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EAN : 9782847423785
388 pages
PASSAGE (04/01/2018)
4.29/5   14 notes
Résumé :
(LIVRE RESERVE A UN PUBLIC AVERTI)

Spécialiste d'art contemporain, Olivia Lespert vivote en écrivant des articles pour le magazine Art Globe. Lors d'un dîner qui lui procure une dérangeante et inattendue fête des sens, elle croise la ministre de la Culture en compagnie d'un photographe célèbre. Peu de temps après, la ministre est assassinée. Olivia se retrouve soudain sollicitée par un correspondant anonyme : il la bombarde de messages cryptés à teneu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Pourrait-on un jour voir le poste de ministre de la culture, poste éminemment symbolique lorsqu'on évoque l'identité culturelle d'une nation, tenu par une personne issue de l'immigration ? Hélène Bonafous-Murat a franchi le pas. Elle l'a fait dans cet ouvrage, un polar qui impacte les instances politiques au plus haut niveau.

La ministre a été assassinée. Crime politique, xénophobe ou crapuleux, affaire de moeurs touchant les hautes sphères de la République, le terrain est miné, l'enquête piétine. Alors que les médias font du rentre dedans et brodent en désespoir de scoop, Olivia Lespert journaliste spécialisée pour le magazine Art Globe est entraînée hors de son domaine de prédilection lorsqu'elle se trouve mise en présence d'indices qui pourraient bien faire dévoiler l'assassin. Un mystérieux correspondant prolonge sur internet une rencontre faite avec elle dans des circonstances d'autant plus singulières et excitantes qu'elle s'est faite sous le couvert de l'anonymat.

Hélène Bonafous-Murat nous destine un polar qui s'intéresse aux instances politiques et leurs lots de lutte de pouvoir, de corruption et autre compromission, mais pas seulement. Il est aussi beaucoup question d'art dans cet ouvrage. D'art contemporain en particulier, avec ce que cette notion implique de mise à l'épreuve du ressenti de son public. Ne dit-on que de toutes choses celles qui entendent le plus d'inepties sont les oeuvres d'art. Et plus l'immédiatement accessible au vulgaire s'estompe pour ouvrir le champ à l'abstrait, plus se resserre le panel de ceux qui se disent réceptifs au message de l'artiste et s'érigent ainsi en élite. C'est cette prétendue élite qui tient la vedette dans cet ouvrage lorsqu'elle se livre au combat des anciens et des modernes. Les premiers, tenants du beau, ayant dans cet ouvrage leurs activistes sous le sceau de la morale, de l'esthétique, et pourquoi pas du mystique, les seconds arpentant les couloirs des musées d'art contemporains y allant de leur vérité sur ce que l'improbable dicte à leur entendement.

Evoquer l'art en le dissociant de la sensualité serait le déshumaniser dans ce qu'il commande à l'imaginaire. Hélène Bonafous-Murat sait de quoi elle parle. Et de la sensualité à la volupté la frontière est ténue. L'énigmatique favorise le fantasme et met le corps en résonnance. Il n'y alors qu'un pas à faire pour franchir la porte d'un de ces clubs très fermés en quête d'émotions fortes. Mais c'est méconnaître que ce genre de lieu interlope peut devenir une nasse dans laquelle un manipulateur aura attiré sa proie.

Avancez masqués est un polar psychologique plein de rebondissements qui, touchant au monde politique, entretient jusqu'au bout le doute quant à la sauvegarde de la morale et la satisfaction de la justice. Polar fort bien documenté et promoteur de l'art sous toutes ses formes. Il témoigne de l'érudition et des recherches de son auteure dans le domaine. Et polar très moderne en ce qu'il se déroule dans une société ou les repères et les valeurs s'effacent au profit des contingences mercantiles, pain béni des médias qui se livrent entre eux à une lutte sans merci.

Mais heureusement aussi un polar dans lequel la sensualité n'est pas que bafouée par le vice. Nos deux protagonistes, toujours séduisantes sous divers grimages, initient chacune de son côté une histoire sentimentale dont la sincérité réchauffe le coeur dans le monde froid du pouvoir et du profit. Et notre experte en art, s'adjoignant la complicité d'une jeune eurasienne un peu paumée, aussi spontanée qu'astucieuse, est un personnage attachant qui méprise volontiers le risque y allant de sa bonne foi avec un soupçon de naïveté. On se dit parfois qu'elle est quand même gonflée !

