Henri Perruchot

Le rêve qui remue dans la tête de Seurat possède, lui, cette supériorité, ce principe incomparable de vitalité de transsuder de toutes les parties de l'être et d'en absorber la substance. Mais ce rêve a, en outre, un second avantage, non moindre, celui de s'accorder à une des réalités fondamentales de l'époque, une de ses forces les plus agissantes, la foi dans les pouvoirs de la science. Celle-ci s'impose partout. Non seulement on la croit en mesure " de dire définitivement à l'homme le mot de choses ", mais encore elle exerce son empire dans les activités qui lui sont étrangères. Lecteur attentif de Claude Bernard et de son Introduction à l'Etude de la Médecine expérimentale, Emile Zola, qui a récemment obtenu, avec L'Assomoir, son premier grand succès, se veut un romancier scientifique, un romancier "expérimental"; et Flaubert lui-même ne dit-il pas : "Plus l'art ra, plus il sera scientifique. La littérature prendra de plus en plus les allures de la science "? L'élan personnel de Seurat va dans le sens même de ce courant. Les prédestinées ont toujours rendez-vous avec leur temps.

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