Hélène Sanguinetti

                    Fille de Jeanne-Félicie


                          Extrait 2
                    3
Le port avait donné aux cartes les familles à doigts signés :
Valet de mer, Valet de songe, mêlés d'oiseaux, de menthe, de
muscat.

                    4
La page, à son trouble, reconnaît la blancheur de l'armure
de celui dont il portera le glaive, tout à l'heure,
jusqu'à la lice.
Le glaive écrivant la blessure.

                    Fille de Jeanne-Félicie


                          Extrait 4

À peine entrée, elle dit que lui, le garçon assis sous
la table, serait gardien de phare.
Puis elle montra, dans l’enveloppe, une boucle très souple,
très légère, de cheveux blonds.
« Comment cela ne se déchire pas, si doux ? » dit-elle.

Pluie d’été si bonne pour les champignons, une vapeur un organdi petit souffle descend de là-haut SanPedrone, empêtré bientôt clair,
JE PENSE : SEUL UN PETIT RUBAN DE CHACUN, PLANTÉ SUR LA TERRE, TOUT DE SUITE GAILLARD AU VENT, VITE POURRI,OU RIEN

          ainsi disparaîtront …



          ainsi disparaîtront

Accrochés qui regardent le fond sautons
la vie finit ici et sautons c'est fini ici
mieux qu'un singe s'agrippe et mord la
chaîne le compagnon secret ombre mer
et se jette Barrique ! Bas du Pré !
oh non, une feuille, une poudre, Qui a bougé ?
bougé ils tirent, le vent, un Madeleine que j'aime
si cœur encore entier
et Se jette
Boum Boum c'est le rivage qui tue
qui bouge-saute-vit sur Kap Arkona
dehors allons dehors Baltique a bien mangé
et le ciel et le ciel tombe aussi le 3 mai
45 cerisiers fleuriront toujours fleurs ! fleurs !
éplorées
dans la baie Lübeck c'est passé Ohé
ont péri ont péri ont péri 7500 déportés

il y a eu
450 rescapés 11 Français
et Charlot D bien tué
Ohé

                    Fille de Jeanne-Félicie


                          Extrait 8

                    15
Ton heure, Fille aimée !
Où les troupeaux ont bu.
Voici, tu veilles le Poème en silence,
rien et tout donnant ce qu'il ne sait plus.

                    Fille de Jeanne-Félicie


                          Extrait 5

                    10
Et elle, mioche d'obscurité, prenait le jour aux yeux
si vastes.
Aux yeux de celle qui ne sait plus descendre les marches
tant la nuit parle fort aux vieilles fées.
Ô sa fée cernée d'adieu, communiante !


                    11
L'heure vient où les chameaux vont boire,
et c'est dans le désert le grand discours qui s'agenouille.

                    Fille de Jeanne-Félicie


                          Extrait 4

                    9
L'Aventure commence là où l'assiette toute blanche,
qui n'a jamais servi, est posée en ornement.
Comment le sais-tu ?
Et c'est pour quel voyage ?

                    Fille de Jeanne-Félicie


                          Extrait 3

                    5
Attention à bien enduire d'huile son corps,
qu'il s'aiguise et qu'il luise au plus lointain des jours !
Sans toucher le front où le labyrinthe se construit.
Comment t'appelles-tu ?

                    6
Laissez-moi à genoux,
Marquez-moi à l'épaule,
Dans la pénombre de la chapelle
Qui m'enseigne les façons de roi.

Automne vivant et adoré…


Extrait 3

Qu’est-ce qui fut raconté
ce jour-là cette nuit-là
dans ce pays-là,
homme à la flûte ?

Que ferais-tu à ma place ?
Si ce n'est dénouer ma robe, fendre et rassembler somptueusement ce qui traîne épars dans la clairière ? Oh n'y pas penser ou perdre foi sur le chemin des pierres et des bouses !

Pour savoir qui je suis, je me tais.

