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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Elle marche, flâne, en attente. Elle a les doigts froids, mais chaud au cœur déjà, parce que tout à l'heure, elle redescendra prendre le train de la montagne vers le quai de l'amitié.
Une bouffée d'odeur chaude, d'odeur de fournil, d'odeur de pain et de croissant l'enveloppe. Amitié, pain de l'âme.
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Quand tu arrives par le haut, pas tout de suite. Tu crois des tas de pierres entre les châtaigniers et les ronces. C’est comme la queue de la bête, tu ne la vois pas, et tant que tu ne marches pas dessus elle ne bouge pas, elle ne s'occupe pas de toi. Puis tu continues, et voilà que tu longes sa patte, un petit mur à droite, tu te mets à la voir, des bouts écroulés, si tu fais attention tu en devines d’autres. Et puis tu longes son dos! Les grands murs à gauche. Et là, tu sais qu’il y a une bête, tu peux croire qu’elle est morte depuis longtemps. Lui, il voit au moins ce dos, il voit les murs comme un squelette, il regarde, il visite, il traverse... Il ne sait pas que c’est toujours vivant. Que la bête le sent passer, sans bouger. Elle l’appelle. Il ne le sait pas encore. Elle se demande s’il l’entendra, s’il ira jusqu'à son cœur.
Et lui, il trouve juste que c’est beau, il voit la terrasse en bas pour planter sa tente et passer la nuit. Il ne sait pas que la bête va lui parler, l'appeler dans ses rêves, s'emparer de lui. Ça prend peut-être des jours et des jours et des semaines. Elle l’environne, elle le prend dans ses ruines, elle lui donne envie, elle lui donne faim.
Alors il cède.
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Elle a poussé la machine dépoussiérée devant une fenêtre, et chaque fois qu’elle lève la tête, c’est une bulle de bien-être incroyable, inconcevable à un pareil moment, d’être là, entourée de bouts de tissu multicolores, ceux qu’elle avait oubliés, ceux qu’elle a sortis d’un fond de placard, et qui lui rappellent de lointains vêtements d'enfants aujourd'hui grandis, et même ses robes ou celles de ses sœurs.
Fini de courir, fini de remettre au lendemain, fini de bourrer ses journées: il n’y a plus rien d’autre à faire que d'attendre, et vivre, au jour le jour. Et... ressortir la vieille machine à coudre, les fonds d'étoffes, et coudre les masques dont tout le monde a besoin. Elle se dit que là, au moins, elle sert à quelque chose, elle évacue la culpabilité d’être immobile chez elle quand d’autres courent comme des fous et s'épuisent à se battre.
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Il fonce, le plus vite possible, jusqu’à ce bout de cercle qu’ils ont tracé sur le plan, Juliette et lui, et il en sort, il dépasse la limite, juste un peu, un tout petit peu, jusqu'à ce passage discret entre des jardins, où il ne risque pas d'y avoir un contrôle, et où Juliette, sortie elle aussi de son cercle à elle, l’attend déjà.
Juliette! C’est la lumière du jour, après les travaux familiaux, la lecture, le travail scolaire sur internet, les murs de l’appartement, les activités qu'on invente, Juliette... le rendez-vous presque secret, une lumière dans le soleil et le bruissement des jardins! Les vélos contre le grillage, ils se regardent, se jettent dans les bras l’un de l’autre au mépris des interdictions, se regardent, s'embrassent sous le regard attendri d’un voisin, parlent, rient, rêvent, racontent, - cinquante minutes seulement -
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— Je suis sûr. Moi, je le vois bien, arrivant là, très tôt, quand il y a encore de la neige dans les creux. Il marche. Il porte. Il est costaud, entreprenant, il l’a montré après. Il ne sait pas à quelle distance c’est au juste, mais il y va. Il sait qu'il veut y aller. Il sait qu'il va y rester, qu’il ne partira plus après. Il est heureux. Il a le ciel au dessus de lui, les montagnes autour, les arbres à côté, et devant lui, rien, et tout. Il a tout quitté, tout laissé, les misères, les douleurs, les laideurs, les ras-le-bol, les ennemis, et il marche vers le Collet, vers rien, vers tout à faire. Et le ciel au dessus de lui, il l’a aussi dedans, dans les yeux, dans la tête, dans le cœur. Il marche, c’est dur, c’est long, il est seul, il est heureux. Il attend. Il va.
