dire que toute relation de confiance avec une femme est pour Damien impossible. Bizarrement, vil reste très attaché à cette femme toxique.. le travail sera long..
Commenter  J’apprécie          130

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Héléna Marienské (308)Voir plus

Quiz Voir plus

Monstres

Comment s'appelle le cirque ?

Le cirque des rêves
Le cirque des enchantements
Le cirque d'Erèves

12 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Monstres de Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}