Lémission « Ça rime à quoi ? », par Sophie Nauleau, diffusée le 14 juin 2015. Invitée : la poétesse en personne, à l'occasion de la parution des ouvrages 'Alparegho' et 'Pareil-à-rien'.
Fille de Jeanne-Félicie
Extrait 2
3
Le port avait donné aux cartes les familles à doigts signés :
Valet de mer, Valet de songe, mêlés d'oiseaux, de menthe, de
muscat.
4
La page, à son trouble, reconnaît la blancheur de l'armure
de celui dont il portera le glaive, tout à l'heure,
jusqu'à la lice.
Le glaive écrivant la blessure.
Fille de Jeanne-Félicie
Extrait 4
À peine entrée, elle dit que lui, le garçon assis sous
la table, serait gardien de phare.
Puis elle montra, dans l’enveloppe, une boucle très souple,
très légère, de cheveux blonds.
« Comment cela ne se déchire pas, si doux ? » dit-elle.
ainsi disparaîtront …
ainsi disparaîtront
Accrochés qui regardent le fond sautons
la vie finit ici et sautons c'est fini ici
mieux qu'un singe s'agrippe et mord la
chaîne le compagnon secret ombre mer
et se jette Barrique ! Bas du Pré !
oh non, une feuille, une poudre, Qui a bougé ?
bougé ils tirent, le vent, un Madeleine que j'aime
si cœur encore entier
et Se jette
Boum Boum c'est le rivage qui tue
qui bouge-saute-vit sur Kap Arkona
dehors allons dehors Baltique a bien mangé
et le ciel et le ciel tombe aussi le 3 mai
45 cerisiers fleuriront toujours fleurs ! fleurs !
éplorées
dans la baie Lübeck c'est passé Ohé
ont péri ont péri ont péri 7500 déportés
il y a eu
450 rescapés 11 Français
et Charlot D bien tué
Ohé
Pluie d’été si bonne pour les champignons, une vapeur un organdi petit souffle descend de là-haut SanPedrone, empêtré bientôt clair,
JE PENSE : SEUL UN PETIT RUBAN DE CHACUN, PLANTÉ SUR LA TERRE, TOUT DE SUITE GAILLARD AU VENT, VITE POURRI,OU RIEN
Fille de Jeanne-Félicie
Extrait 5
10
Et elle, mioche d'obscurité, prenait le jour aux yeux
si vastes.
Aux yeux de celle qui ne sait plus descendre les marches
tant la nuit parle fort aux vieilles fées.
Ô sa fée cernée d'adieu, communiante !
11
L'heure vient où les chameaux vont boire,
et c'est dans le désert le grand discours qui s'agenouille.
Fille de Jeanne-Félicie
Extrait 3
5
Attention à bien enduire d'huile son corps,
qu'il s'aiguise et qu'il luise au plus lointain des jours !
Sans toucher le front où le labyrinthe se construit.
Comment t'appelles-tu ?
6
Laissez-moi à genoux,
Marquez-moi à l'épaule,
Dans la pénombre de la chapelle
Qui m'enseigne les façons de roi.
Fille de Jeanne-Félicie
Extrait 4
9
L'Aventure commence là où l'assiette toute blanche,
qui n'a jamais servi, est posée en ornement.
Comment le sais-tu ?
Et c'est pour quel voyage ?
Fille de Jeanne-Félicie
Extrait 8
15
Ton heure, Fille aimée !
Où les troupeaux ont bu.
Voici, tu veilles le Poème en silence,
rien et tout donnant ce qu'il ne sait plus.
au bord Ohé…
Elmenhorst, Thielbeck, Athen attendent
au bord Ohé ! Ohé là-dedans
bonjour les rats et les Puants et bonjour pain
et eau sûrement ohé ! le diable, est bon cornu
c’est bon pour manger Des rats et des ongles
Les féériques au fond de cale et tapent sur la coque
des doigts du coton Faim Faim tapent dessus
Avait faim Perdait ses pantalons rêvait à rien
Kap Arkona attend au loin quel luxe Kap Arkona
sur la Baltique dont il rêvait
Ohé Ohé là-dedans là-dedans adieu les rats
et les Puants et bonjour pain et eau sûrement ohé
c'est bon pour manger féériques déportés Charlot a
trop mangé trop mangé Goulu d'elle n'a pas mangé
Celle qu'il aime, oh, il veut les doigts de Celle,
c'est Madeleine, c'est quoi, des rats
ainsi S'en vont allons dormons c'est bon,
Moustachu Barbu debout ou boum boum dessous
Le Kap Arkona quel luxe Des flûtes des gorges
moussent oh piquantes sur les moustaches et sur
la langue piquent dorées bulles Les voyageurs font
une petite halte Elle a une épine dans son soulier
dans la baie vent du cristal ô Baltique que je rêvais
…
De ce berceau…
Extrait 1
De ce berceau, la mer
(avec ses voix,
la grande gorge qui roucoule)
À elle, jeté ou confié ?
Et toujours, oliviers vignes figuiers, le vent qu’Ulysse-épargné
respire
Qui suis-je, osier ?
Aux mailles gonflées
un jour répondra
une chaîne tombée au cou !
Mieux nuages que moustiquaire ou voile dansant ————————
——————— Qui suis-je, osier ?