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Victor fait la queue pour entrer à la supérette, passe d’une rayure à l’autre, d’une case à l’autre. Pion d'échecs. Pas de fou qui te bouscule, pas d’intrépide aux allures de cavalier pour te dépasser, et la paisible et volumineuse tour, derrière lui, se déplace poussivement sans chercher perfidement à lui prendre la place.
Dix minutes, douze minutes, de méditation silencieuse, à dérouler les recettes et les succulences à venir. Il y a peu, il aurait détesté, rongé son frein, aboyé peut-être, pressé même avec indécence la reine qui le précède. Aujourd'hui, il ne s’en rend même pas compte. Son seul énervement, insidieux, porte sur ce qu’on va trouver, ou plutôt ne pas trouver sur les rayons troués de vides, qui lui rappellent ce voyage à l’Est, quand il était enfant.
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— En fait, dans la chaleur et la lumière, c’est facile de faire une pause. C’est une bulle, on oublie: ils pouvaient oublier hier, oublier demain. Ah, quelle plénitude d'oublier hier! Ça fait des lambeaux gris qui se dissolvent et s'éloignent. La brume évanouie, le soleil se glisse et chauffe et éclaire - et du coup prend et emporte.
— Et demain est loin. On ne pense plus à demain.
— C’est la bulle du présent qui s’élargit. Contemplation des feuilles qui vibrent, des herbes immobiles, de la poussière sur la pierre chaude, des parfums aromatiques qui s’embrouillent et font rêver, des crissements et bruissements et craquements et froissements des milles bêtes cachées proches ou lointaines.
— Tu crois qu’ils oubliaient? Qu’ils oubliaient demain?
— Demain est loin.
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Le ciel n'a jamais été si pur que maintenant, au-dessus de la ville où tout s’est arrêté. Dans le bleu, pas un nuage, pas une fumée, pas une ligne blanche tracée par un avion! Un bleu fort, immense, que Chloé n’a jamais vu si beau, sûrement nettoyé des exhalaisons ordinaires des activités humaines.
Chloé contemple, Chloé s’emplit les yeux et la mémoire de ce ciel, de ce bleu qu'elle n’a jamais vu tel, ce bleu de plénitude au-dessus d’une ville immobile et silencieuse. Chloé cherche comment le composer, le recomposer, en donner la force, le rendre aux yeux.
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— C’est pas parce qu’on ne dit rien que c’est le silence! Il y a le bruit du vent, le bruit des arbres, le bruit des oiseaux, le bruit des pierres: grattements, froissements, pépiements, grognements, craquements, frémissements, ruissellements, sifflements, hululements, aboiements, gémissements... et puis des souffles obscurs, des passages galopés, des passages furtifs aussi, et de larges rumeurs.
— C’est vrai. En fait, c’est son silence à lui. Le pays de son silence. Tout ne peut exister, prendre place, envahir, prendre sens que par son silence à lui.
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Dans son bout de terre au milieu de la ville silencieuse, une incroyable allégresse le saisit. Il va falloir trouver des plants, des graines - où?
Un bruit de moteur, quand même: un hélicoptère. Bien sûr, il monte à l’hôpital. Félix pense à Urbain, qui vient d’y mourir. Il aurait aimé ce potager enterré au milieu du quartier.
Félix va se laver les mains, s'installer devant son ordinateur, et lancer des appels et chercher des contacts pour trouver des graines, des plants, puisque les jardineries sont à des kilomètres, et de toute façon, fermées.
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