Au bord de l'autoroute,
parmi les fleurs épouvantées,
dorment les rêves...
(Dorment les rêves)
L'AUTRE COTE DU MUR
Faut bâtir un mur de livres
et deux mille ans s'entêter
du mauvais côté du mur,
pour un beau jour inventer
l'idée de la liberté
l'idée de percer ce mur,
d'y ouvrir une fissure
entre les pages d'un livre,
et puis d'ouvrir tous les livres,
et puis traverser le mur,
et enfin du bon côté,
ne s'occuper que de vivre...
(à Jean-Jacques Colonna d'Istria)
ON VIVRAIT LA POESIE
Sans devoir faire l'effort de lire
quand le jour cède à la nuit,
sans avoir besoin d'écrire
on vivrait la poésie...
Sourds et muets mais quelle chance
venu le temps de mentir,
on l'apprendrait mais du silence
qui l'enseigne sans mot dire...
On la saurait sans le savoir,
sans lacunes et sans erreurs,
espérant sans faux espoirs,
désespérés mais vainqueurs...
L'encrier serait la lumière
et nos plumes l'ange qui passe
sans un mot, sans toucher terre,
en ne laissant pas de traces,
et on noterait blanc sur blanc
son titre "Il est bon d'y croire"
à la fin du livre noir
de nos tristes faux-semblants...
Après, par delà l'horizon,
sans plus de rimes ni raison,
on balancerait nos idées,
comme les joueurs lancent leurs dés...
CHANSON DU MORT DEBOUT
Jeté, plus consommable,
H-S, irrécupérable,
débarqué, débranché,
retiré du marché,
je ne faisais plus partie
de rien, j'étais parti
pour le pays des merveilles,
dans un merveilleux sommeil,
mais un mort en colère,
viré du club de Saint-Pierre,
m'a sauté sur le râble
en hurlant comme un diable;
(...)
Elle partit loin, très loin,
la chienne de faïence,
loin du pays des chats,
loin de sa vie de chien,
elle partit en vacances
un lundi, sans visa,
et six jours voyagea...
(Une histoire d'ascenseur)
FESTIN DE CHIENS
Comme on a vécu on mourra
alors on se retrouvera
"in fine" où l'on se perd
c'est à dire entre vieux os
pour un festin de chiens;
(...)