Il faudra leur dire



Il faudra leur dire : rien de nouveau
mais qu’elle l’aime que rien ne compte
sauf caresses et sable et mer et vent et
tout l’air sur la peau avec ses mains,
Sœur Couchée coquillée Qui est »elle » ?
hors les nattes
et les
souliers

C’était ce jour le soleil



C’était ce jour le soleil beaucoup de
vent puis le soir puis rentrés à la maison avec
du sable Un héron seul puis femme héron le
rejoignant pour vivre un moment plantés là
lapins pas venus
pont arrêté puis passé
bruit de la mer après le vent
Sainte Mer Derrière Sainte Ligne bleue derrière
les dunes poisson ou cheval Aperçus Trembler
…

Puis il avait une robe de danse



Puis il avait une robe de danse une
robe de cheval qui gonflait sous ses bras
il avait un collier, une arme pour parure,
Qui est « il » ? il ouvre les bras il
Caresse
…

Il y a parfois délice



Il y a parfois délice
à recueillir Naïves images à faire entrer
du cœur et se soulève et
Houle se Soulève
Mouche se sauve du pot, de,
Miel, de, châtaignier, aile gauche collée pas
de désespoir,
A réussi car pas de désespoir,
ce fut leçon de mouche et
leçon de lac avec vent
…

Dedans hop…



Dedans hop hop allons Dedans
Plantée dans la peau du pied Épine enlève le soulier
c'est nuit Sont 3 les beaux navires se Bercent
quel luxe des robes de princesse du chocolat prends ce
que tu voudras
Les Derniers-aux-yeux-Ouverts arrivent sur des barges
complétant la flottille, c'est avril peut-être le 25

FLOTILLE D'ANNA SUR LE MUR DE LA CHAMBRE
UN JOUR DE PAIX DOUCES BARQUES ET L'ÉTANG UN JOUR
BOUM BOUM RETOUR DES DERNIERSCREVÉSGONFLÉS

Dehors dehors ô Baltique que je rêvais
Avions vont arriver sautons allons sautons
pendant les manœuvres les manœuvres les
manœuvres Bouches Ouvertes et Yeux
Ouverts se jettent à l'eau vivre vieux
COULEZ TOUS CES BÂTIMENTS !!!
COULEZ
COULEZ
…

au bord Ohé…



Elmenhorst, Thielbeck, Athen attendent
au bord Ohé ! Ohé là-dedans
bonjour les rats et les Puants et bonjour pain
et eau sûrement ohé ! le diable, est bon cornu
c’est bon pour manger Des rats et des ongles
Les féériques au fond de cale et tapent sur la coque
des doigts du coton Faim Faim tapent dessus
Avait faim Perdait ses pantalons rêvait à rien
Kap Arkona attend au loin quel luxe Kap Arkona
sur la Baltique dont il rêvait
Ohé Ohé là-dedans là-dedans adieu les rats
et les Puants et bonjour pain et eau sûrement ohé
c'est bon pour manger féériques déportés Charlot a
trop mangé trop mangé Goulu d'elle n'a pas mangé
Celle qu'il aime, oh, il veut les doigts de Celle,
c'est Madeleine, c'est quoi, des rats
ainsi S'en vont allons dormons c'est bon,
Moustachu Barbu debout ou boum boum dessous
Le Kap Arkona quel luxe Des flûtes des gorges
moussent oh piquantes sur les moustaches et sur
la langue piquent dorées bulles Les voyageurs font
une petite halte Elle a une épine dans son soulier
dans la baie vent du cristal ô Baltique que je rêvais
…

C’était le grand camp de l’Allemagne du Nord…



C’était le grand camp de l’Allemagne du Nord
Camp maudit camp méconnu.
Il baigne dans un marais.
Il baigne dans un marais ce sont les premiers jours
de mars
Camp méconnu NEUENGAMME
Allons dehors dehors il fait bon on attend
dans la baie dehors



Ils sont partis c’est bon dehors marchons
tu dors ? allons avançons on attend
entrons dans ces bateaux si beaux bateaux
sans eau sans pain irez bien là tapez là au creux,
si beaux bateaux enfin allons entrons
Qu’il est bon le retour : ô Baltique que je rêvais

ET D’UNE VOIX DOUCE EXTRÊMEDOUCE
ÉTRANGÈRE PLUSINCOMPRÉHENSIBLEENCORE
PLUS DOUCE : Ô BALTIQUE QUE JE RÊVAIS
…

                    Fille de Jeanne-Félicie


                          Extrait 7

                    14
Espère !
Les mouettes remontent en hiver jusqu'à l'intérieur des terres,
ronger l'ordure au ras du fleuve, rincer leurs cris.
Visite sera faite, dans le secret des tombes,
aux morts qui posent
devant leurs fleurs.

                    Fille de Jeanne-Félicie


                          Extrait 6

                    12
Pour ce rien de neige descendue, disparue.
Pour le grillon, soirs de juillet au bord des routes.
Pour la douleur du front,
les 7 épines, les 7 baisers.


                    13
Car il n'y eut plus d'athlétique enfance.
Les poings rongés de sel,
la gorge à vif sous le charme.
Que voulez-vous ?