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Citation de enkidu_


La catastrophe se produit lorsque des esprits débiles ou inexpérimentés en philosophie confondent cette unité de l'être (wojûd, esse, εῖυαι, das Sein) avec une soi-disant unité de l'étant (mawjûd, ens, ὂν, das Seiende).

Il est même arrivé que des orientalistes soient pris au piège et aient parlé de « monisme existentiel », c'est-à-dire d'un monisme qui serait au niveau de l'étant ou existant, le niveau même du multiple, le niveau auquel le théomonisme fonde lui-même le pluralisme des êtres (des étants). C'est là donc ne pas s'apercevoir de la contradictio in adjecto.

C'est le péril qu'a dénoncé avec vigueur un des grands théologiens-philosophes de l’École d'Ispahan, au XVIIe siècle, Sayyed Ahmad 'Alavî Ispahânî, reprochant notamment à un certain nombre de soufis d'être tombés dans cette erreur. « Que personne ne vienne à penser, dit-il, que ce que professent les théosophes mystiques (les Mota'allihûn) est quelque chose de ce genre. Non pas, ils professent tous que l'affirmation de l'Un est au niveau de l'être, et l'affirmation du multiple est au niveau de l'étant. »

La confusion aboutit à professer une unité de l'étant ou existant, s'exprimant dans les pseudo-ésotérismes par les affirmations d'une identité illusoire, dont la répétition monotone provoque une exaspération compréhensible chez un collègue de notre Sayyed Ahmad, un autre grand personnage de l’École d'Ispahan au XVIIe siècle, Hosayn Tonkâbonî.

En tête de son traité sur l'unité de l'être il écrit ceci : « J'étais préoccupé par le souci d'écrire quelque chose sur l'unité de l'être, laquelle va de pair avec la multiplicité de ses épiphanies (tajalliyât) et les ramifications de ses descentes, sans que les existences concrètes soient des choses illusoires, sans consistance ni permanence, comme le voudraient les propos que l'on rapport de certains soufis. Car, entendue à la manière de ces soufis, l'affaire n'est plus rien d'autre qu'un sophisme. Il s'ensuivrait en effet que cieux et terre, paradis et enfer, jugement et résurrection, que tout cela ne serait rien que l'illusoire. La futilité de ces conclusions n'échappera à personne. »

Le théomonisme professe donc non pas que l'Être Divin est le seul étant, mais l'Un-être, et précisément cette unitude de l'être fonde et rend possible la multitude de ses épiphanies qui sont les étants ; le seul exister existencifie les existants multiples, car en dehors de l'être il n'y a que le néant.

Autrement dit, l'Un-être est la source de la multitude des théophanies. (pp. 15-16)
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