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Citation de vero35


Elle aborda le dernier coude de la dernière salle et tomba en arrêt devant un bloc de granit noir.
Il était immense et cubique. D'emblée, par la façon dont l'outil l'avait travaillé, il lui évoqua Rodin. Non pas la main de Dieu, mais aussi celle de du diable cette fois. (...).De la masse de pierre sombre et dure semblait s'extraire une figure fluide aux drapés souples. Elle était mal définie, féminine à coup sûr, à en juger par ses rondeurs, mais son visage disparaissait sous un linge qui prolongeait celui de la robe. La figure avait les pieds pris dans le socle de pierre, elle élevait un bras frêle qui émergeait de la matière à hauteur du coude, sa main esquissait un geste comme pour saisir l'air , son buste dont on devinait la poitrine superbe se détachait de la roche. Ou plutôt, se dit Olivia, il était comme repris, happé par elle. C'était une femme qui retournait à la pierre.En évoluant autour du bloc, elle découvrit, saisie, d'autres figures amoncelées, toujours les mêmes, des Niobés qui peu à peu perdaient la vie et se fondaient dans la roche, y abandonnant tout caractère humain. Le mouvement passait de la verticalité de la première figure, pathétiquement dressée dans sa tentative d'arrachement, à l'horizontalité finale de la dernière, comme enroulée dans un linceul et rendue à son tombeau qui l'engloutissait. Jamais on ne voyait les visages.Olivia, pourtant, savait qu'il s'agissait de femmes. Des silhouettes fantomatiques sorties de leur dureté minérale et tout aussitôt recapturées par elle.
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