Une ère nouvelle commence. Le règne des maîtres de l’oeuvre est fini : nous allons, avec les grands architectes de la Renaissance, et le plus illustre d’entre eux, Philibert de l’Orme, assister au triomphe de l'antiquité, non plus empruntée aux imitations plus ou moins fidèles des Italiens, mais appliquée par des érudits qui tiendront à étudier sur place les monuments romains et iront s’abreuver directement à la source classique.
Nous pouvons cependant recueillir des données assez précises sur l'architecture poitevine primitive grâce au baptistère du temple Saint-Jean, à Poitiers, qui malgré de fâcheux remaniements opérés aussi bien au moyen âge que dans les temps modernes, conserve dans son ensemble sa construction du VIIe siècle.
Faut-il s’en étonner? L’art de bâtir n’est-il pas, de tous les arts, celui où la nouveauté et l’originalité soulèvent le plus de défiance? Dans un édifice, qui va survivre à plusieurs générations humaines, ne doit-on pas rechercher avant tout les formes qui ont fait leurs preuves, les dispositions décoratives de tout repos, aussi propres à plaire aux arrière-neveux qu’aux contemporains? C’est avec une prudence qui touche à la timidité que les constructeurs osent s’associer aux fluctuations de la mode et du goût.
Depuis deux siècles, le papier de tenture a pris une place de plus en plus grande dans la décoration et l'agrément de nos demeures. C'est l'élément le plus familier, le plus répandu, le plus populaire. Il est surprenant qu'on n'ait jamais songé à en écrire l'histoire et à fixer les liens solides qui, aux époques successives, mêlent intimement cette histoire à celle de l'art décoratif. Une telle lacune avait frappé mon ami Charles Foliot. Dans nos promenades dominicales, aux alentours de Malmaison, dont il était un des amis bienfaisants, il m'en parlait souvent. Il m'avait demandé de l'aider à réparer cet oubli en écrivant avec lui l'Histoire du papier peint en France. De cette histoire nous avions conçu le plan, nous avions même installé ensemble, dans une petite galerie du musée, une collection documentaire de papiers peints de la Révolution et de l'Empire, qu'il considérait comme l'illustration d'un des chapitres. C'est, d'ailleurs, une section du musée à laquelle son fils et ses gendres tiennent, en souvenir de leur père, et pour réaliser toute sa pensée, à donner une extension définitive.
L'amour des choses du passé n'échappe pas aux fluctuations de la mode, comme le voudrait une saine logique. A l'aurore de la collection, vers 1825, on s'est engoué du mobilier gothique; quinze ans plus tard, on n'a plus voulu que du Henri II, jusqu'à ce que la passion de l'impératrice Eugénie pour Marie Antoinette ait lancé les amateurs vers les élégances du XVIIIe siècle.
En même temps, le grand salon de réception, trop solennel pour les petits hôtels que se font construire les financiers enrichis par le système de Law, ou leurs amies les belles impures, s’efface devant le salon d’assemblée ou de compagnie, plus intime, plus restreint, plus facile à décorer et à meubler. C’est la pièce commode et hospitalière, où l’on réunit ses amis, où l’on cause, où l’on fait de la musique. Les plus fastueux poussent le luxe au point de la faire construire en double dans leur hôtel : salon d’hiver au nord, salon d’été au midi. On a trop grelotté ou étouffé à Versailles : on veut désormais ses aises.
En réalité on vit fleurir en France deux Renaissances, ou plutôt l’époque à laquelle on devrait réserver ce nom fut précédée d’une période de transition d’une durée à peu près égale. Cette pré -Renaissance, où les motifs de décoration empruntés à l’antiquité viennent se mêler aux anciens thèmes gothiques sans les faire abandonner, s’étend jusqu’au milieu du seizième siècle. Instinctive, prime-sautière, singulièrement mélangée d’éléments disparates qui se juxtaposent sans se nuire, c’est le temps du classicisme incorrect et pittoresque appliqué par les maîtres de l’oeuvre.
C'est en 1929 que Charles Foliot mit sa maison en société avec son fils et ses deux gendres pour en assurer la continuité. Mais il ne se désintéressa point, pour cela, de son industrie, ni des efforts de .ses confrères. Lorsqu'en 1933, à l'occasion du cent cinquantenaire de la Conquête de l'air, on décida d'attirer l'attention des décorateurs et du public par une exposition de papiers anciens, il accepta de bonne grâce d'en présider la section au musée Galliéra et d'ouvrir tout grands les trésors de ses collections.
L'or est probablement le premier métal utilisé par l'homme. L'or natif de teinte jaune clair, l'électrum des anciens (trois parties d'or et une d'argent) se rencontrait sans doute un peu partout. Épars à la surface du sol, mélangé aux sables d'alluvions des fleuves, sa couleur brillantes la désignait aux yeux. On apprit d'abord à l'étirer, à le marteler, à l'enrouler sans l'aide du feu. La perle de Ménès trouvée à Nigadah (Egypte) peut remonter au quatrième millénaire.
La chambre à coucher perd son rôle de grand apparat. La mode n’est plus de recevoir couché mais assis, et le salon, surtout le petit salon de compagnie, remplace la ruelle des Précieuses. L’alcôve est toujours de mise, mais sa dignité s’est féminisée pour devenir de la grâce. C’est désormais un réduit mystérieux, garni de glaces, où des rideaux, élégamment drapés, ne laissent pénétrer qu’un agréable demi-jour.