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Citation de fanfan50


Il l'avait réveillée très tôt, et, sans lui permettre de protester, lui avait dit de s'habiller pour sortir en forêt. Ils avaient traversé le fleuve en silence et avaient roulé vers le nord, en suivant la route des montagnes. Le sol crissait sous les pneus dans la forêt immobile. Il s'était arrêté sur le chemin forestier et avait passé le bras autour de son épaule. Des sentiers à peine visibles serpentaient à travers les arbres. Il en choisit un et ils avancèrent dans le grand silence, jusqu'à une zone où des pins poussaient sur un sol inégal. C'était sa galerie. Ses sculptures les entouraient. Sur les troncs apparaissaient des visages, des corps qui tentaient de se libérer du bois dur. Sur certains arbres plusieurs corps s'entremêlaient, sur d'autres il n'y avait qu'un petit visage, quelques mètres au-dessus du sol. Il sculptait ses oeuvres soit à genoux, soit juché sur des échelles sommaires qu'il assemblait lui-même. Quelques sculptures étaient très anciennes. Taillées voilà plus de quarante ans, quand il était jeune. La croissance des arbres avait brisé les images, transformé les corps et les visages, de la même façon que les hommes changent avec l'âge. Certains arbres s'étaient fendus, des têtes avaient éclaté, comme écrasées ou décapitées. Parfois, la nuit, des gens venaient couper et emporter certaines de ses oeuvres. Une nuit même, tout avait disparu. Mais peu lui importait, il possédait vingt hectares de forêt, et en avait suffisamment pour remplir plusieurs vies. Personne ne parviendrait à voler tout ce qu'il sculptait pour lui-même et ses visiteurs.
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