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Citation de ATOS


Du fleuve, des limons, du sol, des bois, la matière énorme fondait en ce sentiment de grandeur pur de toute substance. Affranchi, je ne sais comment, des servitudes ordinaires, je venais de passer, à l'improviste, d'une situation humaine déjà trop lourde pour ma médiocrité, à la connaissance ineffable de la majesté elle-même. Je respirais dans la grandeur ; mon coeur y battait ; ma pensée immobile sur elle-même, n'était plus qu'un grand corps sonore à la mesure des hauteurs et des profondeurs solennelles de ce monde.

Tout se taisait autour de moi.Rien ne suggère comme le silence le sentiment des espaces illimités. J'entrai dans ces espaces. Les bruits colorent l'étendue et lui donnent un sorte de corps sonore. Leur absence la laisse toute pure et c'est la sensation du vaste, du profond, de l'illimité qui nous saisit dans le silence. Elle m'envahit et je fus, pendant quelques minutes, confondu à cette grandeur de la paix nocturne.
Elle s'imposait comme un être.
La paix avait un corps. Pris dans la nuit, fait avec la nuit. Un corps réel, un corps immobile. Cependant un corps animé. Les passions y demeurent closes, les pansées taciturnes. Mais il contenait des passions et des pensées. L'âme n'y était qu'un présage, conjecture de la tempête. Le corps ne bougeait pas, ni l'âme. Confondus dans cette substance compacte et vaine de la nuit, ils semblaient attendre. Ils étaient. Etre où mon être s'abimait. Corps dont j'étais une parcelle close, mais attentive et toute vivante, à la pointe de ce calme éphémère de la nuit, ainsi qu'il sied à l'homme, toujours tourmenté. Un évènement se formait au sein de e repos, si dense, et on en pressentait la grandeur imminente par la majesté du silence qui nous enveloppait.
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