Mais au-delà d'une intrigue prenante, ce que je retiens de cette lecture, c'est le polar au féminin. A l'emprise sur le lecteur s'y ajoute cette touche de volupté connue d'elles seules pour édulcorer l'atmosphère. Mystère inhérent au genre et accessible à l'autre que dans les rares instants de communion spirituelle. C'est très réussi à mon goût.
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Avancez masqués est un roman à clés assez original se déroulant dans le milieu de l'art contemporain.
Le livre démarre sur les chapeaux de roue par un dîner que l'on pourrait qualifier de haut en couleurs bien que se déroulant dans le noir.....
Après cette première scène coquine, le roman tourne à l'enquête policière autour des meurtres de la ministre de la culture et d'un secrétaire d'Etat. L'enquête est menée dans le milieu politico-culturel par Olivia Lespert, une journaliste et critique d'art qui se retrouve embarquée dans des aventures dont les enjeux vont peu à peu lui apparaître. C'est rythmé et inventif, même si au final le coupable n'est pas très surprenant.
L'utilisation détournée de certains tableaux classiques pour faire passer des messages est assez habile, et laisse transparaître l'érudition de l'auteur.
Un grand merci à Babelio et aux éditions le passage pour cette plongée sensuelle dans le milieu de l'art contemporain réalisée à l'occasion de la dernière opération Masse critique !
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Le roman commence très fort, par un chapitre qui donne le ton : mutin ! Très vite, un meurtre survient, celui de la ministre de la culture, croisée lors de ce premier chapitre fondateur, et l'héroïne, journaliste dans le milieu de l'art, se lance dans l'enquête, bientôt flanquée d'une acolyte inattendue, ce qui compose un très joli duo féminin, dont la complicité fait plaisir. L'écriture est fluide, élégante, d'une très grande précision dans la description des oeuvres d'art, réelles ou imaginaires. Quiconque a lu des romans reposant sur des descriptions d'oeuvres d'art sait à quel point c'est piégeux et difficile : ici, c'est totalement réussi, les oeuvres prennent vie pour notre grand plaisir, éveillant, s'il en était encore besoin après ce premier chapitre «  mutin », donc, notre sensualité. Dernier aspect savoureux : la satire malicieuse du milieu de l'art, parisien ou marseillais, qui peut faire lire aussi ce roman comme un roman à clé, pour ceux que cela intéresserait. Mais même si l'on n'est pas un spécialiste, ( ce qui est mon cas), certains portraits, dont le sujet se devine assez facilement, font sourire. le rythme est allègre,un vrai plaisir.
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HBM nous revient avec un vrai faux thriller, cérébral mais haletant, et elle frappe fort !
Après trois romans construits peu ou prou sur le même schéma -toujours plaisant mais qui finissait par sentir le procédé- elle nous étonne avec « Avancez Masqués ». Ce dernier opus, en effet, se défie des genres : il mêle avec bonheur intrigue policière, roman de moeurs (comme on disait autrefois) et peinture du microcosme du business de l'art (dans lequel, décidément, « il y a quelque chose de pourri »)… le tout pimenté de quelques nuances de gris.
Suivant la trame d'un polar et d'un parcours initiatique, HBM nous amuse, nous excite, nous dérange et nous donne à penser. Elle nous fait fréquenter l'univers de la politique et des cabinets ministériels où haines recuites, manipulations et coups tordus sont monnaie courante. Elle nous fait plonger dans le monde de la nuit, souterrain, libertin et sulfureux. Elle nous éclaire sur le business de l'art dans lequel petits arrangements entre amis, impostures et détournements sont souvent de mise. Surtout, elle nous engage à voir au-delà des apparences, à réfléchir sur notre société du spectacle, sur la surinformation/désinformation à laquelle nous sommes soumis, sur le rôle de l'art aujourd'hui et sur ce que nous disent les grandes oeuvres du passé. En bref, l'oeil expert d'Olivia Lespert (l'héroïne principale !) nous aide à décrypter le monde dans lequel nous vivons tout en revisitant les classiques.
Il y a bien quelques facilités dans « Avancez Masqués » : la trame, les sources d'inspiration sont facilement identifiables, les rôles secondaires sont plus des stéréotypes que de véritables personnages, les dialogues sont parfois un peu convenus. Il y a un peu un côté « Fantomette contre les malfaisants de l'art et de la politique » qui peut prêter à sourire. Mais justement, l'auteur (e) aborde les questions sérieuses sans se prendre au sérieux : elle nous régale de quelques faux sonnets mallarméens, hermétiques et suggestifs à la fois, elle ridiculise les réactionnaires et les populistes de tout poil, elle s'en donne à coeur joie contre les trafiquants de l'art et les fabricants de cote, elle en rajoute allégrement sur les clichés du polar, elle nous livre quelques pages « chaudes » qui réveillent des ambiances compassées des célébrations et des vernissages.
Au total, « avancez Masqués » est un divertissement très agréable mais plus profond qu'il n'en a l'air. Un véritable « page turner » qui ferait sans doute aussi un excellent scénario de film.
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Merci à Babelio et aux éditions "Le Passage" de m'avoir permis de découvrir cet auteur, que je ne connaissais pas.

