Personne n’osait parler. Personne ne pouvait parler. Personne sauf Ninalya. Elle n’avait que neuf ans, mais quand elle prenait la parole, ses mots étaient si sages et justes qu’elle semblait en avoir mille :
- Ce qui s’est passé cette nuit peut être modifié, déclara-t-elle. Le passé est le passé. Il est derrière nous et ne dois jamais s’immiscer dans notre futur, sans quoi nous ne pouvons avancer. Jill, Kazip et Gilles sont en ce moment avec nous et ils vont bien. Alors, à quoi bon se morfondre sur les évènements de cette nuit ? Et même s’ils étaient blessés ou morts, qu’y pourrions-nous ? Ce serait ainsi et il faudrait s’en accommoder. […]
- Nous la délivrerons. Même si l’on s’attire le courroux des dirigeants. Même si certains d’entre nous meurent. Même si les Zaquaxys nous déclarent officiellement la guerre. Même si tous les decemois veulent notre peau. Même si tous les ééklamiens nous traquent. Même si tout le Monde d’en Bas souhaite nous occire. Nous la délivrerons. Nous la délivrerons, car nous sommes les Résistants et, même si nous sommes restés dans l’ombre pendants douze ans, nous sommes puissants.
Il était neuf heures du soir, mais le ciel conservait son éternelle couleur brune et la lumière mystérieuse du Monde d’en Bas éclairait le jardin en continu. L’obscurité de la nuit n’existait pas dans ce monde magique.