AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de ATOS


Or ma nouvelle solitude ne me pesait pas ; elle m'allégeait.J'avais rompu. Je ne voyais point trop encore sur quoi portait cette rupture ; car j'étais obsédé par une sensation mal définie, mais d'une puissante présence, qui m'exaltait et m'emplissait de crainte ; et c’était d'être détaché, libre peut-être ( toutefois ceci est moins sûr).Détaché des miens, que j'aimais ; et déjà sur le fil du fleuve mystérieux, ce fleuve qui coulait en moi et dont j'avais toujours ignoré l'existence, tout à coup révélé par le bruit de ses flots et la vision, confuse encore, de ses rives. J'étais traversé par des grandes eaux sombres, et cette idée me hanta si tragiquement que, vers cinq heures, je sortis de la maison, malgré la neige, pour aller voir le fleuve.

Mais de la neige immatérielle qui maintenant tombait en moi, comme autour de moi tombait la vraie neige, un paysage commençait à naître de grands bois cristallisés aux ramures cassantes, buissons fragiles et halliers bleuâtres, sentiers de verre qui luisaient, dans une île de pure neige. Incompréhensible fantôme, je traversais des clairières givrées, d'où partaient des chemins qui n'aboutissaient nulle part et j'errais au milieu de cette île mentale autant que dans l'île réelle mais lentement comme il convient au pays de la neige et du silence. Car ces constructions délicates n'avaient pu se former et ne pouvaient se soutenir que par les vertus du silence. Elles étaient si merveilleuses, mais si frêles, qu'à chaque instant j'appréhendais qu'elles fussent détruites par un simple son. Je savais qu'en ce monde imaginaire ( mais l'était il?) j'errais en quête d'un refuge.Il y avait une maison, je ne savais plus où dans laquelle on m'attendait. Et on était inquiet de ne pas me revoir.
Commenter  J’apprécie          90





Ont apprécié cette citation (7)voir plus




{* *}