Tout d'abord, je veux revenir sur le "réservé à un public averti" qui figure sur le descriptif de ce livre. Il y a une scène un peu sulfureuse, mais à peine, au début du livre, et ensuite, c'est tout de même très gentillet. Quelques évocations, mais bon, dans Zola ou d'autres auteurs très généralistes, on trouvera des scènes nettement plus explicites. Donc, finalement, et avec une pointe d'humour, je suis un peu déçu...

Après, l'intrigue est pas mal. Une journaliste, après s'être fait caresser le mollet dans le noir (au cours de la scène sulfureuse), se trouve mêlée à des meurtres politiques, ministres ou assimilés.

Si je peux me permettre, et je vais me permettre, on est dans un genre un peu médian entre la romance (je peux me tromper, je ne suis pas spécialiste du tout), le roman érotique (je peux me tromper, je ne suis pas vraiment spécialiste, et plutôt ouvert sur ces sujets, c'est à dire qu'il en faut pour que la littérature me choque, et le polar (où j'en connais pas mal). Donc on ne peut pas dire que c'est vraiment une grande réussite dans ces différents domaines, mais pour ce mélange, c'est quand même plutôt bien.

Même si très probablement, je ne vais pas chercher avidement à lire des romans de cette auteure, j'avoue que cela ne me ferait pas de peine d'en lire.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Elle aborda le dernier coude de la dernière salle et tomba en arrêt devant un bloc de granit noir.
Il était immense et cubique. D'emblée, par la façon dont l'outil l'avait travaillé, il lui évoqua Rodin. Non pas la main de Dieu, mais aussi celle de du diable cette fois. (...).De la masse de pierre sombre et dure semblait s'extraire une figure fluide aux drapés souples. Elle était mal définie, féminine à coup sûr, à en juger par ses rondeurs, mais son visage disparaissait sous un linge qui prolongeait celui de la robe. La figure avait les pieds pris dans le socle de pierre, elle élevait un bras frêle qui émergeait de la matière à hauteur du coude, sa main esquissait un geste comme pour saisir l'air , son buste dont on devinait la poitrine superbe se détachait de la roche. Ou plutôt, se dit Olivia, il était comme repris, happé par elle. C'était une femme qui retournait à la pierre.En évoluant autour du bloc, elle découvrit, saisie, d'autres figures amoncelées, toujours les mêmes, des Niobés qui peu à peu perdaient la vie et se fondaient dans la roche, y abandonnant tout caractère humain. Le mouvement passait de la verticalité de la première figure, pathétiquement dressée dans sa tentative d'arrachement, à l'horizontalité finale de la dernière, comme enroulée dans un linceul et rendue à son tombeau qui l'engloutissait. Jamais on ne voyait les visages.Olivia, pourtant, savait qu'il s'agissait de femmes. Des silhouettes fantomatiques sorties de leur dureté minérale et tout aussitôt recapturées par elle.
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Toute vraie création vous ramène à vous-même, elle vous fait plonger en votre être profond, là où le corps vibre... Le reste n'est que vide inutile.
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C'est alors qu'elle sentit glisser sur son bras gauche, depuis l'épaule jusqu'au poignet enserré dans le petit ruban de satin, un sillage froid et pointu qui lui rappela le couteau sur sa cheville : la fourchette.
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Malgré la légitimité que ses articles lui avaient acquise Olivia avait toujours eu du mal à écrire sur l’art contemporain. Après quelques découvertes marquantes qu’elle avait su porter aux yeux de ses lecteurs ,elle avait fini par se lasser de ce grand cirque où tous semblaient rivaliser pour une seule chose : l’éclairage médiatique qui allait enfin les placer sur un piédestal.
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A propos de l’art, page 50…vous cherchez un sens, quelque chose qui vous parle de vous. N’oubliez pas qu’il y a autant de lectures que de lecteurs. De tableaux que de spectateurs. Tout est question d’interprétation. Car au fond, qui dit vrai? Le tout est de trouver le bon angle. Celui qui vous ramène à vous même, à vos sensations et à votre corps.

Et à propos de l’État, si justement malmené ces jours-ci, page 212…était-ce vraiment là la vie du gouvernement, une ribambelle de petites magouilles individuelles, de tractations illicites, une course effrénée de chacun et chacune vers le profit personnel ? Mais où donc était passé le sens de l’État et du bien public?
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Videos de Hélène Bonafous-Murat (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Bonafous-Murat
Rencontre avec Hélène Bonafous-Murat autour de son ouvrage "la caravane du pape" aux éditions le Passage.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2350078/helene-bonafous-murat-la-caravane-du-pape
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