Pour bien se rendre compte de l'évolution de la Bijouterie et de l'Orfèvrerie pendant le XIXe siècle, il est nécessaire de remonter un peu plus haut et d’examiner dans quel état la grande tourmente révolutionnaire avait laissé ces industries de luxe. Nous le ferons en toute impartialité et sans aucune préoccupation politique.
C’est en France que, pour la première fois, fut émise l'idée d’une Exposition universelle et internationale. Dès 1830, M. Boucher de Perthes en avait conçu le projet, qui s’imposa immédiatement à l’attention, provoquant dans la presse des polémiques qui témoignaient de l’intérêt que le public prenait à cette question. Cependant, malgré la faveur qu’obtint ce projet auprès de l’opinion, aucune résolution ne fut prise pour sa réalisation immédiate. Les principales objections qu’on pouvait opposer à son auteur tombèrent d’elles-mêmes après l’extension prise par les chemins de fer; et ce qui pouvait paraître chimérique en 1830 devint exécutable en 1849.
Les bijoutiers, pour qui la participation à l’Exposition avait été naturellement plus onéreuse, furent encouragés par des commandes, et l’un d’eux, Lemonnier, fut plus particulièrement l’objet de la faveur du Prince. G. Lemonnier, ancien employé de Bury, joaillier, rue Richelieu, 92, avait envoyé au Palais de Cristal un ensemble de riches bijoux, parmi lesquels figuraient deux importantes parures exécutées pour la Reine d'Espagne ; elles sont signalées par le rapporteur du jury comme montrant « un goût très sûr et très élevé dans la conception de l’ensemble ».
La vie industrielle et commerciale du pays reprit ; les salons se rouvrirent peu à peu. Certes, le temps des fêtes était loin, mais on était heureux de se retrouver après la tourmente, de savoir comment s’étaient passés les jours mauvais, de s’entretenir aussi des chances possibles de restauration impériale ou monarchique, blanche ou tricolore, d’échanger ses espérances alors très justifiées, ou de préparer les voies de l’avenir souhaité.