Citation de Nelja
(Extrait d'un conte de Claude Seignolle)
Un de mes amis reçoit un inespéré coup de fil de la jeune femme qu'il affectionne et dont il n'avait plus aucunes nouvelles depuis leur séparation. Ce couple s'aimait à passion, cependant, elle, lassée de sa trop grande jalousie, avait quitté Paris depuis quelques mois sous le prétexte d'une "épreuve de séparation" ; en fait par besoin de liberté. Mais, ayant suffisamment respiré la solitude et ne pouvant se passer de lui, elle venait de rentrer et avait loué un petit appartement dans une vieille maison du quartier des Halles d'où elle téléphonait, lui demandant s'il voulait reprendre la vie commune et la garder à jamais, le suppliant presque. Ce qui, vu l'ardeur des sentiments de mon ami, était superflu.
S'il l'avait pu, il aurait pris un hélicoptère pour aller plus vite, lui qui habite le XVIe, et se poser sur le toit de l'immeuble de son amie, retrouvée alors qu'il la croyait définitivement partie.
Il se fit répéter plusieurs fois l'adresse et l'étage, confirmant qu'il avait bien noté les indications et surtout la plus importante, ce numéro 141 qui devenait pour lui un chiffre magique.
Et il sauta dans sa voiture.
Il trouva sans peine la rue en question, proche de l'église Saint-Eustache. Parcourut impatiemment les numéros... 135, 137, 139... 143, 145 !
Surpris, revenant sur ses pas, il fut bien forcé de constater qu'il n'y avait point de 141... ce numéro n'existait pas !
Envahi de désespoir, il questionna la concierge du 139, puis celle du 143.
L'une et l'autre lui répondirent qu'elles ne connaissaient personne, ni de nom ni de physique, semblable à la personne qu'il cherchait et qu'il n'y avait jamais eu de 141.
- C'est sans doute un oubli de la voirie, dit l'une, indifférente.
- Ou une façon de faire gagner du temps au facteur, gouailla l'autre.
Mais toutes deux reconnurent que, souvent, et avec la même impuissante tristesse, des gens venaient, comme lui, leur demander après des personnes habitant un soi-disant 141.
Quant à la jeune amoureuse repentante, on ne l'a jamais revue nulle part. Elle a complètement disparu.
Un de mes amis reçoit un inespéré coup de fil de la jeune femme qu'il affectionne et dont il n'avait plus aucunes nouvelles depuis leur séparation. Ce couple s'aimait à passion, cependant, elle, lassée de sa trop grande jalousie, avait quitté Paris depuis quelques mois sous le prétexte d'une "épreuve de séparation" ; en fait par besoin de liberté. Mais, ayant suffisamment respiré la solitude et ne pouvant se passer de lui, elle venait de rentrer et avait loué un petit appartement dans une vieille maison du quartier des Halles d'où elle téléphonait, lui demandant s'il voulait reprendre la vie commune et la garder à jamais, le suppliant presque. Ce qui, vu l'ardeur des sentiments de mon ami, était superflu.
S'il l'avait pu, il aurait pris un hélicoptère pour aller plus vite, lui qui habite le XVIe, et se poser sur le toit de l'immeuble de son amie, retrouvée alors qu'il la croyait définitivement partie.
Il se fit répéter plusieurs fois l'adresse et l'étage, confirmant qu'il avait bien noté les indications et surtout la plus importante, ce numéro 141 qui devenait pour lui un chiffre magique.
Et il sauta dans sa voiture.
Il trouva sans peine la rue en question, proche de l'église Saint-Eustache. Parcourut impatiemment les numéros... 135, 137, 139... 143, 145 !
Surpris, revenant sur ses pas, il fut bien forcé de constater qu'il n'y avait point de 141... ce numéro n'existait pas !
Envahi de désespoir, il questionna la concierge du 139, puis celle du 143.
L'une et l'autre lui répondirent qu'elles ne connaissaient personne, ni de nom ni de physique, semblable à la personne qu'il cherchait et qu'il n'y avait jamais eu de 141.
- C'est sans doute un oubli de la voirie, dit l'une, indifférente.
- Ou une façon de faire gagner du temps au facteur, gouailla l'autre.
Mais toutes deux reconnurent que, souvent, et avec la même impuissante tristesse, des gens venaient, comme lui, leur demander après des personnes habitant un soi-disant 141.
Quant à la jeune amoureuse repentante, on ne l'a jamais revue nulle part. Elle a complètement disparu.
